Gel des soins de santé de 14 000 réfugiés ukrainiens « par manque de fonds »
La Haute Cour prévoit de discuter sur la question la semaine prochaine, mais n'ordonne pas la reprise des prestations ; le ministère des Finances refuse de transférer les fonds
En réponse à une requête de la Haute Cour, le gouvernement a déclaré jeudi qu’il n’avait pas été en mesure de renouveler l’assurance maladie et les prestations sociales pour les réfugiés ukrainiens par manque de fonds.
Le juge Ofer Groskopf a programmé une audience sur la question pour la semaine prochaine, mais il n’a pas ordonné à l’État de reprendre les traitements interrompus suite au déficit budgétaire.
« Malgré les efforts déployés, à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune source de financement n’a été trouvée et les budgets nécessaires à la poursuite de l’assistance médicale offerte aux citoyens ukrainiens, qui inclut l’apport d’une solution immédiate aux traitements médicaux déjà programmés ou commencés, n’ont pas encore été bouclés », ont déclaré les représentants du bureau du Premier ministre et du ministère des Finances dans leur réponse à la Cour.
Le gouvernement a déclaré à la Cour qu’une solution serait trouvée « dès que possible » par les « parties concernées ».
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé qu’il prolongerait l’assurance maladie et les prestations de santé pour quelque 14 000 réfugiés ukrainiens au moins jusqu’à la fin de l’année, après une interruption de deux semaines.
Mais Haaretz a rapporté mercredi que les ministères de la Santé, des Affaires sociales et de l’Intérieur refusaient de fournir des services aux réfugiés tant qu’ils n’auraient pas reçu du ministère des Finances l’intégralité de leur budget pour le reste de l’année, soit un total de 40 millions de shekels.
« Lors de la discussion au sein du gouvernement, qui a eu lieu à l’initiative du directeur général du cabinet du Premier ministre la semaine dernière, un plan global a été créé pour la reprise de l’assurance maladie des réfugiés ukrainiens ainsi que son financement. Le ministère des Finances agit conformément aux lignes directrices formulées dans ce document », a déclaré le ministère des Finances en réponse à l’article en question.
« Alors que dans la même semaine, le ministre des Finances veut allouer 700 millions de shekels à la Judée et à la Samarie, il pourrait trouver 40 millions de shekels au profit des réfugiés », aurait déclaré une source au sein des ministères, faisant référence aux plans de financement du ministre des Finances Bezalel Smotrich pour les implantations de Cisjordanie. Ces derniers auraient été gelés cette semaine.
Dans le cadre d’un accord bilatéral, les Ukrainiens peuvent entrer en Israël sans visa et y séjourner jusqu’à trois mois. En raison de la guerre en cours, Israël a prolongé les visas des réfugiés non juifs après qu’un plafond limitant leur entrée a été invalidé par la Haute Cour de justice. Ceux qui ont des racines juives ont automatiquement le droit de devenir citoyens en vertu de la Loi du retour.
Les responsables ukrainiens ont critiqué à maintes reprises Israël depuis le début de la guerre en raison de son traitement jugé peu accueillant des visiteurs ukrainiens.
Le week-end dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son ambassadeur en Israël Evgen Korniychuk ont menacé de fermer les frontières du pays aux pèlerins israéliens qui comptent se rendre à la ville d’Ouman pour les festivités annuelles de Rosh Hashana le mois prochain, en représailles à l’expulsion par Israël de touristes ukrainiens.
Les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles ne pensaient pas que les frontières seraient fermées aux Israéliens.
Depuis le début des hostilités, l’Ukraine a également demandé à Jérusalem de lui fournir des armes défensives, en particulier des dispositifs d’interception de missiles, mais, jusqu’à présent, Jérusalem s’y est refusée, les dirigeants israéliens cherchant à éviter de trop contrarier la Russie. Cette hésitation semble largement liée au besoin stratégique d’Israël de maintenir sa liberté d’opérations en Syrie, où les forces russes contrôlent l’espace aérien. Israël est l’un des rares pays à entretenir des relations relativement bonnes à la fois avec l’Ukraine et la Russie.
Jérusalem a cependant travaillé avec l’Ukraine sur l’introduction de systèmes avancés d’alarme précoce pour sonner l’alerte lors des frappes russes entrantes dans le cadre d’un programme-pilote que Kiev espère éventuellement étendre à l’ensemble du pays.
Lazar Berman a contribué à cet article.