Irlande : Le cabinet veut interdire les marchandises issues des implantations
Le chef de la diplomatie a dit que le projet de loi était une "petite mesure" destinée à "maximiser la pression et les conditions nécessaires pour obtenir un cessez-le-feu" à Gaza

Le gouvernement irlandais va présenter un projet de loi visant à interdire l’importation de marchandises en provenance des implantations israéliennes et de Jérusalem-Est, jugées illégales par l’ONU – ce qui est une première pour un Etat membre de l’Union européenne, a annoncé mardi le ministère des Affaires étrangères.
« Le gouvernement estime qu’il s’agit d’une obligation au regard du droit international », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère. Une telle interdiction, qui devra être votée par le Parlement irlandais, est surtout symbolique et elle aurait un impact économique minime.
Ce projet doit mettre fin au « commerce de marchandises avec les colonies illégales dans le territoire palestinien occupé », et concerne des biens comme les fruits, les légumes ou le bois.
Il n’inclura pas les services, comme le tourisme, ou les technologies informatiques.
Entre 2020 et 2024, les volumes d’échanges de l’Irlande avec les territoires occupés par Israël ont représenté moins d’un million d’euros.
« A bien des égards, il ne s’agit que d’une petite mesure, mais il est impératif que tous les pays fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour maximiser la pression et les conditions nécessaires à l’instauration d’un cessez-le-feu », a expliqué Simon Harris, le chef de la diplomatie irlandaise, qui a ajouté qu’il espérait que d’autres pays adopteront des directives similaires.
« J’espère que lorsque ce petit pays d’Europe prendra cette décision et deviendra (…) sûrement la première nation occidentale à légiférer ainsi, cela inspirera d’autres pays européens à nous rejoindre », a-t-il confié aux journalistes.
Le projet du gouvernement irlandais sera examiné par une commission parlementaire en juin. Il faudra ensuite a priori attendre l’automne pour un vote des députés sur la version définitive.
L’Irlande base cette décision sur un avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) en juillet 2024.
Quelque 500 000 Israéliens vivent dans des implantations jugées illégales par l’ONU au milieu de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie, une région placée sous le contrôle d’Israël depuis 1967.
En mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient annoncé la reconnaissance de l’État palestinien, ce qui a entraîné des représailles de la part d’Israël.
Le mois dernier, le président français Emmanuel Macron a annoncé que Paris envisageait de reconnaître un État palestinien à son tour dès le mois de juin.
L’annonce de ce projet par l’Irlande intervient une semaine après que l’UE a ordonné une révision de son accord d’association avec Israël, signé en 1995, qui sert de cadre aux relations notamment commerciales entre les deux parties.
Cette loi irlandaise serait la toute première « mesure commerciale ciblée » au sein de l’UE et une « avancée bienvenue », a déclaré à l’AFP Conor O’Neill, responsable du plaidoyer chez Christian Aid Ireland.