Georges Bensoussan : « les manifestations ne changeront rien »
Pour combattre l'antisémitisme, il faut, selon l'historien, mettre en lumière le lien "déjà ancien, des Juifs et de la nation française"
« La connaissance du judaïsme vivant est prioritaire dans le combat contre les préjugés, » affirme l’historien Georges Bensoussan, dans les colonnes du Figaro.
« C’est ce judaïsme-là qu’il faut mettre en lumière, ce mariage, déjà ancien, des Juifs et de la nation française », et non pas imaginer que la transmission de la mémoire de la Shoah préservera les juifs de France de l’antisémitisme.
« Merah, Nemmouche, Coulibaly, les frères Kouachi, tant d’autres, sont passés par les écoles et les collèges français, » continue Bensoussan, « où ils ont eu droit à cet enseignement. En quoi cela a-t-il empêché la progression de l’anti-judaïsme et, pour certains, le passage à l’acte ? »
Georges Bensoussan est-il pour une loi sanctionnant l’antisionisme, comme celle annoncée par le député LREM Sylvain Maillard ?
« Ce serait, me semble-t-il, tomber dans le piège de l’antisémite, » répond-t-il au quotidien. « Quoi de plus adéquat que la violation de la loi pour se poser en rebelle ? Légiférer pour faire d’une opinion un délit, quand il n’y a pas d’appel explicite à la violence, fera le miel des complotistes et des antisémites. Criminaliser l’antisionisme, comme on l’a fait pour le négationnisme sans prêter assez d’attention à l’époque aux arguments d’un Pierre Nora, par exemple, c’est fabriquer des figures de martyrs et de dissidents ».
A rebours de l’enthousiasme observé lors des récents rassemblements contre l’antisémitisme – un « antisémitisme qu’on dit actuel – alors qu’il a 80 ans tout de même » Georges Bensoussan observe avec plus de distances le « pathétique spectacle que ces grandes manifestations ponctuées de coups de menton et de proclamations martiales mais qui ne changeront rien à la situation ».