Inventé en Israël, ce test sanguin sans aiguille va être testé dans l’espace
L'appareil recueille des données en scannant les vaisseaux sanguins de l'œil et envoie les résultats directement aux médecins. Il va bientôt être testé dans l'espace
Des scientifiques israéliens ont inventé une méthode permettant d’effectuer des tests sanguins sans prélever une goutte de sang – et lancent leur dispositif dans l’espace pour le tester.
Les scientifiques affirment que leur technologie permettra de réaliser les premiers hémogrammes sans prélèvement. Un hémogramme ou numération de la formule sanguine, évalue le nombre et le type de cellules dans le sang d’un patient et nécessite en temps normal une analyse en laboratoire d’un échantillon de sang prélevé sur un doigt ou un bras. Le dispositif, conçu par ces scientifiques, scanne l’œil pendant quelques secondes et fournit instantanément des résultats précis.
L’équipe de l’hôpital Sheba, à l’origine de cette innovation, travaille à son extension et à d’autres tests sanguins qui nécessitent actuellement des prélèvements et des analyses en laboratoire.
« Créer la possibilité d’effectuer des tests sanguins sans aiguille est vraiment passionnant », a déclaré Harel Baris, l’un des médecins de l’hôpital Sheba à l’origine de cette nouvelle technologie, au Times of Israel.
Harel Baris enverra la technologie en orbite en octobre avec le touriste spatial israélien Eytan Stibbe, en espérant que les tests en apesanteur faciliteront le processus de développement.
Malgré la peur généralisée des aiguilles et le coût élevé des tests de laboratoire, les progrès vers des tests sans aiguille sont limités. L’année dernière, l’université Purdue située à West Lafayette, dans le comté de Tippecanoe aux États-Unis, a annoncé qu’elle développait une application permettant d’évaluer l’anémie en prenant une photo de la paupière, mais cette technologie n’a pas de potentiel pour d’autres tests sanguins.
Baris a déclaré que son appareil réduira à l’avenir la nécessité pour les gens de se rendre dans des cliniques pour certains tests sanguins, car ils se contrôleront eux-mêmes à la maison et les résultats seront envoyés directement aux médecins.
« Ce ne sera pas seulement plus confortable pour les patients, cela ouvrira également de nouvelles possibilités d’extension des soins à distance, et donnera aux gens la possibilité d’intégrer les soins médicaux à leur vie normale », a-t-il déclaré.
Lundi, M. Baris et le professeur Ygal Rotenstreich, le plus grand expert de la rétine de l’établissement Sheba, ont présenté la technologie à M. Stibbe, qui se rendra à la station spatiale internationale en octobre. Pendant son voyage, Stibbe réalisera des expériences et testera des technologies pour de nombreuses organisations israéliennes. Il utilisera l’appareil pour surveiller sa santé.
Cet examen permettra de tester la capacité de l’appareil à fonctionner en micro-gravité, où les facteurs qui pourraient fausser les résultats des tests sur Terre – comme le fait de pleurer sans le savoir pendant l’examen des yeux – sont absents. Contrairement à la Terre, où l’on peut pleurer sans s’en rendre compte, dans l’espace les larmes forment une boule sur l’œil ou le visage.
Le test dans l’espace permettra également d’évaluer si le dispositif convient aux astronautes, qui doivent actuellement donner des échantillons pour analyse, un processus long et coûteux.
« Notre technologie s’appuie sur le fait qu’il y a des vaisseaux sanguins dans l’œil qui sont transparents, ce qui signifie que nous pouvons les analyser en utilisant des ondes lumineuses », a déclaré Baris. « Nous recueillons alors des informations qui nécessitent habituellement une analyse en laboratoire d’échantillons réels ».
En plus d’effectuer des tests de numération sanguine, l’appareil fournit une lecture précise des niveaux de saturation en oxygène, qui sont aujourd’hui normalement relevés par des oxymètres qui se glissent au bout d’un doigt. Mais les oxymètres soulèvent de grandes questions, après que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a exprimé en février des inquiétudes quant à leur manque de précision pour les personnes non blanches.
La FDA a cité des recherches indiquant qu’ils « peuvent être moins précis chez les personnes ayant une pigmentation de peau foncée ».
Baris a déclaré : « Les capteurs digitaux ordinaires sont biaisés par la couleur, mais le nôtre fonctionne d’une manière totalement différente – en analysant le sang dans l’œil – et corrigera ce problème. »