Gadi Eisenkot nommé 21e chef d’état-major de Tsahal
Yaalon confirme la nomination ; l’ancien chef du Commandement Nord Yair Golan devient son adjoint
Le maj. gén. Gadi Eisenkot a été officiellement nommé samedi soir 21e chef d’état-major de Tsahal.
L’annonce a été faite par le ministre de la Défense Moshe Yaalon. La nomination sera présentée au cabinet dimanche, et soumise à l’approbation formelle de la Commission Turkel, qui a déjà donné son aval à Eisenkot pour son poste actuel de chef d’état-major adjoint.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui a souhaité « de réussir au nom des citoyens israéliens ». Et d’ajouter qu’il a été « choisi parmi un groupe exceptionnel de généraux pour diriger Tsahal face aux défis sécuritaires complexes auxquels Israël est confronté ».
Le chef de l’opposition Isaac Herzog (travailliste) a salué la nomination, qualifiant Eisenkot de « brillant officier… qui n’a pas peur d’exprimer son opinion ».
Fantassin de la Brigade Golani qui s’est distingué pendant la seconde guerre du Liban pour avoir sainement interprété la situation, Eisenkot a été informé que Netanyahu lui offrait le poste vendredi matin. Il doit entrer en fonction le 15 février, succédant à Benny Gantz.
L’adjoint d’Eisenkot sera Yair Golan, le général qui dirigeait le commandement Nord, a annoncé Yaalon.
Eisenkot – qui en 2011 a insisté pour que le plus haut grade de l’armée soit accordé à son prédécesseur, Gantz – entre en fonction tandis qu’Israël est aux prises avec une nouvelle vague de terrorisme palestinien, dont cinq Israéliens récemment assassinés dans une synagogue à Jérusalem, et connaît des tensions à ses frontières et à travers la région.
Selon un reportage télévisé diffusé vendredi soir, Eisenkot s’oppose fermement à une intervention de l’armée israélienne pour contrecarrer le programme nucléaire iranien, tant que l’Iran ne pose pas de menace existentielle immédiate à l’Etat juif.
Israël ne doit pas frapper l’Iran « à moins d’avoir l’épée à la gorge », a rapporté la Dixième chaîne. Le Premier ministre a retardé la nomination d’Eisenkot ces deux dernières semaines, en partie parce qu’il envisageait un candidat aux vues moins similaires à celles de Gantz.
Netanyahu accuse en partie Gantz du fait qu’Israël a émergé « les poings liés » de la guerre de 50 jours de l’été avec le Hamas. Le Premier ministre cherchait un successeur « avec un couteau entre les dents ».
Eisenkot, 54 ans, a dirigé des opérations de l’état-major et du commandement Nord, et a servi ces quatre dernières années comme chef d’état-major adjoint, un poste clé sur la route du plus haut grade.
En 2010, il était l’un des rares officiers qui a vu le « document Harpaz » – un document qui semblait destiné à ternir le chef d’état-major de l’époque, Gabi Ashkenazi, mais a en réalité été écrit par Boaz Harpaz, affilié à Ashkenazi et à sa femme, Ronit.
Eisenkot, qui était en possession du document et n’a pas alerté les autorités judiciaires, a été autorisé en 2011 par le procureur général Yehuda Weinstein à servir comme chef d’état-major adjoint.
Eisenkot, fils d’un mineur de cuivre, est né à Tibériade et a grandi à Eilat. Il a rencontré sa femme, Hannah, à un club de voile de la ville portuaire lorsque les deux étaient au lycée, et il sont aujourd’hui parents de cinq enfants.
En novembre 1978, il s’enrôle dans le 51e Bataillon de la Brigade Golani, où il reçoit le commandement d’un peloton. Néanmoins, il ne s’est jamais vu comme un militaire de carrière. « Chaque année, je pensais arrêter, mais je signais pour une année de plus et j’ai finalement passé 33 ans en uniforme », avait-il confié au journal local d’Eilat Erev Erev en 2011.
Après avoir servi comme commandant de compagnie au cours de la guerre du Liban et gravi des échelons, il a été nommé commandant de la Brigade Golani en 1997, succédant au légendaire Erez Gerstein, qui est tombé par la suite au Liban.
Contrairement à certains de ses prédécesseurs, il n’a jamais servi dans une unité spéciale et n’a reçu aucune médaille de bravoure. Au fil des années, cependant, il s’est fait une réputation d’officier et de commandant de sang-froid, juste et perspicace.
Au premier jour de la deuxième guerre du Liban en 2006, lorsqu’Israël avait perdu huit soldats, dont deux enlevés au Liban, Eisenkot était l’une des seules personnes dans la pièce de l’état-major à garder son calme. « Nous ne pouvons pas entrer de front dans une bataille mus par la colère », a-t-il dit, selon le livre de Yoav Limor et Ofer Shelach Captifs au Liban.
Le chef d’état-major de l’époque, le lieutenant général Dan Halutz, a exprimé son désaccord. Il voulait réagir « et tout de suite ». Les deux, en fait, étaient en conflit pendant une grande partie de la guerre de 34 jours. Eisenkot, alors à la tête des opérations militaires, voulait appeler d’emblée les réservistes et s’est insurgé contre la décision d’une opération offensive au dernier week-end de la guerre.
Pourtant, lui et Halutz sont restés proches et quand le ministre de la Défense d’alors Amir Peretz s’est séparé de Halutz après la guerre et l’a remercié d’avoir permis aux officiers de s’exprimer, Halutz aurait dit : « Quels officiers ? Un seul officier. »
Il faisait allusion à Eisenkot.
En 2011, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui avait choisi Eisenkot comme attaché militaire quand il était Premier ministre en 1999, voulait le nommer au plus haut poste de l’armée une fois que son premier choix, maj. gen. Yoav Galant, a été rejeté par le procureur général. « Je sens que je suis mûr et prêt à être chef d’état-major, mais le bon choix pour Tsahal et l’Etat d’Israël aujourd’hui est Gantz », a déclaré Eisenkot, apparemment en raison de l’ancienneté de Gantz, selon le journal Maariv.
Quatre ans plus tard, Yaalon a décidé qu’Eisenkot était le bon choix pour l’Etat.
Il devra affronter une situation d’incertitude constante et de friction fréquente aux frontières d’Israël, avec des groupes radicaux islamistes sunnites retranchés dans les hauteurs du Golan syrien et dans la péninsule du Sinaï, l’Etat islamique en progression en Syrie et en Irak, et le Hamas toujours fermement au pouvoir à Gaza après la guerre de 50 jours cet été.
Le Hezbollah libanais aussi semble adopter une attitude plus offensive vis-à-vis d’Israël, et l’Iran, après des années de manœuvres prudentes, est dangereusement en passe de se doter d’une arme nucléaire.
Israël est également confronté à une escalade de la violence palestinienne, avec une série d’attaques terroristes à Jérusalem qui font parler d’une troisième Intifada, et des tensions entourant le mont du Temple.
Au fil des ans, Eisenkot a pris soin d’éviter d’exprimer sa position sur les affaires politiques ou sur l’impérieuse nécessité, le cas échéant, d’une frappe militaire sur l’infrastructure nucléaire iranienne.
Lorsque le Yedioth Aharonoth lui a demandé en 2011 s’il sentait qu’Israël pouvait continuer de prospérer dans les frontières de 1967, il a répondu qu’un militaire ne devait pas parler politique et que le travail de l’armée était tout simplement, « de procurer à l’échelon politique le calme et la capacité de prendre des décisions à partir d’une position de force ».