À la cérémonie organisée par les familles des victimes et des otages du 7 octobre
Vidéos et récits ont été entrecoupés de chansons interprétées par des artistes israéliens, comme Gali Atari ou Corin Allal, qui ont chanté « Ein li eretz aheret »
La cérémonie de commémoration organisée par les familles des victimes du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre s’est tenue au parc HaYarkon, à Tel Aviv. Elle a été diffusée sur les chaînes de télévision israéliennes et des dizaines de chaînes de télévision étrangères.
C’est la première des deux cérémonies de mardi soir, la cérémonie officielle s’est elle tenue à 21h15. Cette dernière, organisée par la ministre des Transports Miri Regev, a été entourée de controverses, les critiques du gouvernement affirmant que celui-ci ne devrait pas superviser une cérémonie commémorant ses échecs d’il y a un an.
Près de 40 000 personnes avaient prévu d’assister à l’événement au parc Yarkon, mais il s’est finalement déroulé en présence d’un nombre limité de personnes en raison d’un ordre du Commandement du Front intérieur qui a limité les rassemblements à 2 000 personnes à Tel Aviv en raison de la menace persistante d’attaques aux roquettes.
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Lors de la cérémonie, la caméra s’est tournée vers les visages tristes des proches et trois écrans géants ont diffusé le nom des personnes assassinées le 7 octobre et dans les mois qui ont suivi l’assaut barbare et sadique du Hamas.
Les hôtes de cet événement – Hanoch Daum et Rotem Sela – ont ouvert la cérémonie en racontant l’histoire de soldats tombés au combat. Le père de Tzvi Granot, soldat mort au combat, a dit le Kaddish – la prière du deuil – devant la foule.
Proches de victimes, personnes évacuées et proches d’otages sont apparus dans des vidéos, disant en vers ce qui leur est arrivé le 7 octobre.
Or Gat, fils de Kinneret Gat, assassinée au kibboutz Beeri et frère cadet de Carmel Gat, prise en otage et brutalement exécutée en captivité, a dit quelques mots sur sa grande sœur dans une vidéo.
« Cela n’aurait jamais dû arriver », a-t-il dit. « Son cas a ému tellement de monde, cela n’aurait jamais dû arriver. »
Gat a expliqué trouver un certain réconfort auprès des membres de la famille qui sont revenus, de son autre frère et de sa nièce qui ont échappé aux terroristes et aussi de sa belle-sœur, prise en otage et libérée fin novembre.
Vidéos et récits ont été entrecoupés de chansons interprétées par des artistes israéliens, comme Gali Atari ou Corin Allal, qui ont chanté « Ein li eretz aheret » – « Je n’ai pas d’autre terre » -, dont le public, vêtu de tee-shirts « Bring Them Home » ou portant la photo de leurs proches, reprenaient les paroles.
Allal a joué de la guitare acoustique dans un duo douloureux, avec en filigrane les photos de cette dernière année.
« Je n’ai pas d’autre pays, même si ma terre brûle », ont entonné les deux femmes avant que Rita ne chante « Un jour, cela arrivera, sans que nous nous en rendions compte, quelque chose changera, quelque chose se détendra en nous ».
Rafi Ben Shitrit, dont le fils, le sergent-chef Shimon Alroy Ben Shitrit, a été tué le 7 octobre alors qu’il tentait de repousser des terroristes palestiniens du Hamas dans le sud d’Israël, a demandé la création d’une commission d’enquête sur le pogrom.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a résisté aux appels à une telle enquête, affirmant que toute investigation devrait attendre la fin de la guerre. Ses détracteurs affirment qu’il tente de limiter la portée d’une enquête, craignant qu’elle ne porte atteinte à sa réputation.
« L’héritage des soldats tombés au combat, dont Alroy, en ces jours terribles, exige que nous procédions à un examen de conscience national. Le début de la guérison passe par l’acceptation de la responsabilité », a-t-il déclaré.
« Mon fils bien-aimé et d’autres soldats héroïques ont pris leurs responsabilités, se sont sacrifiés et ont donné leur vie. Du fond de mon cœur endolori, par amour et par souci de ce pays, et non pour des raisons politiques, je demande depuis cette tribune la formation d’une commission d’enquête d’État, afin d’enquêter de manière approfondie et étendue sur le désastre du 7 octobre », a-t-il ajouté.
La foule, qui est restée totalement silencieuse tout au long de la cérémonie, a applaudi à tout rompre.
« Au nom de mon fils disparu, je demande que nous soyons dignes, que nous soyons unis. »
Plusieurs parents présents à la cérémonie des familles endeuillées ont parlé de leurs enfants assassinés le 7 octobre, y compris la tazpitanit – soldate de surveillance – Hadar Miryam Cohen, dont le père a dit s’exprimer en tant que représentant des 16 jeunes tazpitaniyot tuées ce samedi-là.
« Nous sommes leurs voix », a-t-il dit.
« Et je veux que tout le monde écoute ces filles qui crient vers nous depuis les profondeurs de la Terre. Avec ce qu’il reste de nous, nous ferons en sorte que les responsabilités soient prises. »
La mère de l’otage Tal Shoham, Nitza Corngold, a parlé de son fils lors de la cérémonie des familles endeuillées. Shoham a été enlevé au kibboutz Beeri le 7 octobre alors que lui, son épouse et ses deux enfants rendaient visite aux parents de sa femme à Beeri.
L’épouse de Tal, ses enfants, sa belle-mère et d’autres membres de sa famille ont été pris en otage, puis libérés à la fin du mois de novembre.
« Ses enfants, Naveh et Yahel, n’arrêtent pas de demander où est leur père, de demander s’il sera très vieux quand il reviendra, de demander dans quel pays il se trouve », a déclaré Nitza, qui a qualifié le 7 octobre de « Shoah ».
« Toute la nation attend l’étape d’après, notre réhabilitation. Nous le savons dans nos esprits, dans nos cœurs, dans chaque cellule de notre corps : il n’y aura pas de réhabilitation sans le retour des otages. Tous », a-t-elle ajouté.
Une fois de plus, la foule a applaudi – c’est la deuxième fois qu’elle l’a fait ce mardi soir.
« J’appelle tous les dirigeants du monde à faire de la libération immédiate des otages – de tous les otages en une seule fois – une priorité de leur agenda. »
« Et un dernier mot pour mon fils, Tal, mon Taltaloni. Si tu peux me voir ou m’entendre, tu nous manques énormément et nous faisons tout, tout, pour te ramener à la maison, toi et les autres otages. Nous ne vous abandonnons pas. Les abandonner, c’est nous abandonner. »
Maysam Abu Wasel Darawshe a également pris la parole pour parler de son frère, Awad, chauffeur d’ambulance tué au Festival Nova, le 7 octobre.
Elle a expliqué qu’il était le benjamin de la famille. « Notre lumière, notre vie, un être qui remplissait la maison de chaleur et d’amour », un rêveur qui aurait voulu être médecin ou chef cuisinier, avoir sa propre maison et vivre près de ses parents. »
Il était resté à la rave-party pour porter assistance aux victimes lors de l’assaut du Hamas. Mais cette fois, quand il était rentré chez lui en ambulance, il n’y avait que sa dépouille, a témoigné sa sœur.
Abu Wasel Darawshe a demandé si elle pouvait dire les mots que sa mère disait à son sujet, en arabe, dans cette langue qui, ce matin-là, était indéfectiblement associée au sang et à l’horreur : « Awad était un cadeau du ciel. Sa vie fut brève, mais pleine de sens. Il nous a appris à nous aimer les uns les autres, à nous aider les uns les autres et à ne pas laisser la haine ni la jalousie nous affecter. »
La foule a applaudit une nouvelle fois.
Yonatan Shamriz, le frère endeuillé qui a organisé la cérémonie, a été l’un des derniers à prendre la parole. Il a parlé de son jeune frère bien-aimé, Alon Shamriz, pris en otage par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre et tué accidentellement par les troupes de l’armée israélienne le 15 décembre en même temps que Yotam Haïm et Samar Talalka alors qu’ils tentaient de s’échapper.
Portant un tee-shirt blanc imprimé du nom de son kibboutz dévasté, Kfar Aza, et un ruban jaune, Shamriz s’est souvenu d’avoir été dans son mamad – abri anti-atomique – avec sa famille, tenant la porte fermée contre les terroristes, un couteau de cuisine à la main, recevant sur son téléphone des mises à jour sur le massacre en cours.
« C’était un jour sans armée, sans État, un jour où nous n’avions que nous-mêmes, les citoyens. C’est à cela que ressemble l’abandon », a déclaré Shamriz.
« Au lieu de nous tenir ici en tant que multitudes du peuple d’Israël, unis, nous nous tenons ici en attendant la prochaine sirène. Au lieu qu’une commission d’enquête d’État soit mise en place pour enquêter sur cet échec colossal, nous posons nous-mêmes les questions sans obtenir de réponses. »
« Il n’y a pas d’exemple personnel, pas de vision, pas de leadership, pas de responsabilité », a-t-il ajouté, sous les applaudissements de l’assistance.
Shamriz a raconté que son frère, Alon, détenu pendant 65 jours à Gaza avec Yotam et Samar, a navigué pendant cinq jours dans un quartier bombardé de Gaza.
Ils ont écrit un seul mot sur une feuille blanche : « Aide », dit Shamriz. « Mais cela ne les a pas sauvés. «
Il a dégluti difficilement, essayant de sortir les mots sans pleurer, tandis que la foule l’applaudissait.
Shamriz se dit convaincu qu’une nouvelle génération émerge des ruines et de la destruction, une génération qui croit en l’esprit israélien, qui reconstruira et créera un meilleur pays et plus moral.
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