Israël à la traine en matière de réduction des gaz à effet de serre
La baisse des émissions atteint 12 %, loin des 27 % d’ici 2030 promis à l'ONU. Les énergies renouvelables ne représenteront que 19 % du mix énergétique, et non les 30 % prévus
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Selon une information publiée lundi, Israël devrait réduire ses émissions de gaz a effet de serre de 12 % seulement d’ici 2030, bien en deçà des 27 % promis à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Selon le document du ministère de la Protection de l’environnement, si la tendance actuelle se confirme, 19 % seulement de l’énergie sera issue de sources renouvelables d’ici la fin de la décennie, contre un objectif officiel de 30%.
Le rapport annuel, remis au gouvernement lundi, passe en revue les progrès réalisés jusqu’à la fin 2021 par rapport aux objectifs officiels de réduction des émissions, dans l’ensemble de l’économie et dans certains secteurs spécifiques.
La référence des réductions est le taux de gaz à effet de serre de 2015.
La plupart de ces objectifs – globaux et sectoriels – ont été soumis en août 2021 à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Le document annonce des écarts significatifs entre les objectifs et les résultats attendus sur la quasi-totalité des promesses faites par le gouvernement.
En ce qui concerne les déchets solides, par exemple, l’ONU s’attend à ce que les émissions israéliennes diminuent d’au moins 47 % d’ici la fin de la décennie, par rapport à 2015, mais elles ne diminueront probablement que de 19 %, selon le rapport.
La quantité de déchets municipaux envoyés dans les décharges devrait être réduite de 71 % par rapport à 2018, où elle s’élevait à 4,5 millions de tonnes. De manière plus réaliste, on estime que le chiffre tombera à 3,4 millions de tonnes, soit une réduction de 24 % seulement.
Le secteur de l’électricité devrait connaître une baisse de 30 % des émissions d’ici 2030, par rapport à 2015, mais la réalité devrait avoisiner les 21 %.
De la même manier, l’industrie est supposée réduire ses émissions de 30 %, mais 17 % semble bien plus réaliste.
Toujours selon le rapport publié lundi, l’essentiel de la baisse des émissions enregistrée en 2021 provient du secteur de l’électricité ( avec une baisse de 10 % par rapport à 2015), en raison d’une moindre utilisation du charbon.
Les émissions provenant des déchets ont diminué de 4 % au cours de cette année, mais ont augmenté de 13 % dans l’industrie et de 2 % dans les transports.
Israël est non seulement à la traîne par rapport à ses propres objectifs, mais il est également beaucoup moins ambitieux que les autres pays développés, montre le rapport.
Il établit ainsi que le pays n’a réduit ses émissions totales, en 2020, que de l’ordre de 2 %, contre 11 % à 20 % dans d’autres pays occidentaux.
L’année 2021 a enregistré une baisse de 3 % supplémentaires, mais selon le rapport, ce rythme est loin d’être suffisant pour atteindre 27% d’ici 2030.
Les résultats ont été présentés par Gil Proaktor, responsable du changement climatique au ministère de la Protection de l’environnement, aux côtés de la ministre, Idit Silman, et d’autres responsables. Il a déclaré que les décideurs devaient prendre conscience du fait que la réduction des émissions était profitable à l’économie.
Les réductions d’émissions réalisées en 2021 ont en effet permis d’économiser 2,7 milliards de shekels, a-t-il précisé, sans parler des économies indirectes sur les dommages causés par la pollution en matière d’environnement et de santé publique. Le montant serait de 10 milliards de shekels si le gouvernement atteignait ses objectifs en 2030.
Mais pour ce faire, il faudrait adopter une loi sur le climat, qui obligerait le gouvernement à atteindre ses objectifs, définir les infrastructures nécessaires et donner un cadre pérenne au marché.
Cela impliquerait également l’adoption d’une taxe sur le carbone, a poursuivi Proaktor, rappelant que si les fabricants et exportateurs israéliens n’étaient pas obligés de payer la taxe en Israël, ils seraient facturés aux frontières d’autres pays, ce qui affecterait leur compétitivité.
Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne, par exemple, entrera en vigueur en octobre.
Le rapport énumère les mesures que le gouvernement devrait prendre pour remplir ses engagements.
Il s’agit notamment de convertir le méthane des usines de traitement des eaux usées en énergie, d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes visant à réduire les émissions dans l’agriculture et à promouvoir l’efficacité énergétique en général, fermer les industries pétrochimiques de Haïfa, dans le nord du pays, d’ici 2030 et remplacer beaucoup plus rapidement que prévu les combustibles fossiles par des énergies renouvelables pour produire de l’électricité.
Des mesures supplémentaires prévoient la fermeture des centrales au charbon, l’obligation d’installer des panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments (les entrepreneurs peuvent actuellement choisir entre le gaz solaire et le gaz fossile), l’adaptation du réseau de distribution d’électricité afin qu’il puisse faire face à davantage d’énergies renouvelables et la fourniture de liquidités pour encourager l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques et de panneaux solaires sur les sites déjà utilisés, par exemple, en tant que parkings.