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Fin de la grève de la faim des détenus palestiniens

Après des semaines de tensions crées par les dispositifs de brouillage du Service des prisons, les Palestiniens pourront accéder à des téléphones publics

Des détenus sécuritaires palestiniens dans la prison d'Ofer au nord de Jérusalem, le 20 août 2008. (Moshe Shai/Flash90)
Des détenus sécuritaires palestiniens dans la prison d'Ofer au nord de Jérusalem, le 20 août 2008. (Moshe Shai/Flash90)

Des prisonniers palestiniens appartenant au groupe terroriste du Hamas et détenus dans les prisons israéliennes ont mis fin lundi à la grève de la faim qu’ils observaient depuis une semaine après que les responsables israéliens ont accepté d’installer des téléphones publics dans les centres d’incarcération.

Ils ont estimé que leurs revendications principales avaient été satisfaites.

« Un accord de principe a été trouvé entre les prisonniers et les administrateurs des prisons de l’occupation concernant leurs revendications », a annoncé lundi le Club des prisonniers palestiniens sur sa page Facebook.

Selon des représentants des détenus qui se sont entretenus avec les médias israéliens, cette grève de la faim, lancée par environ 150 prisonniers du Hamas en date du 8 avril, se serait officiellement achevée après qu’Israël a accepté l’installation de téléphones publics dans les 44 unités pénitentiaires dans lesquelles les prisonniers sécuritaires sont détenus.

L’Etat juif aurait également accepté que les prisonniers puissent téléphoner régulièrement à leurs familles, sous supervision des personnels pénitentiaires.

Citant les responsables israéliens, la Douzième chaîne a noté lundi que l’accord n’autorisait que les appels passés à des parents au premier degré et que les détenus ont accepté que ces conversations téléphoniques soient écoutées par des responsables de la sécurité.

Entamée le 8 avril, la grève était suivie dans plusieurs prisons du pays par « environ 400 prisonniers » qui réclamaient l’amélioration de leurs conditions de détention. Les grévistes protestaient en outre contre l’installation de brouilleurs de signaux pour téléphones portables dans certaines prisons.

Le service des prisons israéliens avait indiqué qu’environ 300 téléphones de contrebande, certains contenant des messages permettant aux cellules terroristes de communiquer, étaient entrés clandestinement dans les centres de détention ces derniers mois.

Ces téléphones avaient été utilisés pour coordonner des attentats terroristes et ils auraient été impliqués dans au moins 14 tentatives de coordination d’attaques depuis les centres d’incarcération israéliens, avait noté le service.

Les prisonniers demandaient aussi l’annulation des interdictions de visites pour des centaines de détenus, ainsi que la fin du recours à l’isolement.

Des prisonniers palestiniens dans leur cellule avant leur libération de la prison de Ketziot, dans le sud d’Israël, le 1er octobre 2007. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

Mais les leaders des prisonniers ont affirmé que les téléphones étaient principalement utilisés pour maintenir le contact avec les familles.

Les responsables israéliens n’avaient pas réagi de prime abord face à cette grève de la faim – probablement en raison de sa proximité avec le scrutin du 9 avril.

Selon Wafa, Qadri Abu Bakr, président de la Commission des affaires des prisonniers, aurait déclaré la semaine dernière que les officiels du service des prisons israéliennes semblaient subir des pressions politiques afin que les négociations soient reportées au lendemain des élections.

Les informations sur l’accord restent floues. Certaines sources palestiniennes ont confié au quotidien Haaretz qu’Israël avait accepté d’enlever les dispositifs de brouillage dans les prisons où les téléphones cellulaires entrés clandestinement avaient été restitués aux personnels.

Selon des sources israéliennes qui se sont exprimées auprès d’autres médias, les brouilleurs n’ont pas été supprimés – le trafic de téléphones ne pouvant pas être exclu à l’avenir – mais des téléphones publics ont été en effet installés.

En échange de l’installation de ces téléphones, les prisonniers auraient accepté de rendre tous les téléphones trafiqués, ont précisé les informations.

Quand la grève avait commencé, les détenus avaient demandé à pouvoir de nouveau bénéficier des visites de leurs familles venues de la bande de Gaza, placée sous le contrôle du Hamas. Si l’Etat juif a souscrit à cette requête dans le cadre du nouvel accord reste indéterminé.

Un autobus devant la prison de Ketziot, le 3 août 2009. Illustration. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)

La grève de la faim avait débuté dans les prisons de Ketziot et de Rimon après l’échec de négociations visant à l’éviter.

La commission des Affaires des prisonniers avait déclaré dans un communiqué la semaine dernière que d’autres groupes de détenus, dans d’autres établissements pénitentiaires, rejoindraient les grévistes « dans les prochains jours », avait fait savoir l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, Wafa.

Cette crise au sujet des conditions d’incarcération avait récemment attisé des violences – avec notamment des émeutes – au sein de la prison de Ketziot qui, selon le club des prisonniers palestiniens, avaient fait 120 blessés du côté des détenus dans des altercations survenues au mois de février et au mois de mars.

Le mois dernier et à deux occasions, des prisonniers du Hamas avaient violemment attaqué des gardes de la prison de Ketziot. L’un des gardiens avait été grièvement blessé à la nuque par une arme blanche, le 3 mars. Lors du deuxième incident, les détenus avaient utilisé des bouts de ferraille pour poignarder les gardiens lors d’une opération de transfert de cellules, ce qui avait entraîné une émeute.

Des soldats israéliens évacuent un gardien blessé des Services pénitentiaires d’Israël vers l’hôpital Soroka de Beer Sheva, le 24 mars 2019. (Crédit : Meir Even Haim/Flash90 )

Le club des prisonniers avait indiqué que les services israéliens avaient répondu à ces incidents en plaçant plusieurs détenus impliqués dans les échauffourées qui avaient suivi ces attaques à l’isolement, « dans des conditions très dures », en leur ôtant leurs effets personnels et en annulant le droit de visite des familles et toute interaction avec les autres prisonniers.

Selon le service israélien des prisons, 11 détenus avaient été blessés et hospitalisés à l’issue de l’émeute violente du 3 mars. Sept d’entre eux avaient été héliportés par l’armée vers des hôpitaux, avait noté à ce moment-là le quotidien Haaretz.

Fin février, les prisonniers du Hamas détenus à Ramon avaient mis le feu à 14 lits, allumant un incendie dans une aile entière du bâtiment. Le sinistre avait été rapidement maîtrisé et n’avait pas fait de blessés. Lors de cet incident, là aussi, les prisonniers protestaient contre les restrictions appliquées aux téléphones portables.

Israël s’est inquiété de ce qu’une grève de la faim majeure ne contribue à augmenter les tensions militaires avec le groupe terroriste du Hamas, le long de la frontière avec Gaza, à une période où les négociateurs égyptiens tentaient de conclure un cessez-le-feu à long terme entre les deux parties.

Les revendications des prisonniers étaient soutenues par les principales factions politiques palestiniennes parmi lesquelles le groupe terroriste islamiste du Hamas.

La dernière grande grève de la faim de détenus palestiniens dans des prisons israéliennes a eu lieu en avril 2017. Quelques 800 prisonniers avaient refusé de s’alimenter. Cet événement avait attiré l’attention des médias sur les conditions de détention des prisonniers palestiniens. Un scénario dont Israël veut éviter la répétition.

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