Immense tristesse et tensions politiques ont marqué les cérémonies du 7 octobre en Israël
Un an après le massacre, plusieurs événements majeurs et autres rassemblements plus modestes ont été organisés dans un contexte de guerre en cours et de clivages intérieurs
JTA – Sur le site du festival Nova, aux abords de la frontière avec Gaza, les familles des 364 personnes qui avaient été assassinées lors du pogrom du 7 octobre se sont rassemblées dans la lumière du petit matin pour marquer le premier anniversaire du massacre.
Une partie du dernier titre qui avait été joué ce jour-là – ironie du sort, ce titre électro dure très exactement 6 minutes 29, soit la minute exacte à laquelle le Hamas avait lancé son assaut meurtrier – s’est élevé dans l’air, le rythme psychédélique incongrue de la trance-music venant se mêler à l’atmosphère pesante qui régnait sur l’assemblée.
Une minute de silence a été observée en hommage aux victimes – mais elle n’a pas été signalée par une sirène, comme c’est traditionnellement le cas lors des journées de commémoration. Le commandement du Front intérieur a interdit les sirènes, craignant que les citoyens ne les confondent avec les alertes aux tirs de roquette des groupes terroristes du Hezbollah et du Hamas, sans évoquer leur impact psychologique sur ceux pour qui la tragédie avait d’abord commencé par le rugissement des sirènes d’alerte, il y a exactement un an.
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La minute de silence à Reïm a été ponctuée par les pleurs d’une femme, peut-être une mère, et par la sonnerie d’une alerte rouge venant du téléphone d’un individu dans la foule. Plus tard, l’armée israélienne a confirmé que quatre projectiles avaient été tirés depuis Gaza. Trois ont été interceptés et le quatrième a atterri dans un champ.
Le président Isaac Herzog a assisté à cette commémoration avant de se rendre sur d’autres sites de la région, donnant ainsi le coup d’envoi d’un déplacement de trois jours dans les communautés frontalières de Gaza qui avaient été ravagées par le massacre du Hamas. « Nous nous souviendrons de cette journée pour toujours nous n’oublierons jamais qui a commis des enlèvements, des viols et des massacres », a-t-il dit.
Cette cérémonie de commémoration était l’un des nombreux événements majeurs et autres rassemblements innombrables, de taille plus modeste, à avoir été organisés au sein de l’État juif, alors que le pays marque ce triste anniversaire dans un contexte de guerre toujours en cours et de clivages internes sur la prise en charge de cette dernière. Plus de 1 200 personnes avaient été massacrées, le 7 octobre, et 251 personnes avaient été kidnappées et prises en otage dans la bande de Gaza. L’attaque sanglante avait aussi fait des milliers de blessés – les terroristes s’en étaient pris en majorité aux civils.
Des centaines de soldats sont morts dans la guerre qui a suivi à Gaza et, depuis la semaine dernière, au Liban.
Une cérémonie officielle prévue dans la ville d’Ofakim, dans le sud du pays, où plus de 50 personnes avaient été été tuées, a été pré-enregistrée, en l’absence de tout public. Le gouvernement a fait savoir ne pas avoir eu d’autre choix pour des raisons de sécurité, mais nombreux sont ceux qui ont perçu une tentative, de la part du gouvernement, d’éviter des interactions directes entre hauts-responsables et familles des victimes. Un grand nombre, parmi ces dernières, ont laissé éclater leur colère face à la façon dont le gouvernement a géré la crise des otages.
Avant qu’elle ne soit pré-enregistrée, les membres des familles d’otages et leurs alliés avaient fait savoir qu’ils ne participeraient pas à cette cérémonie officielle – le Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant choisi Miri Regev, une ministre issue de son parti, pour l’organiser. Regev avait été critiquée pour avoir chapeauté une cérémonie officielle de la Journée de l’Indépendance, au mois de mai, qui avait été l’occasion de célébrer Netanyahu et le travail du Premier ministre. Elle s’était, de surcroît, emportée quand Herzog s’était proposé comme hôte susceptible d’unifier les Israéliens pour la cérémonie du 7 octobre.
Une autre cérémonie a eu lieu à la même heure dans le parc HaYarkon de Tel Aviv. 40 000 billets avaient initialement été réservés dans les heures qui avaient suivi la mise en vente mais en raison des directives militaires relatives aux grands rassemblements, la participation s’est finalement limitée aux journalistes et aux familles des victimes. L’événement a été retransmis en direct, et des projections de la cérémonie sont prévues dans les communautés, dans différents secteurs d’Israël.
D’autres rassemblements avaient été programmés dans de nombreuses localités de la périphérie de Gaza – et notamment sur le site de l’ancien commissariat de police de Sderot, qui avait été été détruit lors de l’attaque du Hamas.
À Jérusalem, les familles des otages encore détenus à Gaza se sont regroupées devant la résidence de Netanyahu à Jérusalem. Elles ont observé deux minutes de silence. Yuli Ben-Ami, la fille de l’otage Ohad Ben-Ami, s’est adressée directement à son père.
« Cela fait un an que je ne sais plus rien de toi, un an que je n’ai plus aucun signe de vie. Papa, je t’aime et nous nous battons pour toi vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept », a-t-elle dit, selon un communiqué qui a été émis par le Forum des familles d’otages.
Pendant les rassemblements, des informations sont arrivées en provenance de Petah Tikva – des informations qui ont annoncé que l’otage israélien Idan Shtivi, âgé de 28 ans, avait perdu la vie, le 7 octobre, alors qu’il se trouvait à la rave-party Nova à Reim et que son corps sans vie était toujours retenu en otage à Gaza. Shtivi faisait partie du nombre décroissant de captifs encore présumés vivants.
Sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le bruit des sirènes a été remplacé par un chœur de shofars au petit matin, les personnes présentes restant silencieuses, recueillies, avant de se rassembler pour la prière. La veille, plusieurs centaines de personnes s’étaient retrouvées sur la place pour assister à une table ronde animée par le rabbin Benny Lau, qui était accompagné d’anciens otages et de familles d’otages. L’événement, qui était organisé par le Forum des familles d’otages et de portés-disparus et par le Salon Otef – sur le modèle de l’initiative Zikaron BeSalon, lors de la Yom HaShoah – a été l’occasion d’un concert du musicien vétéran Ehud Banaï.
Sapir Cohen, qui a été libérée lors de l’accord d’échange d’otages en novembre, et dont le partenaire, Sasha Trufanov, est encore retenu captif à Gaza, se souvient du moment où elle a été enlevée par des terroristes du Hamas sur une moto. « Nous avons parcouru une longue distance jusqu’à Gaza, et beaucoup de gens venaient me frapper et me toucher. »
Un jour, pendant sa captivité, ses ravisseurs lui ont montré la place des otages à la télévision.
« Il y avait des milliers de personnes avec un message ‘Ramenez-les à la maison’ » », se souvient-elle. « On ne sait jamais quel otage regarde. Mais ça pourrait être un otage qui a abandonné tout espoir de survie. »
Ziv Abud, qui participait au festival Nova avec son petit ami, Eliya Cohen, a raconté qu’elle s’était retrouvée dans un abri anti-bombes en bord de route avec 29 autres personnes, dont Aner Shapiro, qu’elle a appelé « le héros de mon histoire », qui lui a sauvé la vie en renvoyant au moins 8 grenades dégoupillées lancées par des terroristes.
« Je ne comprenais pas pourquoi je n’étais pas blessée », raconte-t-elle. « Puis j’ai senti que mon corps s’endormait et je me suis dit que c’était ça la mort. »
Au milieu de son discours, une alarme semblable à une sirène a retenti, faisant sursauter le public. De nombreux spectateurs ont rapidement sorti leur téléphone pour vérifier s’il s’agissait d’une alerte « rouge ». Sur scène, Abud, secouée par le bruit, a fondu en larmes. L’origine du bruit n’a pas été identifiée : certains ont supposé qu’il s’agissait d’une alarme provenant d’un immeuble voisin, tandis que d’autres ont pensé qu’il s’agissait du cri d’un homme dérangé.
Abud a conclu son discours en racontant le moment où elle a réalisé qu’Eliya n’était plus avec elle dans l’abri, alors qu’elle se trouvait ensevelie sous un « tas de cadavres ». Quelques jours plus tard, elle a vu des images de lui vivant à Gaza sur la chaîne Telegram du Hamas.
« Depuis ce moment, je suis en guerre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et je me bats pour qu’il revienne », a-t-elle déclaré.
Ofir Peretz, secouriste réserviste, a fait le point sur la situation dans la partie nord du corridor de Nuseirat, à Gaza. Une cérémonie semi-officielle du 7 octobre était prévue plus tard dans la journée, si les conditions sur le champ de bataille le permettaient. La veille, lors d’une réunion de la compagnie, il a raconté son histoire et celle de sa partenaire, Amit Mann, qui a été assassinée il y a un an au cours du pogrom de Beeri. Selon Peretz, les combats actuels dans les quartiers de Zaytoun et de Sajaiya – bastions du Hamas d’où sont probablement issus les terroristes qui ont attaqué Beeri – sont un moyen de faire le point.
« C’est une façon importante de boucler la boucle », a-t-il affirmé.
La décision d’organiser une cérémonie commémorative officielle le 7 octobre est un événement exceptionnel. Les futures cérémonies commémoratives organisées par l’État auront lieu le 24 de Tishri, soit deux jours après Simchat Torah dans le calendrier juif, date du pogrom. La décision de marquer la journée de commémoration nationale le 24 de Tishri a été prise parce que Simchat Torah, le jour du massacre, est traditionnellement une fête joyeuse.
Ce choix a suscité la controverse parmi de nombreuses familles de victimes, qui estiment que seules deux dates, le 7 octobre et Simchat Torah, sont associées aux pertes qu’elles ont subies.
« N’essayez pas de nous imposer une autre date », a déclaré Yoram Yehudai, le père de feu Ron Yehudai, assassiné pendant la fête de la Nova, lors de la commémoration de lundi à Reim. « Nous ne l’accepterons pas. »
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