Israël en guerre - Jour 489

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Fatah : Le Hamas utilise Gaza pour marquer des points politiques

Le parti au pouvoir de l'Autorité palestinienne prévoit des rassemblements en Cisjordanie pour tenter de détourner les projecteurs de son rival

Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Des manifestants palestiniens brûlent des pneus lors d'affrontements avec les forces de sécurité israéliennes à la frontière entre Gaza et Israël, à l'est de la ville de Gaza, le 6 avril 2018. (AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)
Des manifestants palestiniens brûlent des pneus lors d'affrontements avec les forces de sécurité israéliennes à la frontière entre Gaza et Israël, à l'est de la ville de Gaza, le 6 avril 2018. (AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

Les leaders de la faction du Fatah, en Cisjordanie, s’inquiètent de ce que les manifestations massives le long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël soient utilisées par le Hamas pour engranger des gains politiques et renforcer la popularité du groupe terroriste au sein de l’opinion publique palestinienne.

Les dirigeants du Fatah sont particulièrement dérangés par le fait que les manifestations ont jusqu’à présent drainé une importante participation.

Ils sont également inquiets de la couverture médiatique massive dont le Hamas et ses leaders ont bénéficié depuis le début du mouvement de protestation, organisé dans le cadre d’une campagne de six semaines intitulée « la marche du retour ».

Dans une initiative visant à démontrer que le Fatah est lui aussi capable de mobiliser les masses, la faction a lancé une série de rassemblements en Cisjordanie en soutien au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Toutefois, un tel rassemblement, qui a eu lieu mardi dans la ville de Salfit, dans la banlieue de Naplouse, n’a attiré qu’un nombre réduit de loyalistes au Fatah.

Ces manifestations, dit le Fatah, sont organisées pour exprimer le soutien à Abbas « face aux assauts féroces dont l’objectif est de liquider la cause palestinienne et en réponse aux pressions américaines et internationales qu’il est amené à affronter ».

C’est une référence au plan de paix au Moyen-Orient du président américain Donald Trump, que les Palestiniens ont rejeté, affirmant qu’il s’agit d’une « conspiration visant à liquider la cause palestinienne et les droits nationaux ».

Le Fatah planifie davantage de rassemblements pro-Abbas en Cisjordanie dans les jours à venir pour s’efforcer d’attirer les projecteurs et de détourner l’attention des manifestations soutenues par le Hamas dans la bande de Gaza.

A la fin de la semaine, le Fatah prévoit également des manifestations en solidarité avec son chef emprisonné, Marwan Barghouthi, et tous les prisonniers et détenus palestiniens incarcérés en Israël.

Marwan Barghouti (Crédit : Flash90)

L’objectif poursuivi par ces rassemblements pro-Abbas est de montrer que le Fatah est lui aussi capable de faire descendre les Palestiniens dans les rues et sur les principales places publiques.

Au cours des derniers jours, les leaders et les porte-paroles du Fatah ont fait un effort minutieux pour faire passer le message que les mouvements de protestation, au sein de l’enclave côtière, ne sont pas orchestrés par le Hamas mais qu’ils entrent dans le cadre d’un soulèvement populaire apolitique des Palestiniens qui y vivent.

Le Fatah fait également de gros efforts pour expliquer au public palestinien comme au reste du monde que l’idée d’un soulèvement non-violent et populaire est la sienne. Le Fatah n’apprécie guère l’idée que le Hamas cherche actuellement à donner l’impression qu’il a trouvé une nouvelle forme de « résistance » contre Israël – une résistance basée sur l’idée de manifestations pacifiques et non-violentes.

« Ces importantes masses qui se soulèvent contre l’occupation israélienne n’agissent pas sur les ordres de qui que ce soit », a commenté Atef Abu Seif, un porte-parole du Fatah. « Personne n’a le droit de détourner la volonté du peuple en faisant croire qu’il agit sous d’éventuels commandements ».

Abu Seif a accusé le Hamas d’exploiter « la marche du retour » pour engranger des bénéfices politiques. Le Hamas, a-t-il ajouté, profite des manifestations pour servir ses propres intérêts et ses propres causes.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est assis devant une photo du dôme du Rocher dans la Vieille Ville de Jérusalem lors d’une réunion des dirigeants palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 19 mars 2018. (FLASH90)

L’objectif de la « marche du retour n’est pas de marquer des points politiques, mais de réaliser le droit au retour », a dit le porte-parole du Fatah, se référant à la demande que des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens et leurs millions de descendants soient autorisés à retourner dans leurs maisons en Israël – une demande que l’AP a soumise lors de négociations avec Israël et qui, si elle était acceptée, marquerait la fin d’Israël en tant qu’Etat à majorité démographique juive.

Se référant à la tentative du Hamas de détourner l’idée de mouvements pacifiques de protestations, Abu Seif a expliqué : « Nous, au Fatah, avons eu l’honneur de lancer la résistance populaire. Le président Abbas, qui a établi la résistance populaire en tant qu’outil de combat depuis son élection au mois de janvier 2005], a été critiqué par ceux qui aujourd’hui prônent avec emphase la résistance populaire ».

Abu Seif a indiqué que le Fatah était néanmoins heureux de constater que les Palestiniens ont accepté la stratégie d’Abbas de manifestations non-violentes.

« Ceux qui tentent d’exploiter ce qu’il se passe sur le terrain pour servir leurs propres intérêts commettent un crime contre le peuple palestinien et ses sacrifices », a-t-il ajouté, se référant aux tentatives du Hamas de détourner et de contrôler « la marche du retour ».

Les leaders du Hamas, a-t-il dit, tentent de transformer les mouvements de protestation en combats menés par leur groupe. « La vérité, c’est qu’il s’agit d’une résistance populaire pacifique menée par notre population dans le cadre d’un processus de résistance populaire qui avait été initié à l’origine par le Hamas », a dit Abu Seif.

Un manifestant palestinien brandit le drapeau national durant des affrontements avec les forces de sécurité israéliennes sur la frontière entre Israël et Gaza, à l’est de Gaza City, le 6 avril 2018 (Crédit : AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

Les manifestations sont néanmoins loin d’être pacifiques. L’armée israélienne explique que les manifestants ont brûlé des pneus et jeté des bombes, des cocktails Molotov, et des pierres en direction des soldats. Il y a eu plusieurs tentatives d’ouvrir des brèches à la frontière. Les soldats ont répondu à l’aide de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et, dans certains cas, de balles réelles. Les Palestiniens disent que 30 manifestants ont été tués par les troupes israéliennes durant les affrontements frontaliers.

Les responsables en Cisjordanie ont raillé mardi l’utilisation par le Hamas de photos et de citations de Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela dans le cadre de la campagne de propagande de « la marche du retour ».

Lundi, le chef du Hamas, Ismail Haniyeh avait prononcé un discours devant un panneau orné de photos de ces icônes du pacifisme, avec des citations célèbres issues de leur marche vers la liberté.

Des manifestants palestiniens brûlent des pneus lors d’affrontements avec les forces de sécurité israéliennes à la frontière entre Gaza et Israël, à l’est de la ville de Gaza, le 6 avril 2018 (AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

Yusef Al Mahmoud, porte-parole du gouvernement de l’AP à Ramallah, a indiqué que l’utilisation de ces images et de ces citations avaient pour objectif de couvrir les crimes du groupe terroriste.

Il a ajouté que le Hamas continuait à saboter les efforts de « réconciliation nationale » et qu’il émettait toujours des « déclarations hostiles » à l’encontre du Fatah et du gouvernement de l’AP.

Le secrétaire général de l’OLP, Saeb Erekat, a estimé dans un article publié sur le site internet palestinien Al Watan Voice que si Gandhi, King et Nelson étaient encore en vie, ils seraient « stupéfiés » par le discours de Haniyeh.

Erekat évoquait les propos de Haniyeh sur le « pacifisme » des manifestations et les critiques émises par les responsables de l’AP d’imposer de nouvelles sanctions sur la bande de Gaza.

« Si Gandhi, King et Mandela devaient revenir d’entre les morts, ils demanderaient à Haniyeh : Ne savez-vous pas que nous avons consacré notre vie à nous battre pour unifier notre peuple, et non à les diviser pour des raisons de faction ? », a-t-il écrit.

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