GB : d’après une étude, les crimes anti-Juifs sont en forte augmentation
Le groupe Campagne contre l’antisémitisme signale une augmentation de 50 % des incidents violents, et une baisse du nombre d'inculpés
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Un rapport sur l’antisémitisme en Grande-Bretagne, publié dimanche, a constaté que les crimes haineux contre les Juifs ont fortement augmenté au cours des deux dernières années, avec une augmentation de 50 % des crimes violents, alors que la police a inculpé moins de responsables.
L’audit national du crime antisémite de l’organisation non gouvernementale Campagne contre l’antisémitisme (CAA) a déclaré que près de 1 000 incidents ont été signalés en 2015, ce qui représente une augmentation de 25,7 % des crimes anti-juifs par rapport à 2014, et qui en fait la pire année jamais enregistrée.
Les données recueillies à partir de toutes les forces de police du pays ont montré qu’au cours de 2014, les forces de police du Royaume-Uni ont enregistré 746 crimes antisémites ; ce chiffre est passé à 938 en 2015.
Les crimes violents ont bondi à 196 incidents, une hausse de 50,8 %, en 2015, et ont représenté 20,3 % tous crimes contre les Juifs confondus, contre seulement 126 incidents représentant 16,9 % des crimes violents l’année précédente.
Cependant, « en dépit de l’accroissement de la criminalité antisémite, les forces de police ont inculpé 7,2 % moins de cas en 2015 qu’en 2014, ce qui signifie que seulement 13,6 % des cas ont donné lieu à des inculpations », a déclaré la CAA. Au total il y a eu 138 inculpations en 2014, mais seulement 128 en 2015.
Le rapport de la CAA intervient au milieu d’une marée montante de débordements antisémites par les membres du parti Travailliste britannique, dont le plus récent cas, est celui de Ken Livingstone, qui a été suspendu du parti jeudi pour avoir déclaré et continué à insister qu’Adolf Hitler avait d’abord été un sioniste.
« Ces données devraient alarmer les responsables du respect de la loi : ils laissent tomber les Juifs britanniques », a averti le président de la CAA, Gideon Falter. « Si la situation continue de se détériorer, la communauté juive sera confrontée au genre d’antisémitisme rampant que l’on voit dans d’autres pays européens, ce à cause de quoi les Juifs ont peur et se sentent abandonnés ; beaucoup d’entre eux sont convaincus qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’émigrer. »
Le rapport a noté que, si en 2014 les crimes ont atteint leur point le plus élevé au cours de juillet, août et novembre – les mois pendant et après l’opération Bordure protectrice de l’armée israélienne dans la bande de Gaza – il n’y avait pas de pic similaire en 2015, puisque les taux de criminalité sont restés élevés tout au long de l’année. Il y avait environ deux fois plus d’incidents par mois en 2015 que dans n’importe quel autre mois du début de l’année 2014, avant le déclenchement des combats entre Israël et le Hamas, a déclaré le CAA, un groupe formé il y a deux ans dont la mission est de responsabiliser « les individus pour lutter contre l’antisémitisme. »
« Les espoirs que le crime antisémite reviendrait progressivement aux niveaux observés avant la guerre de 2014 à Gaza n’ont pas été réalisés », a rapporté la CAA. « Au lieu de cela, un niveau toujours élevé de la criminalité antisémite a été établi comme nouvelle normalité pour les Juifs britanniques ».
La CAA a constaté que sur 45 forces de police interrogées, seules huit n’avaient pas enregistré une augmentation de la criminalité antisémite entre 2014 et 2015.
Il a également été établi que les petites communautés juives s’en sont moins bien sorties que les grandes centrées à Londres et à Manchester. D’après un recensement de 2011, 64,3 % des Juifs britanniques vivent dans les zones desservies par le Service de police métropolitain, la police de la Ville de Londres et la police du Grand Manchester, a noté le CAA, mais 49,4 % des crimes antisémites violents en 2015 ont été signalés par les communautés en dehors de Londres et Manchester.
« Les résultats parlent d’eux-mêmes », a déclaré la CAA. « Le crime antisémite connait une escalade rapide, la violence contre les Juifs est en plein essor, et la réponse de la police empire progressivement. »
« L’explication la plus probable pour une telle augmentation de la violence antisémite est la preuve croissante de l’antisémitisme utilisé comme une composante essentielle des idéologies violentes de l’islamisme et du néonazisme, deux mouvements continuant à gagner des adhérents », a fait remarquer le CAA. « Alors que les islamistes et les néo-nazis s’accordent sur peu, ils sont d’accord pour dire que les Juifs sont leurs ennemis et doivent être violemment opprimés. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.