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France : Quand l’UOIF multiplie les gages de citoyenneté

La vitrine des Frères musulmans éprouve le besoin de condamner les attentats 3 mois après

Capture d’écran 2014 Dalil Boubaker (Crédit : YouTube)
Capture d’écran 2014 Dalil Boubaker (Crédit : YouTube)

Représentants de l’islam de France et fidèles se sont montrés soucieux de condamner les attentats djihadistes, trois mois après Charlie Hebdo, mais réclament aussi plus de « considération », lors du plus grand rassemblement musulman du monde occidental, en banlieue parisienne.

Quelque 50 000 visiteurs étaient attendus ce week-end au Bourget à ce rassemblement annuel organisé par l’Union des organisations islamistes de France (UOIF), vitrine française des Frères musulmans.

Ce rendez-vous attire, dans la première communauté musulmane d’Europe (environ 5 millions de membres), des participants de sensibilités très diverses, des profils les plus institutionnels voire laïques aux ultra-conservateurs proches des salafistes.

« Nous dénonçons le terrorisme, nous dénonçons la barbarie en tant que citoyens musulmans », a déclaré Amar Lasfar, président de l’UOIF.

L’UOIF multiplie les gages de citoyenneté depuis les attentats djihadistes de janvier à Paris (17 morts) alors que le Premier ministre Manuel Valls dit vouloir « combattre » le « discours » de cette organisation tenante d’un islam conservateur.

« Nous sommes loyaux vis-à-vis de notre pays qui est la France. Nous aimons Dieu, nous aimons notre prophète, mais nous aimons aussi la République française », a insisté M. Lasfar.

« Les musulmans sont souvent accusés d’avoir insuffisamment dénoncé la violence et le terrorisme, comme s’ils en étaient directement les responsables, et c’est faux », a abondé le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, dont l’intervention se voulait un message d’unité de la communauté musulmane, souvent fragmentée.

Dans le même temps, il a souligné que « l’islam n’est plus un islam d’immigration ». « C’est un islam national qui a droit au même titre que les autres communautés en France à la reconnaissance et à la considération de la population française », a-t-il martelé.

Sujets qui fâchent

Au-delà des déclarations consensuelles, les multiples conférences et interventions au programme du congrès (« Y a-t-il un problème d’islam en France », « la radicalisation, sources, symptômes et désamorçage »…) ne négligeaient pas les sujets qui fâchent.

« Les musulmans revendiquent leurs droits, tous leurs droits, rien que leurs droits », a plaidé M. Lasfar. Y compris « le droit dans des circonstances particulières de pouvoir choisir ».

« Le petit musulman (…) a le droit d’avoir un plat de substitution (à la cantine, ndlr), nous avons aussi le droit (…) à ce que les maires ne s’opposent pas à la construction de mosquées », a-t-il détaillé.

Dans les travées du rassemblement, les fidèles condamnent aussi la violence, et réfléchissent à l’origine de la radicalisation, la laïcité ou l’islamophobie.

« On est d’accord, il faut faire un nettoyage, il faut balayer devant notre porte et prendre en charge ces personnes qui ont une lecture erronée » des textes de l’islam, pense Nadia Tira, une infirmière de Reims (est).

Mais pour elle, la société française doit aussi lutter contre la montée des actes islamophobes qui ont explosé depuis les attentats parisiens.

Pour le seul mois de janvier, 167 actes « antimusulmans » ont été comptabilisés contre 14 un an plus tôt, selon l’Observatoire national contre l’islamophobie. Jeudi, quatre lycéens ont été inculpés pour avoir projeté une « action » contre une mosquée de Montélimar (sud-est).

Beaucoup, comme l’UOIF, dénoncent aussi le « laïcisme », une laïcité qui serait déformée et dirigée contre les musulmans, et nourrirait le rejet, et in fine l’extrémisme.

« Il y a des créneaux de piscine pour les nudistes, alors pourquoi n’est-on pas capables d’en créer pour d’autres populations », avec des créneaux non-mixtes, n’hésite pas à affirmer Ahmed Elmcherfi, qui y voit une discrimination contre les musulmans.

Mais pour l’avocat Hakim Chergui, les discriminations que subissent les musulmans n’expliquent pas tout. Il est trop simple de dire que « ce n’est pas dans les mosquées qu’on se radicalise », estime cet avocat, qui défend des suspects de terrorisme.

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