Regev répète être l’organisatrice de la cérémonie du 7 octobre et reproche à Herzog de s’en mêler
Face à la réaction des familles d'otages et des communautés du sud, la ministre a dit qu'elle verrait le Premier ministre dimanche. Selon elle, le président a "pris parti" en ne la consultant pas
La ministre des Transports, Miri Regev, a répété samedi qu’elle était l’organisatrice de la cérémonie anniversaire du pogrom du 7 octobre et qu’il ne fallait pas qu’il en soit autrement, critiquant par ailleurs la proposition du président Isaac Herzog d’accueillir cet événement polémique dans sa résidence de Jérusalem.
Le 18 août dernier, le gouvernement a confié à Regev l’organisation des commémorations, ce qui a immédiatement suscité de vives réactions compte tenu du précédent des cérémonies de Yom HaAtsmaout. Il lui a été reproché d’avoir instrumentalisé ces évènements pour mettre en avant le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Cette année, d’ailleurs, les familles des otages ont organisé leur propre cérémonie de Yom HaAtsmaout.
De nombreuses communautés frontalières de Gaza reprochent au gouvernement de vouloir utiliser la cérémonie officielle pour se dédouaner de leur impuissance à empêcher l’attaque terroriste du Hamas et aider les communautés suite au massacre.
Vendredi, dans une lettre ouverte adressée à Netanyahu, Herzog a proposé d’organiser la commémoration officielle à la résidence présidentielle. Il a suggéré que l’événement se tienne sous les auspices de la présidence, et ce « dans le but d’apaiser la controverse et d’éviter des querelles inutiles au sein de la société ».
Une cérémonie à la résidence du président serait « respectueuse et unificatrice, à la fois majestueuse et modeste, et bien sûr dénuée de toute arrière-pensée politique », peut-on lire dans la lettre d’Herzog. « La cérémonie sera émaillée de symboles officiels, comme le veut la coutume, à commencer par la mise en berne du drapeau et la récitation du Kaddish [la prière juive des personnes en deuil]. »
Samedi soir, Regev a fait savoir qu’elle n’était pas d’accord et a accusé Herzog d’avoir « choisi son camp » en rendant publique sa proposition sans la consulter au préalable.
« Les cérémonies officielles ne se déroulent pas à la résidence présidentrielle, c’est impossible », a-t-elle déclaré à la Douzième chaîne. « Elles doivent avoir lieu dans le sud. »
« Avec cette lettre, il a choisi son camp », a affirmé Regev. « Il aurait été possible de parler et de trouver un terrain d’entente. Je pense que l’intention du président était bonne, mais il me connaît et on se parle ; il aurait pu m’en parler, ainsi qu’au Premier ministre, avant d’envoyer cette lettre. »
Elle a ajouté qu’elle s’entretiendrait avec Netanyahu dimanche à ce sujet, soulignant que, selon elle, la décision de lui confier l’organisation de la cérémonie devait être maintenue.
Jeudi, Regev avait balayé d’un revers de la main les appels au boycott et autres objections, les qualifiant de « bruit », ce qui avait redoublé la critique des familles des victimes et des otages, ainsi que des membres de l’opposition, qui lui ont reproché de ne tenir compte ni de leurs préoccupations ni de leur douleur.
Elle avait également déclaré que ceux qui le souhaitaient pouvaient organiser leur propre cérémonie, qu’elle a assimilé aux cérémonies israélo-palestiniennes controversées organisées chaque année pour le jour du Souvenir.
Vendredi, Regev a accusé les médias d’avoir « déformé » ses propos.
« Quand je parlais de bruit, je parlais de ceux qui me provoquent, me blessent, me comparent à Sinwar [le chef du Hamas] et me menacent. À aucun moment je n’ai parlé des familles endeuillées, des familles d’otages ou des communautés.
La cérémonie prévue le 7 octobre en hommage aux victimes de l’attaque terroriste, au cours de laquelle des terroristes dirigés par le Hamas ont tué 1 200 personnes et fait 251 otages, de loin l’attentat le plus meurtrier contre des Juifs depuis la Shoah, ne sera pas diffusée en direct, mais filmée et retransmise plus tard ou disponible à la demande afin de ne pas faire concurrence aux commémorations locales plus modestes organisées ce jour-là.
Regev a déclaré jeudi que l’événement aurait lieu dans le sud parce que c’est là que le massacre avait eu lieu. Il se tiendra également sans public afin de ne blesser personne sans le vouloir, dans la mesure où il serait impossible d’inviter toutes les victimes, leurs familles et les personnes qui se sont battues ou ont accompli des actes héroïques le 7 octobre.
Placé sous les auspices du cabinet du Premier ministre, le service chargé des événements officiels a déclaré par voie de communiqué mercredi : « La cérémonie en est encore au stade de projet et nous n’avons contacté aucune communauté locale à ce sujet ».