Gantz admet qu’il s’attend à ce que Netanyahu n’honore pas leur accord
Le numéro 2 de Kakhol lavan, Gabi Ashkenazi, aurait averti que si le parti devait être écarté à cause du budget, ce serait la fin ; le budget doit être voté le 23 décembre
L’actuel ministre de la Défense, Benny Gantz, aurait admis devant ses proches conseillers qu’il ne s’attendait pas à ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu honore l’accord de partage du pouvoir qui prévoit que le chef de Kakhol lavan deviendra Premier ministre d’ici un an.
Selon un reportage de la Douzième chaîne, qui n’a pas cité ses sources, Gantz a rencontré, dimanche, à son domicile les membres fondateurs de Kakhol lavan – la formation s’appelait initialement Hossen LeYisrael- pour décider d’une éventuelle sortie immédiate de la coalition qui ramènerait les Israéliens aux urnes.
Selon les termes de l’accord de coalition qui avait été signé à l’issue de trois élections non-concluantes qui s’étaient étendues sur une période d’un an et demi, Gantz, qui est aussi Premier ministre d’alternance, doit prendre le poste de Premier ministre au mois de novembre 2021.
« Je comprends bien que je n’aurai pas droit à ce partage du pouvoir », aurait déclaré Gantz, abordant le sujet. « Je ne croirai jamais Netanyahu, même à la veille de la mise en œuvre de la rotation au poste ».
Le parti du Likud de Netanyahu et la formation Kakhol lavan de Gantz entretiennent des relations orageuses depuis la mise en place de la coalition, cette année. Les deux parties devraient encore s’affronter concernant la date d’échéance pour l’adoption d’un nouveau budget. Si un budget n’est pas approuvé d’ici le 23 décembre, la Knesset sera immédiatement dissoute et un nouveau scrutin sera automatiquement organisé.
Dans l’accord de coalition, le Likud et Kakhol lavan avaient convenu d’adopter un budget couvrant 2021. Netanyahu insiste néanmoins sur des budgets distincts pour les années 2020 et 2021 – l’échec à approuver un budget dans les temps lui permettant de conserver le poste de Premier ministre, sans céder la fonction à Gantz.
Les personnes présentes lors de cette réunion de dimanche auraient été divisées en deux camps, certaines disant être favorables à une sortie da la coalition et à l’organisation d’un nouveau scrutin et d’autres qui auraient estimé que quitter l’alliance n’entraînerait que la mise en place d’un gouvernement stable de droite.
Les députés Ram Shefa, Miki Haimovich et Assaf Zamir auraient prôné un départ immédiat du gouvernement, arguant que s’il leur était impossible de faire confiance au Premier ministre, rester dans la coalition n’avait plus aucun sens, a indiqué le reportage.
Le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi aurait averti que si Kakhol lavan devait être écarté à cause du budget, ce serait la fin du parti.
« Je comprends bien que Netanyahu n’honorera pas l’accord de rotation au bénéfice de Benny », a dit Ashkenazi. « Nous devons donc rompre maintenant ».
La ministre de la Diaspora Omer Yankelevich, le ministre de la Culture et des Sports Chili Tropper, et la ministre de l’Immigration Pnina Tamano-Shata se sont, pour leur part, opposées à cette éventualité, préférant rester au sein du gouvernement en avertissant que la seule alternative allait être un gouvernement de droite dirigé par Netanyahu et par le chef du parti nationaliste Yamina, Naftali Bennett, dont la popularité ne cesse de grimper dans les sondages.
« Nous avons une responsabilité », a dit Tropper, tandis que Yankelevich a estimé que retourner aux urnes, à l’heure actuelle, serait « suicidaire ».
Gantz a indiqué que s’il pouvait trouver un moyen de faire fonctionner le gouvernement, il resterait – « et si ce n’est pas le cas, je suis prêt à en payer le prix avec mon siège ».
Il a expliqué qu’il tenterait de prendre une décision au cours des deux prochaines semaines, ce qui indique apparemment que Kakhol lavan ne soutiendra pas de motion de censure à la Knesset dans l’intervalle.
Le parti du Likud a répondu dans un communiqué que « ce n’est pas le moment d’être divisé. Ce n’est pas le moment de faire de la politique politicienne », a noté le reportage.
Yamina a indiqué, lundi, qu’il apporterait son soutien à un projet de loi présenté par le chef de l’opposition, Yair Lapid, qui propose la dissolution de la Knesset et l’organisation de nouvelles élections tout en critiquant Kakhol lavan qui choisit de rester dans la coalition malgré la crise budgétaire qui s’annonce.
Tandis que le Likud a insisté sur le fait que l’échec de l’adoption du budget était attribuable à des difficultés professionnelles ainsi qu’à un manque de coopération de la part de Kakhol lavan, un proche allié de Netanyahu, au sein du parti, a reconnu le mois dernier que des considérations d’ordre politique expliquaient également ces retards.