Expulsion du terroriste Salah Hamouri par Israël : l’ONU examine les responsabilités
Le HCDH a qualifié l'expulsion de "crime de guerre" et une commission estime qu'il s'agit d'"une grave violation du droit international humanitaire international"
Des enquêteurs onusiens vont examiner la responsabilité pénale de ceux, y compris la compagnie israélienne El Al, impliqués dans l’expulsion fin 2022 du terroriste franco-palestinien Salah Hamouri, qualifiée de « crime de guerre » par l’ONU.
Hamouri avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shass, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Soupçonné par Israël de liens – ce qu’il nie – avec le groupe terroriste Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l’Etat hébreu et l’Union européenne, Salah Hamouri, 38 ans, vit en France depuis son expulsion d’Israël en décembre, jugée « contraire au droit » par Paris.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a qualifié cette expulsion de « crime de guerre » mais une commission de l’ONU inédite créée en 2021 pour enquêter sur les causes profondes du conflit israélo-palestinien s’est penchée plus longuement sur le sujet.
Dans un rapport publié jeudi, elle confirme qu’il s’agit d’ « une grave violation du droit international humanitaire international ».
« Il ne fait aucun doute que la révocation du permis de résidence de Salah Hamouri à Jérusalem-Est, fondée sur un prétendu ‘défaut d’allégeance’ à l’Etat d’Israël, constitue un crime de guerre », a indiqué dans un communiqué Chris Sidoti, membre de la commission.
La commission entend examiner « la responsabilité pénale de toutes les personnes impliquées » dans son expulsion et a commencé à établir une « liste » de ceux qui pourraient être tenus pénalement responsables.
« Nous avons conservé des informations sur les personnes qui portent la responsabilité de ce qui pourrait s’apparenter au crime de guerre que constitue l’expulsion illégale, y compris des tiers tels que les compagnies aériennes et leur personnel ayant participé à l’expulsion », a expliqué M. Sidoti.
Le rapport pointe en particulier la compagnie nationale aérienne El Al.
Devenu avocat, il travaillait pour l’ONG Addammeer qui défend les prisonniers palestiniens. Cette ONG, entre autres, a été placée sur la liste israélienne des organisations terroristes.
A cet égard, la commission de l’ONU accuse plus largement le gouvernement israélien de réduire de plus en plus l’espace civique en utilisant une « stratégie de délégitimation et de réduction au silence de la société civile ». Cette stratégie, estime le rapport, consiste notamment à criminaliser les organisations de la société civile palestinienne et leurs membres en les qualifiant de « terroristes ».
Depuis son arrivée sur le sol français, accueilli en héros à l’aéroport, plusieurs événements ont été annulés par les autorités.