Gafni: les étudiants de yeshiva iront à l’armée si ‘les autres’ étudient la Torah
L’élu haredi appelle à la création d'un "corps d'étudiants en Torah", citant un précédent biblique ; Yahadout HaTorah demande des exemptions généralisées du service militaire
Un législateur ultra-orthodoxe a déclaré jeudi qu’Israël devrait accorder la même importance à l’étude de la Torah qu’à la défense, devenant ainsi la dernière personnalité politique à recommander l’adoption de lois basées sur les règles bibliques au sein du futur gouvernement qui devrait être formé.
Moshe Gafni, de Yahadout HaTorah, qui fait actuellement pression pour que soit adoptée une loi officialisant une exemption générale du service militaire obligatoire pour les étudiants à plein temps de la yeshiva, a déclaré que les étudiants de la yeshiva pourraient servir dans l’armée, mais seulement s’ils étaient remplacés dans les établissements religieux par ceux qui, autrement, iraient à l’armée.
« Il ne peut y avoir d’État juif sans corps d’étudiants en Torah », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Tel Aviv.
« À l’époque des guerres sanglantes sous le règne du roi David, le prophète est venu le voir et lui a dit : ‘La moitié du peuple étudiera la Torah et l’autre moitié servira dans l’armée, et ils intervertiront les rôles’ « , a ajouté Gafni.
Le député à la Knesset de Yahadout HaTorah a proposé d’adopter un arrangement similaire pour l’Israël d’aujourd’hui.
« Les étudiants de la yeshiva de Ponevezh iront à l’armée, pour des rôles de combattants, et en même temps ils feront venir des lycéens pour étudier la Torah », a-t-il dit, faisant référence à une prestigieuse yeshiva haredi dans sa ville natale de Bnei Brak.
Gafni a ajouté que chacun « fait ce qu’il peut pour servir son pays, pour servir son peuple ».
Il a également affirmé qu’il était impossible de concilier service militaire et études universitaires.
« Notre peuple, qui a subi la Shoah, les catastrophes, l’Inquisition et les Croisades, est finalement retourné sur sa terre parce qu’il y a toujours eu des étudiants de la Torah », a-t-il déclaré.
Le vice-ministre de la Défense sortant a critiqué les remarques de Gafni.
« Ces propos mèneront à la fin de l’armée du peuple et à l’anarchie. Au lieu de cette formulation qui divise, je suggère une formulation qui unifie : tout le monde étudie et tout le monde sert », a déclaré Alon Schuster à la radio 103 FM.
Les remarques de Gafni sont intervenues après que le chef de HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, qui devrait devenir ministre des Finances, a déclaré à un magazine qu’il prévoyait de mettre en œuvre des politiques fiduciaires basées sur la Bible.
« Ils ont essayé de nombreux systèmes économiques différents, n’est-ce pas ? Ils ont essayé le capitalisme, le néo-socialisme, mais il y a une chose qu’ils n’ont pas essayée – une approche économique appelée ‘Si vous obéissez fidèlement' », a déclaré Smotrich à l’hebdomadaire ultra-orthodoxe Mishpacha, citant un verset du Deutéronome promettant des pluies et des récoltes abondantes si le peuple juif suit les commandements de Dieu.
La question de l’enrôlement des jeunes ultra-orthodoxes dans l’armée a été au centre des discussions de coalition entre Yahadout HaTorah et le futur premier ministre présumé Benjamin Netanyahu, qui tente de former un gouvernement après que son bloc, composé de partis de droite, d’extrême-droite et religieux a remporté une majorité de sièges à la Knesset lors des élections générales le mois dernier.
Lors de son intervention de jeudi, Gafni a refusé d’aborder la proposition de loi visant à exempter les étudiants des yeshiva du service dans Tsahal.
« Je veux qu’il y ait un statu quo. Je n’entrerai pas dans les détails de la loi sur l’enrôlement », a-t-il déclaré.
Le 1er novembre, les Israéliens se sont rendus aux urnes pour la cinquième fois depuis la dissolution d’un gouvernement dirigé par Netanyahu fin 2018, en partie en raison de l’opposition de ses alliés ultra-orthodoxes à une proposition de loi ancrant certaines exemptions dans la loi mais imposant à terme des quotas aux yeshivas. Cette proposition avait été formulée en réponse à un arrêt de la Haute Cour de justice de 2017 annulant une loi précédente qui avait accordé des exemptions plus larges.
En réponse à la décision de justice, Yahadout HaTorah et le parti Shas, également haredi, ont en outre préconisé une clause dite dérogatoire qui permettrait à la Knesset d’annuler les décisions de la Haute Cour, ouvrant ainsi la voie à l’approbation de lois sur les dispenses précédemment annulées par les tribunaux.
Les factions d’extrême droite alliées à Netanyahu et les membres de son parti, le Likud, sont également favorables à la clause dérogatoire, et certains ont avancé des propositions qui pourraient mettre fin à son procès en cours pour corruption.
Les changements judiciaires proposés – en particulier la clause dérogatoire – ont été dénoncés par les rivaux politiques de Netanyahu, des personnalités juridiques de premier plan telles que le directeur de l’Association du barreau israélien, un groupe de professeurs de droit et l’éminent avocat américain Alan Dershowitz.