France : le caractère antisémite d’une profanation de cimetière juif bientôt reconnu ?
La Maison des potes renouvelle sa demande de se constituer partie civile dans l’affaire de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union
Presque neuf ans après les faits, l’affaire de la profanation du cimetière juif de de Sarre-Union (Alsace) sur le point d’être rouvert ? En 2015, deux cents cinquantes tombes sont profanées.
Deux ans plus tard, les auteurs du délit, cinq mineurs, sont condamnés à des peines allant de huit à dix-huit mois de prison. Aujourd’hui, l’association antiraciste, La Maison des potes, souhaite la réouverture du procès pour faire reconnaitre le caractère antisémite de la profanation.
Le 8 juillet, elle plaide devant la Cour d’appel de Metz pour se constituer partie civile. Une demande déjà déposée en 2017 et rejetée en première instance. Une nouvelle procédure permise après le pourvoi en cassation de la Maison des potes. Les hauts juges avaient statué en faveur de l’association. Dans un arrêt rendu le 4 avril 2023, la Cour de cassation avait considéré qu’elle avait bel et bien intérêt à agir et était en conséquence légitime à se constituer partie civile.
Depuis, la loi pénale française a même évolué dans ce sens puisque le code de procédure pénal prévoit maintenant des conditions assouplies pour que les associations de lutte contre le racisme puissent se constituer partie civile.
“Si nous pouvons nous constituer, cela affirmera le caractère antisémite des actes, qui n’avait pas été retenu par le procureur en 2017 comme une circonstance aggravante. Dans un second temps, les dommages et intérêts devraient être plus élevés. C’est le moyen symbolique qu’a la justice de réparer. En gros, profaner une tombe est grave dans tous les cas, mais c’est encore plus grave lorsque la personne est juive. Car ça a pour but d’effrayer la communauté,” explique Samuel Thomas président de la Maisons des potes à Rue89 Strasbourg.
En juillet, le média Blast a réalisé une enquête sur le profil des auteurs de la profanation. Selon le média, ces derniers seraient des néo-nazis, proches du Front national, aujourd’hui rebaptisé Rassemblement national, auteur de saluts nazis et de chants antisémites.
Cité par Blast, Samuel Thomas regrette que les juges ne se soient pas : “intéressés à l’environnement familial des notables du coin, proches du Front national. Ainsi, l’un des jeunes est le neveu d’un des chefs de file du Front national local, Jean-Luc Laroche. Un autre a fait un stage dans le garage du même Jean-Luc Laroche. Malgré mes demandes, l’enquête ne s’est jamais intéressée à ceux qui auraient pu endoctriner ces gamins. On voit que Jean-Luc Laroche poste très fièrement de nombreuses photos de son fils avec des personnalités du Front national, comme Jean-Marie Le Pen ou Steeve Briois, et qu’il est aussi très proche de son neveu, qui fait partie des profanateurs.”