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Israël attend le lancement des monnaies numériques d’autres pays pour se lancer

L'innovation monétaire fait encore l'objet de recherches ; convaincre le public de l'adopter pourrait rationaliser les paiements et briser le duopole bancaire selon la Banque d'Israël

Les bureaux principaux de la Banque d'Israël, à Jérusalem, le 12 août 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les bureaux principaux de la Banque d'Israël, à Jérusalem, le 12 août 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La Banque d’Israël (BOI) reste engagée dans le projet d’une monnaie numérique, le shekel, afin d’améliorer le système de paiement israélien et de favoriser l’innovation, mais il est peu probable qu’elle en lance une avant les autres économies avancées.

« Nous attendons tous que la première banque centrale occidentale « tire la première », ce qui sera presque certainement la Banque centrale européenne (BCE). Cela pourrait ensuite mener à une ruée des pays vers la monnaie unique », a déclaré Andrew Abir, gouverneur adjoint de la Banque d’Israël, à l’agence Reuters.

Au mois de mars, 134 pays, représentant 98 % de l’économie mondiale, se sont penchés sur la possibilité de créer des versions numériques de leurs monnaies, qui remplaceraient à terme l’argent liquide. Certains pays, comme la Chine, en sont à des stades avancés de leurs programmes pilotes, et la Réserve fédérale américaine est à la traîne.

C’est en 2017 que la BOI a commencé à envisager la possibilité d’une monnaie numérique de la banque centrale, ou MNBC, comme solution pour instaurer un système de paiement plus efficace. Elle a intensifié ses recherches et ses préparatifs dès 2020.

La banque a testé le shekel numérique avec ses homologues hongkongais, suédois et norvégiens, ainsi qu’avec la Banque des règlements internationaux. La BOI a invité des sociétés financières traditionnelles et de la technologie financière, ou fintech, à participer à son projet, connu sous le nom de « Digital Shekel Challenge », afin d’en démontrer les cas d’utilisation possibles.

Malgré la planification et une économie mondiale de plus en plus numérique, la BOI a indiqué qu’elle n’était pas certaine de pouvoir lancer un shekel numérique à terme. Son expérience est considérée comme un « plan d’action » destiné à être prêt lorsque la banque le jugera approprié et nécessaire.

La BCE a également déclaré qu’il était probable, mais pas inévitable, qu’un euro numérique soit introduit en Europe, qui dépend des services de paiement transfrontaliers d’autres pays, en particulier des géants américains Visa et Mastercard.

« La grande question est de savoir si le public va adopter la monnaie numérique », a déclaré Abir, en précisant que la BOI avait lancé une étude comportementale sur le sujet.

« Il y a un grand pas entre une étude et convaincre les gens de l’utiliser. Il faut disposer d’un bon ensemble de cas d’utilisation. »

Un homme passe devant une statue du signe de l’euro dans le couloir de la Banque centrale européenne à Francfort, en Allemagne, le 6 juin 2024. (Crédit : Michael Probst/AP)

Questions sur l’adoption de la monnaie

Abir souhaiterait voir l’éventuelle monnaie numérique verser des intérêts afin de créer une concurrence avec les dépôts bancaires et d’inciter le public à la détenir.

Le système bancaire israélien est très concentré, avec deux grandes banques qui dominent plus de 60 % du marché.

« Notre principale motivation est de créer des conditions de concurrence équitables pour les prestataires de services de paiement et de leur permettre de rivaliser avec les banques », a-t-il déclaré.

« L’avantage d’une MNBC est que le prestataire de services de paiement ne détient pas votre argent et que vous n’avez donc pas de risque de crédit vis-à-vis de cette société », a ajouté Abir. « Cela permet de réduire le niveau de supervision et les exigences en matière de capital par rapport à un prestataire de services de paiement traditionnel qui détient votre argent, même pour de brefs moments. »

Le chef de la Banque d’Israël, Amir Yaron, à gauche, remet au Premier ministre Benjamin Netanyahu le rapport de fin d’année de la banque centrale à Jérusalem, le 28 mars 2024. (Crédit : Amos Ben-Gershom/GPO)

Selon Abir, un shekel numérique permettra au public de payer avec l’argent de la banque centrale « partout et pour toutes les transactions que nous choisissons. »

Si la BOI décide de lancer un shekel numérique, elle devra très probablement obtenir l’approbation des ministères des Finances et de la Justice.

« Il faudra du temps avant qu’il n’entre dans notre vie à tous si nous décidons de le mettre en œuvre », a déclaré Abir. « Mais elle a le potentiel d’être la prochaine révolution dans les systèmes de paiement. »

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