Gantz rejette toute possibilité de rapprochement avec Netanyahu
Le ministre de la Défense appelle à un "gouvernement d’unité fonctionnel" ; Gideon Saar prédit que cela aboutirait à une nouvelle impasse, faute de majorité
Le ministre de la Défense Benny Gantz a semblé exclure mardi toute possibilité de réunion avec le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu pour former un nouveau gouvernement, sur fond de tractations intenses entre législateurs, à la veille d’élections générales suite à l’éclatement de la coalition.
Alors que les députés débutent le processus de dissolution de la Knesset mercredi, le parti d’opposition du Likud a continué à promouvoir la création d’un éventuel gouvernement alternatif qui ramènerait Netanyahu au pouvoir sans élections, en évoquant plusieurs partenaires potentiels qui pourraient être convaincus de changer de camp.
Lors d’une réunion de faction de son parti Kakhol lavan, Gantz a déclaré que son précédent mandat avec Netanyahu était suffisant pour éliminer toute nouvelle velléité de partenariat.
« Netanyahu a brisé toute confiance politique qui pouvait lui être confiée, par conséquent, il n’y a rien à ajouter », a-t-il déclaré aux journalistes après avoir été interrogé sur la possibilité de rejoindre le leader du Likud, que ce soit au sein de la Knesset actuelle ou après les prochaines élections, qui seraient les cinquièmes en trois ans et demi.
Après les élections de 2020, Gantz avait formé une coalition gouvernementale avec Netanyahu, rompant son engagement de campagne de ne pas rejoindre une coalition avec le Premier ministre de l’époque en raison de son inculpation pour corruption. Le gouvernement s’est effondré plus tard dans l’année après que Netanyahu a bloqué l’adoption d’un budget d’État, lui permettant de se représenter aux élections sans avoir à céder à Gantz le poste de premier ministre comme le prévoyait leur accord de coalition.
C’est à la suite de ces élections que Gantz a rejoint la coalition disparate de partage du pouvoir dirigée par le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, qui lutte pour sa survie depuis la perte de sa majorité parlementaire en avril. Lundi, Bennett et Lapid ont annoncé leur intention de dissoudre volontairement leur propre gouvernement et de convoquer de nouvelles élections, qui devraient avoir lieu fin octobre ou début novembre.
« Je regrette que nous n’ayons pas su garder le gouvernement. Cela valait la peine de se battre jusqu’à la dernière goutte de notre sang politique, mais c’est ainsi », a déclaré M. Gantz mardi.
Il a également appelé à la formation d’un « gouvernement d’unité fonctionnel » après les élections, qui comprendrait des éléments de droite et de gauche.
« Nous traversons crise politique la plus grave qu’Israël ait connu », a déclaré Gantz. « [Un gouvernement d’unité] est la seule solution possible. »
Ses propos ont été tenus alors que des sources du Likud, le parti de Netanyahu, ont révélé à plusieurs agences de presse israéliennes qu’il poursuivait ses tentatives de former une coalition alternative au sein de l’actuelle Knesset, avant que celle-ci ne parvienne à dissoudre le Parlement et à organiser des élections précipitées.
Selon une source citée par le site d’information Ynet, le Likud tenterait de convaincre Gantz de quitter le navire et de les rejoindre. Selon la source du Likud, Netanyahu serait même prêt à laisser Gantz occuper le poste de Premier ministre dans un accord de rotation afin d’établir une relation de confiance avec lui.
« Il n’y a pas de contacts [avec le Likud], pas de discussions, et il n’y a rien à dire », a écrit Kakhol lavan dans un tweet rejetant le rapport.
Plus tôt, M. Gantz avait envoyé une lettre aux membres de Kakhol lavan leur demandant de rejeter toute offre de coopération qui empêcherait la dissolution de la Knesset ou empêcherait Lapid de devenir Premier ministre, selon la chaîne publique Kan.
« Je vous demande instamment de ne pas coopérer ni de discuter d’aucuns scénarios stériles et de rejeter toute offre qui vous parviendrait », aurait écrit Gantz.
Entre-temps, le ministre de la Justice, Gideon Saar, a prédit que les nouvelles élections déboucheraient sur une nouvelle impasse, puisque ni le bloc de droite religieux dirigé par Netanyahu ni les rivaux de l’ancien premier ministre n’obtiendraient la majorité.
« Malgré toutes ses déclarations [dans les médias], il n’obtiendra pas 61 sièges, tout comme ça a été le cas après les élections précédentes », a déclaré Saar à Ynet.
Le ministre de la Justice a affirmé que de nouvelles élections étaient inévitables, car un gouvernement ne saurait fonctionner avec le soutien de seulement 56 députés. Plusieurs membres de la coalition de 61 membres ont récemment refusé de voter avec le gouvernement sur des lois clés, ce qui a conduit à l’annonce de Bennett et Lapid lundi.
Saar, ancien ministre du Likud, a réaffirmé qu’il ne ferait pas partie d’un gouvernement dirigé par Netanyahu.
Mardi également, le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de chercher à remplacer le député Bezalel Smotrich à la tête du parti Sionisme religieux.
Ben Gvir est actuellement numéro 3 sur la liste du parti après s’être allié au parti de l’Union nationale de Smotrich avant les élections de l’année dernière dans le cadre d’une fusion négociée par Netanyahu. Cependant, la popularité de Ben Gvir est montée en flèche parmi les Israéliens de droite depuis son entrée à la Knesset.
Tout en cédant la tête de liste à Smotrich, Ben Gvir a déclaré à la radio de l’armée qu’ils allaient travailler ensemble pour former une liste qui intègre mieux son parti d’extrême droite Otzma Yehudit.
De récents sondages ont révélé que le Likud deviendrait le plus grand parti au lendemain des élections, mais qu’il aurait encore du mal à former une coalition majoritaire à la Knesset, qui compte 120 sièges, comme cela a été le cas après quatre tours d’élections au cours des trois dernières années et demie.
La coalition de Bennett, qui n’a jamais eu qu’une faible majorité, avait évincé Netanyahu après plus d’une décennie au pouvoir.