Inauguration d’un plan pour remplir le lac de Tibériade d’eau dessalée
Une première mondiale : l'eau produite par la mer sera pompée dans le plus grand lac d'eau douce d'Israël pour en maintenir le niveau même pendant les années de sécheresse
Les autorités responsables de l’eau ont inauguré mardi un projet innovant consistant à acheminer de l’eau dessalée vers le lac de Tibériade afin de maintenir le niveau d’eau du lac pendant les années sèches, tout en continuant à répondre à la demande régionale croissante.
Le lac de Tibériade, qui est l’une des réserves d’eau les plus basses de la planète, est le plus grand lac d’eau douce d’Israël.
C’est la première fois dans le monde que de l’eau dessalée sera utilisée pour réapprovisionner un lac.
Pour Yehezkel Lifshitz, directeur de l’Autorité de l’eau, ce projet « prouve qu’Israël est à la pointe de la réflexion innovante et de la planification créative dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique, tout en assurant un approvisionnement durable en eau, en préservant les ressources naturelles d’Israël et en maintenant l’importance du lac de Tibériade comme réserve stratégique ».
Dans le cadre de ce projet, la compagnie nationale des eaux, Mekorot, a construit au début de l’année une conduite souterraine de 13 kilomètres reliant le lac à une infrastructure qui, est elle-même reliée à cinq usines de dessalement situées sur la côte méditerranéenne.
L’eau peut désormais circuler librement par le ruisseau Tzalmon, qui débouche dans le lac de Tibériade près du kibboutz Ginosar, sur sa rive nord-ouest.
Lors de la cérémonie de lancement, des vannes ont été ouvertes, permettant à l’eau dessalée de s’écouler dans le conduit artificiel et naturel combiné pour rejoindre le lac.
הסוף לקו האדום: החלה הזרמת מים מותפלים מהים התיכון לכנרת. העלות – כמיליארד שקלים@rubih67 pic.twitter.com/2GTvHTdAGz
— כאן חדשות (@kann_news) December 27, 2022
Dans un premier temps, le nouveau système ne sera pas utilisé en continu, le niveau d’eau du lac étant suffisant.
Le président de Mekorot, Yitzhak Aharonovich, a prédit que « la capacité de canaliser l’eau vers le lac de Tibériade permettra de maintenir le niveau du lac national et donnera à Mekorot la possibilité de contrôler les réservoirs d’eau même en période difficile ».
Amit Lang, PDG de Mekorot, a déclaré que la crise du changement climatique a généré des « solutions originales » et a salué le projet comme étant « d’une importance opérationnelle et stratégique, qui nous permet de maintenir les niveaux du lac national, ainsi que la capacité de maintenir un flux constant d’eau vers les pays voisins ».
Le projet, lancé il y a sept ans, a coûté 900 millions de shekels.
La Douzième chaîne rapporte que les experts du secteur, en particulier ceux de l’Autorité de l’eau, s’y sont opposés au départ en raison de son coût élevé, qui a entraîné une hausse du prix de l’eau pour les consommateurs israéliens.
Une deuxième partie du projet, qui sera achevée dans les années à venir, permettra de diriger vers le lac de Tibériade de l’eau dessalée supplémentaire provenant de nouvelles usines de production ainsi que de l’eau provenant de puits situés dans le nord, rapporte la chaîne.
L’idée de la canalisation est née alors que le niveau du lac était proche de son plus bas niveau historique, suite à plusieurs années de sécheresse désastreuses, entre 2013 et 2018.
Heureusement, grâce aux pluies abondantes des deux derniers hivers, le niveau d’eau a, temporairement, remonté. En avril, il a même atteint un niveau de 32 centimètres en dessous de sa capacité maximale, et ce, pour la première fois en 30 ans.
Mais avec le réchauffement climatique, on craint une baisse des précipitations et une augmentation de la demande d’eau due à la croissance rapide de la population israélienne.
Démographie mise à part, un approvisionnement supplémentaire est nécessaire pour mettre en œuvre une décision gouvernementale de 2018 visant à connecter les communautés du nord d’Israël qui dépendent des nappes phréatiques et des sources à l’infrastructure nationale de l’eau.
Dans le cadre d’accords politiques, Israël vend environ 100 millions de mètres cubes par an aux Palestiniens, qui, de leur côté, puiseraient 160 millions de mètres cubes supplémentaires en Cisjordanie et 200 millions de mètres cubes à Gaza.
En octobre dernier, Israël a accepté de doubler, à 50 millions de mètres cubes, l’eau qu’il fournit chaque année à la Jordanie, qui souffre de sécheresse. Un mois plus tard, les deux pays ont signé un accord sous l’égide des Émirats, selon lequel Israël fournira au royaume jusqu’à 200 millions de mètres cubes d’eau supplémentaires, en échange d’énergie solaire jordanienne.
Construit dans les années 1960, le National Water Carrier acheminait l’eau du lac de Tibériade, dans le nord d’Israël, vers le centre du pays, densément peuplé et le sud aride.
L’eau dessalée remplaçant progressivement l’eau douce du lac comme principale source de boisson et d’irrigation, un nouveau transporteur d’eau national a été construit pour acheminer l’eau dessalée vers le nord.
Au cours de l’année 2022, l’Autorité de l’eau avait prévu de pomper seulement 300 millions de mètres cubes, soit environ 7,5 % du volume total du lac, qui est de 4 000 millions de mètres cubes, pour approvisionner les villes et les villages situés autour du lac. De petites quantités d’eau seront acheminées vers le plateau du Golan, à l’est, et une partie de l’eau sera acheminée vers le réseau national de distribution d’eau du nord au sud.
Le reste a été assuré par de l’eau dessalée.