Grèce: le Parlement débat sur la question des réparations allemandes
Une commission parlementaire a chiffré l'année dernière les revendications à 270 milliards d'euros comprenant notamment les atrocités et le prêt forcé lors de l'occupation nazie
Les députés grecs ont commencé mercredi à débattre d’une résolution sur la demande de réparations à l’Allemagne, principalement pour les crimes commis pendant l’occupation nazie de la Grèce, une question depuis longtemps contestée par Berlin.
« Le Parlement appelle le gouvernement grec à procéder à toute action diplomatique ou légale pour satisfaire toute revendication de l’Etat grec concernant la Première et la Seconde Guerre mondiale », indique cette résolution.
La majorité des députés de l’Assemblée, allant du parti au pouvoir de gauche Syriza d’Alexis Tsipras aux principaux partis d’opposition, la droite Nouvelle-Démocratie et les socialistes de Kinal, devraient voter en faveur de cette motion mercredi soir.
La question des réparations allemandes en compensation des crimes commis lors de l’occupation du pays par les nazis (1941-1944) et d’un emprunt forcé à la Grèce contracté en 1942 est un vieux débat dans ce pays, réclamé par tous les gouvernements précédents de droite ou socialiste.
La question a été ravivée pendant la crise de la dette (2010-2018), l’Allemagne étant tenue responsable par les Grecs des strictes politiques d’austérité imposées au pays en échange des prêts internationaux pour éviter sa faillite.
Berlin a toujours opposé une fin de non recevoir à la volonté grecque de rouvrir le dossier, soutenant que la question avait été définitivement réglée en 1960 dans le cadre d’un accord avec plusieurs gouvernements européens.
Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a redit mercredi que « la question des réparations allemandes est réglée juridiquement et politiquement », tout en soulignant « la responsabilité historique » de l’Allemagne.
« Nous sommes conscients de la grande culpabilité et de la grande douleur que l’Allemagne et les Allemands ont apportées à la Grèce pendant l’ère nationale-socialiste », a-t-il déclaré.
Mais pour le président du Parlement Nikos Voutsis « ces revendications sont toujours actives. Elle n’ont jamais été abandonnées par la Grèce ».
Une commission parlementaire a chiffré l’année dernière les revendications à 270 milliards d’euros comprenant dommages et pillages de la Grande guerre ainsi que les atrocités et le prêt forcé lors de l’occupation nazie.
Les relations gréco-allemandes se sont améliorées ces dernières années, après qu’Alexis Tsipras eut accepté à mettre en oeuvre les mesures d’austérité prônées par les créanciers, UE et FMI, et coopéré étroitement avec Angela Merkel.
Lors d’une visite à Athènes en janvier, Angela Merkel s’est dite « consciente » de la « responsabilité historique » de l’Allemagne pour « la souffrance infligée à la Grèce » pendant la période nazie.
Et en 2014, l’ancien président Joachim Gauck avait indiqué qu' »indépendamment des positions juridiques » de l’Allemagne, « nous demandons pardon pour les atrocités » commises.
La question des réparations allemandes figure depuis de nombreuses années dans le programme électoral du Syriza d’Alexis Tsipras. En vue des élections européennes fin mai et des législatives en octobre, son parti est devancé actuellement par l’opposition de droite Nouvelle-Démocratie, selon les intentions de vote.