Expulsions d’Ukrainiens d’Israël: Kiev menace de refouler les pèlerins d’Ouman
L'ambassadeur ukrainien souligne son mécontentement du traitement réservé par Israël aux ressortissants ukrainiens. Jérusalem assure que les fidèles pourront entrer dans le pays
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Ukraine pourrait fermer la frontière aux pèlerins en route vers la ville d’Ouman pour Rosh Hashana le mois prochain, en signe de protestation contre l’expulsion par Israël de touristes ukrainiens, a déclaré mercredi l’ambassadeur du pays en Israël au Times of Israel.
S’exprimant par téléphone depuis Kiev, où il rencontrait des responsables ukrainiens pour préparer le pèlerinage annuel, Yevgen Korniychuk a déclaré qu’Israël avait expulsé environ 10 % des touristes ukrainiens visitant le pays.
« Nous avons fait connaître notre position à ce sujet », a-t-il déclaré.
En vertu d’un accord bilatéral, les Ukrainiens sans visa peuvent entrer en Israël et y rester jusqu’à trois mois. En raison de la guerre en cours, Israël a prolongé les visas pour les réfugiés non juifs après que la Haute Cour de justice a supprimé un plafond limitant leur entrée dans le pays. Les personnes ayant des racines juives ont automatiquement le droit de devenir des citoyens israéliens en vertu de la Loi du retour.
Les autorités ukrainiennes ont critiqué à plusieurs reprises Israël pour le traitement réservé aux visiteurs ukrainiens depuis le début du conflit.
Korniychuk avait précédemment évoqué la possibilité que les pèlerins juifs soient refoulés à la frontière pour des raisons de sécurité.
Une attaque de missiles russes sur Ouman en avril a tué 23 personnes, dont 6 enfants.
Les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles ne pensaient pas que les frontières seraient fermées aux Israéliens.
Korniychuk a déclaré que si le pèlerinage avait lieu, il compterait sur la présence de policiers israéliens, comme c’est le cas la plupart du temps.
Toutefois, en 2022, la police a décidé d’installer son centre de commandement à Kiev, prétextant qu’aucun endroit a Ouman ne répondait a ses exigences en matière de sécurité.
Malgré les avertissements aux voyageurs l’année dernière, plus de 20 000 Israéliens se sont rendus pour célébrer Rosh Hashana sur le lieu de sépulture de Rabbin Nachman de Breslev, un rabbin hassidique vénéré décédé en 1810.
Ces avertissements sont toujours en vigueur, mais il est peu probable qu’ils dissuadent les fidèles.
La ville, située à 200 kilomètres au sud de la capitale, Kiev, attire habituellement des milliers de pèlerins pour Rosh Hashana, le nouvel an juif.
En 2020, au plus fort de la pandémie de COVID, Kiev a fermé ses frontières en septembre pour éviter une épidémie avant Rosh Hashana. Des milliers de pèlerins se sont rendus en Biélorussie voisine dans l’espoir d’entrer en Ukraine par la frontière, mais ils ont été bloqués par les autorités locales.
« Nous espérons que le gouvernement israélien nous aidera à assurer la sécurité de son propre peuple », a déclaré Korniychuk, ajoutant qu’Israël devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour limiter le nombre de pèlerins qui viendront cette année.
L’ambassadeur d’Israël en Ukraine, Michael Brodsky, sera à Ouman jeudi pour rencontrer le maire et les responsables locaux qui se préparent pour la fête.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et le ministre du Patrimoine juif Meir Porush étaient en Moldavie pour discuter de la préparation du pays à l’accueil des milliers de fidèles juifs attendus à Chisinau en route pour Ouman.
L’espace aérien de l’Ukraine est fermé depuis le début de la guerre en février 2022, et la Moldavie est le voisin le plus proche d’Ouman.
« L’arrivée prévue de dizaines de milliers de fidèles à Ouman est un grand défi », a déclaré Cohen. « Au cours de mes conversations avec le Président et le ministre des Affaires étrangères, je les ai remerciés pour leur volonté à trouver le moyen le plus sûr et le plus efficace pour les Israéliens qui choisissent de voyager à travers la Moldavie cette année en route vers Ouman. »