« Exodus: Gods and Kings » « déprogrammé » des salles de cinéma au Maroc
Le film de Ridley Scott avait pourtant reçu le visa d'exploitation
La fresque biblique grandiose de Ridley Scott « Exodus: Gods and Kings », sur la fuite hors d’Egypte de Moïse, a été « déprogrammée » à la dernière minute des salles de cinéma du Maroc, ont rapporté jeudi plusieurs exploitants de salles à la presse.
Mercredi, jour de la sortie au Maroc de ce péplum, les exploitants de salles de cinéma à Rabat et Casablanca ont reçu un ordre « oral » ou la visite de « délégations du Centre cinématographique marocain (CCM) », pour « déprogrammer » le film, selon le site d’informations medias24.
« On m’a appelé pour me menacer de fermeture si jamais je ne déprogrammais pas ce film », a expliqué à la même source l’exploitant du cinéma Rif à Casablanca, Hassan Belkady.
Selon la direction du cinéma « La Renaissance » à Rabat, citée par le site du magazine TelQuel, « l’interdiction » du film est « effective sur tout le territoire marocain ». Une information que confirme un message posté sur les réseaux sociaux par le cinéma Imax à Casablanca qui explique que « l’annulation de la diffusion » est valable sur « le territoire marocain ».
Sollicité par l’AFP, le directeur du CCM, Sarim Fassi-Fihri, n’a pas souhaité s’exprimer sur les raisons justifiant cette déprogrammation, expliquant qu’il s’agit d’une décision de la « commission de contrôle » des films, qui a préféré « saisir le distributeur de sa décision plutôt que de communiquer ».
« Exodus: Gods and Kings » avait pourtant dans un premier temps reçu le « visa d’exploitation », délivré par le CCM, signifiant un feu vert pour sa diffusion en salles, selon medias 24.
Une des raisons à l’origine de cette interdiction pourrait être la polémique suscitée dans le monde arabe par la production américaine, qui remet en cause « le miracle de Moïse, qui a séparé la mer en deux avec un bâton », selon le site du quotidien Akhbar al-Yaoum.
La fresque de Ridley Scott a d’ailleurs été interdite de diffusion en Egypte, à cause « d’imprécisions historiques et religieuses », selon le site égyptien youm7.
« Exodus: Gods and Kings » avait suscité une polémique sur les réseaux sociaux aux États-Unis, mais pour une toute autre raison : la prédominance d’acteurs blancs pour camper le rôle de Moïse et du pharaon, tandis que les acteurs noirs interprétaient essentiellement les rôles d’esclaves et de voleurs.
Le péplum biblique en 3D a cumulé 38,9 millions de dollars en deux semaines aux États-Unis, selon la société spécialisée Exhibitor Relations.
Cette œuvre colossale a coûté la bagatelle de 140 millions de dollars.
Au Maroc, les salles de cinéma sont menacées de fermeture à cause de la raréfaction des spectateurs et du piratage des œuvres cinématographiques.
Le pays est en revanche une terre d’accueil pour le tournage de productions cinématographiques étrangères, dont « Kingdom of Heaven » de Ridley Scott, un habitué des tournages au Maroc.