Interdiction de l’extension de la barrière de sécurité dans la vallée de Crémisan
La justice israélienne interdit la division d'une communauté catholique palestinienne
La justice a empêché jeudi Israël d’édifier sa barrière de sécurité à travers une vallée des environs de Bethléem, foyer de chrétiens palestiniens qui avaient réussi à mobiliser le pape en leur faveur.
La Cour suprême israélienne a bloqué jeudi l’extension de la barrière à travers la vallée de Crémisan, qui abrite un couvent et un monastère de l’ordre salésien et des vignobles produisant le vin pour l’église de la Nativité à Bethléem.
Avec la barrière de protection, les habitants du village chrétien de Beit Jala et les religieux risquaient de se voir confisquer des parcelles considérables, selon les opposants au projet.
La barrière aurait séparé le couvent du monastère. Les deux bâtiments et l’école des sœurs qui accueillent les enfants palestiniens des environs auraient été coupés des populations qu’ils servent.
Mais au bout de presque dix ans de bataille juridique, la Cour suprême israélienne a donné raison aux habitants de la vallée et aux sœurs qui les ont rejoints dans leur lutte.
Elle a rejeté le tracé retenu par le ministère israélien de la Défense et a demandé à l’Etat israélien de considérer d’autres options qui causeraient moins de tort aux habitants et aux religieux, a dit une porte-parole de la Cour.
« Nous sommes à la veille du Vendredi saint, un jour de tristesse mais qui est aussi associé à la Résurrection. Aujourd’hui, c’est comme une résurrection, un jour de fête avant l’heure », a dit à la presse le Patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal.
Deuxième coup d’arrêt
C’est une « victoire pour tout le monde, et pas seulement pour l’église », a-t-il ajouté. Il a salué ce succès comme le résultat des pressions internationales exercées sur Israël.
Une délégation palestinienne avait attiré l’attention du pape François lors d’une audience à Rome, ont rapporté les opposants au projet lors de la même conférence de presse.
Le pape lui-même avait soulevé la question auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa visite en mai 2014, ont-ils dit.
Le pape François avait prié non loin de là devant le mur, la main droite et le front appuyés contre la paroi couverte de graffitis, quand il était passé par Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition.
C’est le deuxième coup d’arrêt subi en trois mois par la barrière de sécurité.
La Cour suprême avait annoncé en janvier que le ministère de la Défense avait renoncé à faire passer la barrière par le village palestinien de Battir, célèbre pour son antique système d’irrigation romain et ses terrasses agricoles vieilles de plus de 2 000 ans et encore cultivées de nos jours.
L’Unesco a classé le site « patrimoine mondial en péril » en 2014. Là aussi, les habitants s’étaient mobilisés et avaient saisi la justice israélienne.
Les Israéliens ont commencé en 2002 à construire cette barrière. Achevée aux deux tiers, elle doit atteindre à terme environ 712 km.
Son tracé se trouve à 85 % en Cisjordanie, isolant 9,4 % du territoire palestinien, dont Jérusalem-Est.
La Cour internationale de justice a jugé le 9 juillet 2004 sa construction illégale et exigé son démantèlement, de même que l’Assemblée générale de l’ONU.
Les Israéliens justifient sa construction par leur besoin de se protéger contre les attentats palestiniens. Mais les Palestiniens accusent Israël de confisquer ainsi des terres et de vouloir entraver l’établissement d’un futur Etat palestinien viable.