Instaurer la peine de mort pour les terroristes serait une « erreur », selon Berlin
La ministre allemande a aussi exprimé ses réserves concernant le projet de réforme judiciaire mené par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui a provoqué des manifestations

Introduire la peine de mort, comme le prévoit le gouvernement israélien pour les « terroristes », constituerait une « grande erreur », a prévenu mardi la cheffe de la diplomatie allemande.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par le projet d’introduction de la peine de mort », a déclaré Annalena Baerbock à Berlin lors d’une conférence de presse commune avec son homologue israélien, Eli Cohen.
Cette proposition est très controversée en Israël, où la peine de mort n’a été appliquée qu’une fois par la justice civile, à l’encontre du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, en 1962.
Un argument repris par Mme Baerbock : « En Allemagne, on apprend à l’école qu’Israël, bien que menacé par la terreur comme aucun autre pays, n’a appliqué la peine de mort qu’une seule fois dans son histoire, contre Adolf Eichmann ».
« Ca a toujours été un argument saisissant pour ceux d’entre nous qui ont défendu Israël sur la scène internationale contre des critiques injustes », a ajouté la ministre des Affaires étrangères.
« Je dis en tant qu’amie, que ce serait une grande erreur de rompre avec cette histoire », a-t-elle prévenu.

Un comité ministériel israélien a voté en faveur d’une « proposition de loi ouvrant la possibilité pour un tribunal d’infliger la peine de mort aux terroristes ».
« Nous sommes fermement opposés à la peine de mort et nous en parlons partout dans le monde, aux Etats-Unis et au Japon, ainsi qu’en Iran et en Arabie saoudite », a martelé la ministre écologiste.
« Dans le monde entier, des Etats sont en train de renoncer à cette pratique cruelle, notamment parce qu’il est prouvé qu’elle n’est pas dissuasive », a-t-elle fait valoir.
La ministre allemande a aussi exprimé à son homologue Eli Cohen ses réserves concernant le projet de réforme judiciaire mené par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui a provoqué des manifestations dans le pays.
« Parmi les valeurs qui nous lient, il y a la protection des principes de l’Etat de droit comme l’indépendance de la justice. Cela a toujours été une caractéristique d’Israël », a souligné Mme Baerbock.
« Nous, en Allemagne, le gouvernement allemand, sommes fermement convaincus qu’une démocratie forte a besoin d’un pouvoir judiciaire indépendant qui peut également revoir les décisions de la majorité », a-t-elle ajouté.
Cohen a affirmé qu’Israël est une « démocratie dynamique », soulignant la liberté d’expression et les manifestations de masse, qui ne sont pas menacées par la réforme. Il a affirmé que la « réforme judiciaire renforcera la démocratie israélienne ».

Cohen a également déclaré que le soutien d’Israël à l’Ukraine était clair, rejetant les critiques selon lesquelles Jérusalem mettrait en balance ce soutien et ses liens avec Moscou, et rappelant les récentes promesses d’aide et sa propre visite à Kiev.
Pressé sur les choix de verbiage d’Israël, Cohen a précisé que « bien sûr nous condamnons l’agression russe », mais a noté la « position unique » de Jérusalem.
« Nous ne sommes pas comme votre pays. La Russie est un acteur pivot dans notre région, ainsi qu’en Syrie. Je pense donc que nous faisons le maximum dans tous les domaines », a-t-il ajouté.
Baerbock s’est dit également favorable à l’arrêt des ambitions nucléaires de l’Iran, mais a affirmé que la diplomatie est le seul moyen d’y parvenir.
« Toute autre solution aurait un effet dévastateur sur nous tous », a-t-elle expliqué.
Cohen a exhorté l’Allemagne à faire pression sur l’Autorité palestinienne (AP) pour qu’elle cesse de verser des allocations aux terroristes condamnés et à leurs familles.
« L’Autorité palestinienne est le seul endroit au monde où vous recevez un paiement si vous tuez un Juif », a-t-il dit.
Il a ajouté qu’Israël ne cessera pas de construire dans les implantations.