Iran : persécutions accrues contre la minorité bahaïe
Cette foi est considérée comme une hérésie et ses fidèles comme des "espions" liés à Israël, leur siège mondial étant à Haïfa
Les persécutions contre la communauté bahaïe se sont récemment accentuées en Iran, où plus de 113 membres de cette minorité religieuse qui n’est pas reconnue par la République islamique sont actuellement détenus, a affirmé jeudi à Paris une association de défense des bahaïs.
« Malgré les promesses du président Hassan Rohani » d’améliorer la situation des minorités, « il y a eu une recrudescence d’arrestations cet été, avec une vingtaine de personnes arrêtées à Téhéran seulement », a déclaré à l’AFP Sophie Menard, responsable de l’association des Bahaïs de France.
Selon elle, 113 membres de cette communauté sont actuellement détenus dont sept dirigeants – deux femmes et cinq hommes -, arrêtés en 2008 et condamnés à vingt ans de prison.
Mme Menard a dénoncé « la campagne systématique de persécution » à l’égard de cette communauté de quelque 300.000 membres en Iran, dont les membres « sont privés de droits civils » et n’ont « aucun accès à la fonction publique » ou à l’université en raison de leur appartenance religieuse.
« Tous les lieux de culte de la communauté bahaïe ont été détruits ou confisqués, les cimetières ont été détruits dont celui de Shiraz fin avril 2014 », a-t-elle souligné.
La communauté bahaïe affirme compter plus de 7 millions de fidèles dans le monde. Elle suit les enseignements de Bahaullah, né en Iran en 1817, qu’elle considère comme un prophète. Cette foi est considérée comme une hérésie en Iran, et ses fidèles comme des « espions » liés à Israël, leur siège mondial étant à Haïfa.
L’Union européenne et les Etats-Unis ont fait part à plusieurs reprises de leur inquiétude sur le sort réservé par les autorités iraniennes aux bahaïs.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur l’Iran, Ahmed Shaheed, avait estimé dans un rapport publié fin septembre qu’au moins 126 Bahaïs étaient détenus en août 2014 et avait confirmé la destruction du cimetière bahaï de Shiraz par des officiers des Gardiens de la révolution, unité d’élite du régime.