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Iran : manifestation devant la prison où deux hommes risquent d’être exécutés

Mohammad Boroghani et Mohammad Ghobadlou ont été placés à l'isolement ; la mère de Ghobadlou affirme que son fils a été piégé

Capture d'écran d'une vidéo censée montrer des manifestants contre deux hommes dans le couloir de la mort devant la prison de Gohardasht dans la ville de Karaj, dans le nord de l'Iran, le 8 janvier 2023. (Twitter. Utilisé conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Capture d'écran d'une vidéo censée montrer des manifestants contre deux hommes dans le couloir de la mort devant la prison de Gohardasht dans la ville de Karaj, dans le nord de l'Iran, le 8 janvier 2023. (Twitter. Utilisé conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Des manifestants se sont rassemblés dimanche en fin de journée devant une prison de la ville de Karaj, dans le nord de l’Iran, alors que des informations faisaient état du transfert de deux détenus à l’isolement avant leur exécution, selon plusieurs groupes de défense des droits humains basés à l’étranger.

L’Iran a déjà exécuté plusieurs personnes pour des infractions qu’elles auraient commises lors des récentes manifestations contre le régime.

Le groupe anonyme Tasvir1500 qui documente les manifestations a déclaré qu’une foule, dont la mère du condamné à mort Mohammad Ghobadlou, a manifesté devant la prison de Gohardasht, également connue sous le nom de Rajai Shahr, « pour sauver la vie » de ce dernier et d’un autre prisonnier, Mohammad Boroghani.

Tous deux ont été condamnés pour des attaques contre les forces de sécurité et leurs appels ont été rejetés.

Des vidéos partagées par Tasvir1500 montrent la foule scandant des slogans contre les condamnations à mort et réconfortant la mère de Ghobadlou, qui déclare à la foule que son fils a été « délibérément » piégé. L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier immédiatement ces images. Ces images n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.

Les avocats des deux hommes affirment qu’ils ont besoin d’un nouveau procès devant la Cour suprême d’Iran, selon le Guardian.

Certains manifestants auraient scandé des menaces sur ce qu’elles feraient si les deux hommes étaient exécutés.

La justice iranienne a annoncé lundi trois nouvelles condamnations à mort, 48 heures après l’exécution de deux manifestants, provoquant une nouvelle forte vague d’indignation internationale.

Les trois manifestants condamnés, tout comme les deux hommes exécutés samedi, ont été arrêtés dans le contexte des manifestations déclenchées à la mi-septembre par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, détenue pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique.

Téhéran qualifie ces protestations d' »émeutes », et affirme qu’elles sont encouragées par des pays et organisations hostiles à l’Iran. Selon Téhéran, des centaines de personnes – dont des membres des forces de sécurité – ont été tuées et des milliers de manifestants arrêtés.

Selon Mizan Online, l’organe du pouvoir judiciaire, Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saïd Yaghoubi, accusés d’être impliqués dans la mort de trois membres des forces de l’ordre lors de manifestations dans la province d’Ispahan le 16 novembre 2022, ont été condamnés à mort en première instance.

Ils ont été reconnus coupables de « moharebeh (guerre contre Dieu en persan) », a précisé l’agence.

« Voler la vie »

Samedi, l’Iran avait annoncé l’exécution de deux hommes reconnus coupables d’avoir tué un paramilitaire lors des manifestations, suscitant une forte réprobation dans le monde.

Les Etats-Unis ont fustigé lundi les nouvelles condamnations à mort ainsi que la double exécution de samedi.

« Nous condamnons l’exécution de Mohammad Mehdi Karami et (Seyed) Mohammad Hosseini, ainsi que les exécutions supplémentaires annoncées aujourd’hui », a tweeté Jake Sullivan, le conseiller de la Maison Blanche à la sécurité nationale, appelant à l' »arrêt immédiat » de ces violations des droits humains.

Il avait au préalable jugé « odieux » de « voler la vie de personnes qui manifestent pacifiquement ».

Dénonçant la « répression brutale des courageuses voix iraniennes », le gouvernement canadien a annoncé lundi une nouvelle salve de sanctions contre des organisations et responsables iraniens accusés d’être complices du régime.

De son côté, le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly, a annoncé avoir « convoqué » lundi le chargé d’affaires iranien pour condamner « dans les termes les plus fermes les exécutions odieuses ce week-end ». « Le régime iranien doit mettre fin à sa répression brutale et commencer à écouter les préoccupations de son peuple ».

Le Quai d’Orsay a annoncé pour sa part qu’il allait convoquer lundi le chargé d’affaires iranien « pour lui signifier » sa « plus ferme condamnation » des exécutions et de la répression.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a annoncé lundi avoir convoqué « de nouveau » l’ambassadeur iranien à Berlin pour protester contre ces exécutions, qui « ne resteront pas sans conséquence ».

Le ministère norvégien des Affaires étrangères a aussi convoqué l’ambassadeur d’Iran à Oslo, avant de « condamner fermement » ces actes.

L’Autriche a également convoqué l’ambassadeur d’Iran, son ministre des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, condamnant « fermement » ces exécutions et affirmant sur Twitter que son pays « rejette la peine de mort en toutes circonstances. »

Un haut diplomate de l’UE, Stefano Sannino, a appelé pour sa part Téhéran à cesser « immédiatement d’imposer et d’exécuter des peines de mort contre des manifestants », appelant à « annuler sans délai les récentes condamnations à mort ».

Le Danemark, la Belgique et les Pays-Bas avaient également annoncé convoquer les ambassadeurs d’Iran en réaction à la mort par pendaison des deux hommes, âgés de 22 et 39 ans, selon des ONG.

Le pape François a appelé à l’abolition de la peine capitale en Iran et dans le reste du monde, une sentence qui ne « fait qu’alimenter la soif de vengeance ».

« Trahison »

Ces nouvelles peines de mort portent à 17 le nombre de personnes condamnées à la peine capitale en lien avec la contestation en Iran, selon un décompte établi par l’AFP à partir d’annonces officielles.

Parmi elles, quatre ont été exécutées et deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême. Les autres attendent de nouveaux procès ou peuvent faire appel.

Au moins 109 manifestants actuellement en détention font face à des accusations passibles de la peine de mort, a indiqué lundi Iran Human Rights (IHR), basé à Oslo.

Dans un tweet, le Haut-commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme a appelé Téhéran à cesser immédiatement « toutes les exécutions ».

Selon Amnesty International, l’Iran est le pays qui exécute le plus, hormis la Chine.

Pour le guide suprême d’Iran Ali Khamenei, « les institutions responsables traitent la trahison avec sérieux et de manière juste ».

Détenue à Téhéran depuis fin septembre, la fille de l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, a été condamnée à cinq ans d’emprisonnement pour incitation à manifester, a annoncé lundi à l’AFP son avocate.

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