Israël autorise 540 logements à Har Homa
Des organisations de gauche affirment que ces constructions rendraient plus difficile la création d'une éventuelle capitale palestinienne contiguë à Jérusalem
Une commission de planification israélienne a autorisé mercredi après-midi la construction de 540 nouveaux logements dans un quartier controversé de Jérusalem-Est. Il s’agit de la première construction juive dans la partie orientale de la ville, à majorité palestinienne, depuis l’investiture du président américain Joe Biden.
Les nouveaux logements approuvés concernent Har Homa, un quartier situé près du quartier palestinien de Sur Baher et de la ville de Bethléem en Cisjordanie. Cette zone, connue sous le nom de Har Homa Est, étendrait considérablement les limites du quartier juif.
La construction à Har Homa Est a été longtemps annoncée mais longuement retardée. Le dernier effort en date pour construire davantage de logements à Har Homa remonte à février dernier, lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annoncé, à la veille des élections de mars 2020, qu’il avait levé les restrictions à la construction dans cette zone, suscitant ainsi la controverse.
« La coexistence à Jérusalem », avait alors déclaré Netanyahu. « Jérusalem est en train de se construire et de s’étendre. Nous connectons toutes les parties de la Jérusalem unie. J’ai supprimé toutes les restrictions, et maintenant Jérusalem se construit sous mon autorité. »
Des personnalités de gauche et de droite affirment que le quartier de Har Homa est important pour la même raison – il a le potentiel de créer une bande continue de quartiers juifs dans la région. Certains groupes de gauche affirment que cela pourrait sérieusement compliquer la création d’une éventuelle capitale palestinienne contiguë à Jérusalem.
L’extension de Har Homa rejoindrait effectivement un autre quartier controversé prévu au nord-est – Givat HaMatos – séparant ainsi les quartiers palestiniens de Beit Safafa et Sur Baher de la ville de Bethléem en Cisjordanie.
Récemment approuvé par la commission locale, le plan d’ensemble des unités doit être examiné par la commission d’urbanisme du district de Jérusalem le 21 avril. S’il est approuvé, le quartier ira officiellement de l’avant.
Selon l’organisation à but non lucratif de gauche Ir Amim, les 540 logements de Har Homa Est sont les premiers à être approuvés au-delà de la ligne verte à Jérusalem-Est depuis que Biden a remplacé son prédécesseur Donald Trump.
Les responsables de l’administration Biden ont déclaré qu’ils exhorteraient Israël et les Palestiniens à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales, notamment la construction de nouvelles implantations. On ignore quelle pression les États-Unis entendent exercer sur les constructions effectuées à Jérusalem intra muros, que Trump a reconnue comme la capitale d’Israël.
« L’avancement du plan est un signe inquiétant pour ceux qui pensaient que le changement de pouvoir aux États-Unis forcerait Israël à restreindre la construction dans ses implantations », a déclaré Aviv Tatarsky, chercheur à Ir Amim, dans un communiqué.
Israël revendique l’ensemble de Jérusalem, y compris les quartiers capturés lors de la guerre des Six Jours en 1967, comme sa capitale indivisible et éternelle. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est, y compris le mont du Temple et la Vieille Ville, comme la capitale d’un futur État.
La communauté internationale, notamment les Nations unies et l’Union européenne, considère que les quartiers juifs de Jérusalem-Est sont illégaux. Israël conteste cette affirmation, indiquant jouir d’une souveraineté totale sur l’ensemble de Jérusalem.
Tout comme l’extension de Har Homa, Givat Hamatos est en cours de construction. Quelque 1 257 unités de logement ont été vendues aux enchères en janvier par l’État à des entrepreneurs privés, malgré une pétition d’Ir Amim qui jugeait la vente aux enchères « discriminatoire ».
Le plan de construction à Givat Hamatos a été avancé pour la première fois en 2012, suscitant une large condamnation de la communauté internationale. Il a été reporté à plusieurs reprises pendant près de huit ans.