Gantz: Netanyahu, « incapable de gouverner », devrait négocier un accord et démissionner
Le chef de HaMahane HaMamlahti, qui se propose comme alternative, accuse les ministres responsables des forces de l'ordre de ne « rien comprendre » à la situation
Hier jeudi, le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, s’est dit favorable à ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu négocie un accord de plaidoyer dans le cadre de son procès au pénal et abandonne la politique.
Sur les ondes de la radio Ynet, Gantz a ouvertement critiqué la manière de gouverner de Netanyahu, qu’il estime ne plus être en mesure de diriger le pays de manière responsable dans la mesure où il est totalement préoccupé par ses propres intérêts. Il s’est proposé, avec son parti, comme alternative.
Netanyahu est jugé dans le cadre de trois affaires distinctes, inculpé de corruption et, à trois reprises, de fraude et abus de confiance.
Il nie catégoriquement avoir commis un quelconque acte répréhensible et accuse – sans preuve – la police, les procureurs et les médias de s’être ligués contre lui.
« Je pense qu’Israël, depuis ces quatre derniers mois, n’est plus le même pays. La population n’est plus dupe des manœuvres politiciennes », a-t-il ajouté.
« Netanyahu est, plus que toute autre chose, préoccupé par sa situation personnelle. Et moi, par l’état de la nation. »
Selon de récents sondages, Gantz serait passé devant Netanyahu comme figure favorite des Israéliens au poste de Premier ministre préféré.
Son parti, HaMahane HaMamlahti, serait aujourdhui le premier parti de la Knesset si des élections avaient lieu, devant le parti au pouvoir, le Likud, et le premier parti d’opposition, Yesh Atid, faisant de lui une alternative viable à l’actuel Premier ministre.
Israël n’est pas actuellement en période électorale, et les prochaines élections ne sont pas prévues avant fin 2026, mais elles pourraient être convoquées à tout moment si le gouvernement tombait.
De tels sondages – pas toujours très fiables – ont une forte influence sur les politiciens et les partis.
« Israël doit être la priorité, et c’est précisément parce qu’Israël doit être la priorité que nous devons dire à Netanyahu : ‘Merci beaucoup pour ce que vous avez fait’ », a déclaré Gantz.
« Netanyahu est incapable d’être Premier ministre. Il est inféodé aux extrémistes qui font de lui absolument ce qu’ils veulent. Il est incapable de diriger le programme de son gouvernement », a déclaré Gantz.
« Je pense que Netanyahu est incapable de diriger l’Etat d’Israël. Il est prisonnier de ses propres priorités. »
S’agissant des manifestations qui, depuis des mois, s’opposent à la réforme judiciaire très voulue par le gouvernement, Gantz a dit que la population disait ainsi au gouvernement : « Il n’y a pas que notre vote qui compte, mais aussi notre voix. Et vous allez entendre notre voix. »
« Même les électeurs de Netanyahu lui disent qu’il ne fait pas ce qu’il devrait faire. Je pense que ce gouvernement est en échec sur tous les fronts : la sécurité, la guerre contre le coût de la vie, bien sûr sur la question de la réforme judiciaire, les violences au sein de la communauté arabe et les énormes dégâts infligés à nos relations avec le monde en général et les États-Unis en particulier », a-t-il déclaré.
Netanyahu a suspendu les travaux législatifs liés à la reforme judiciaire à fin de la précédente session parlementaire, il y a de cela un mois, selon lui pour permettre de négocier, sur fond de manifestations qui, dans le pays tout entier, ont conduit des centaines de milliers d’Israéliens à dénoncer une réforme de nature à détruire la démocratie israélienne en supprimant les contrepouvoirs à l’exécutif.
Les manifestations contre la réforme se sont malgré tout poursuivies le mois dernier, et les partisans du gouvernement ont eux-mêmes organisé un rassemblement de grande ampleur à Jérusalem la semaine dernière.
Les critiques de la réforme estiment qu’elle aura pour effet de priver la Cour Suprême de son rôle de contrepouvoir face au Parlement et de fragiliser les fondements démocratiques de l’Etat d’Israël.
Ses partisans l’estiment en revanche nécessaire pour réfréner les ardeurs d’un système judiciaire qu’ils jugent par trop intrusif.
Gantz a salué la politique de son ancien gouvernement dans la bande de Gaza, déclarant qu’ils avaient collectivement mené une politique équilibrée, conjuguant fermeté contre les tirs de roquettes palestiniens, appui au bien-être économique de l’enclave et soutien à l’Autorité palestinienne « face aux organisations terroristes qui tentent de prendre sa place ».
Selon un sondage publié mercredi par le radiodiffuseur public Kan, un grand nombre d’Israéliens pensent que la précédente coalition, au sein de laquelle Gantz était ministre de la Défense, a mieux géré le conflit avec la bande de Gaza que la coalition actuelle.
Dans un tweet publié mardi, Bennett a relevé qu’il y avait plus de roquettes tirées sur Israël ce jour-là que pendant toute la durée de son mandat d’un an en tant que Premier ministre, dénoncé pour sa faiblesse par le parti de Netanyahu.
« Il y a eu une période de calme, une période de succès. Lorsque mes fonctions de ministre de la Défense ont pris fin, 17 000 travailleurs palestiniens venaient travailler Israël. Il y a récemment eu beaucoup de tirs de roquettes depuis Gaza et le dernier en date a été important », a déclaré Gantz, faisant allusion au bombardement de cette semaine.
Gantz a admis que Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant « comprenaient les questions de sécurité », contrairement aux ministres d’extrême droite chargés des forces de l’ordre qui, dans l’ensemble, n’ont eux-mêmes pas fait leur service militaire, comme c’est le cas du ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, interdit de service par Tsahal en raison de ses activités extrémistes.
« Je ne pense pas que, parmi eux, quelqu’un comprenne quoi que ce soit à ce qu’ils sont supposés décider », a déclaré Gantz.
Selon l’armée, les terroristes palestiniens ont tiré depuis la bande de Gaza pas moins de 104 projectiles en l’espace d’une journée, cette semaine, suite à la mort d’un membre éminent du Jihad islamique palestinien qui faisait la grève de la faim dans une prison israélienne.
Dans un mouvement de riposte un peu tardif, Tsahal a frappé 16 cibles appartenant au Jihad islamique et aux groupes terroristes du Hamas dans la bande de Gaza.
Les combats ont pris fin lorsque les groupes terroristes de Gaza et les autorités israéliennes ont convenu d’un cessez-le-feu.
Ben Gvir a qualifié la riposte de Tsahal de « faible » et ordonné à son parti d’extrême droite Otzma Yehudit de boycotter les sessions parlementaires pendant toute la journée de mercredi, privant le gouvernement des voix de son parti.
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