Israël devrait se concentrer sur l’égalité et la concurrence – chef de l’OCDE
Mathias Cormann affirme que la réduction des formalités administratives et la réduction des écarts socio-économiques sont essentielles pour obtenir une économie performante
Ricky Ben-David est journaliste au Times of Israël
Le chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déclaré dimanche aux ministres qu’Israël devrait se concentrer sur la réduction des écarts socio-économiques, de la bureaucratie, et stimuler compétitivité et productivité de son économie, au-delà de son secteur technologique dynamique.
Mathias Cormann, secrétaire général des 38 pays membres de l’OCDE, était en Israël lors de sa première visite en tant que chef de l’organisation. Il s’est joint à la réunion hebdomadaire du cabinet dirigée par le premier ministre Naftali Bennett pour discuter de l’économie d’Israël, des réformes fiscales et des répercussions de la pandémie de COVID-19.
Cormann, homme politique australien devenu secrétaire général de l’OCDE en juin, a salué la croissance économique d’Israël au cours des dernières décennies « à la suite de réformes structurelles [et] d’une gestion macroéconomique efficace », son industrie technologique très performante, ainsi que sa gestion habile des deux dernières vagues de la pandémie (Delta et Omicron).
« La gestion efficace du COVID-19 par Israël a été l’une des plus avancées et des plus flexibles au monde, en maintenant Israël pleinement ouvert à travers les quatrième et cinquième vagues, et a été une source d’inspiration pour d’autres pays », a-t-il déclaré.
L’OCDE a souligné que l’économie israélienne avait rebondi fortement en 2021, progressant d’environ 6,3 % sous l’impulsion du secteur des technologies, et prévoyait une nouvelle croissance en 2022.
Cormann a déclaré que l’OCDE estime que « la reprise économique robuste d’Israël se poursuivra cette année et l’année prochaine ».
Toutefois, le pays fait également face à des défis de longue date, tels que la faible productivité (estimée par l’OCDE à 35 % de moins que les meilleurs résultats enregistrés par l’organisation) en raison de la disparité entre le secteur des technologies et les secteurs plus traditionnels, les industries fortement réglementées telles que l’industrie manufacturière, et l’élargissement des écarts socio-économiques.
« Certains des défis structurels auxquels Israël est confronté sont liés à son économie à deux vitesses et à la nécessité de combler les écarts socio-économiques pour favoriser la performance de l’économie », a déclaré Cormann à la réunion du cabinet dimanche.
« La productivité remarquable du secteur dynamique des hautes technologies en Israël contraste fortement avec les niveaux de productivité plus faibles des secteurs plus traditionnels, qui emploient la majeure partie de la main-d’œuvre en Israël. Cela contribue au ralentissement des gains de productivité globale », a-t-il déclaré.
Le secteur des technologies en Israël représente environ 10 % de la main-d’œuvre, mais représente « la plus importante source de croissance des exportations », selon le ministère de l’Économie.
Selon l’évaluation de l’OCDE, « si Israël réduisait son niveau de bureaucratie et de réglementations excessives accumulés au fil des ans, cela contribuerait certainement à stimuler la concurrence, la performance, et à réduire les prix », a ajouté Mathias Cormann.
La coalition de Naftali Bennett a été la cible d’une colère publique au cours des dernières semaines, face à la flambée des prix de l’alimentation, de l’électricité et du gaz. La semaine dernière, le gouvernement a dévoilé un plan de 4,4 milliards de shekels pour faire face à la hausse du coût de la vie, qui comprendra une série de mesures visant à réduire les impôts des familles de travailleurs. Le plan vise également à réduire les droits de douane à l’importation sur divers produits, et à accroître la concurrence sur les marchés, mais suite à ces déclarations, les éléments concrets demeurent encore flous.
Les efforts entrepris par Israël en matière de réformes, a déclaré Mathias Cormann, « devraient mettre l’accent sur une croissance plus large de la productivité, au-delà du secteur performant des hautes technologies, et simultanément s’attaquer aux écarts socio-économiques ».
Lors d’un message sur les réseaux sociaux il a affirmé que « l’amélioration de l’égalité des chances par l’éducation et le développement des compétences » était un effort clé qu’Israël devait entreprendre.
Naftali Bennett a déclaré lors de la réunion que l’économie d’Israël était « sur la bonne voie », mais qu’elle faisait face à « bon nombre de défis ».
« Nous devons réformer les parties stagnantes de notre économie et accroître la concurrence. Nous n’avons pas suffisamment de concurrence intérieure, et ce n’est pas chose facile à réaliser. Nous devons avoir le courage de prendre ces mesures » a déclaré dimanche le premier ministre .
Le secrétaire général de l’OCDE a également rencontré le ministre des Finances Avigdor Liberman à Jérusalem dimanche, et devait rencontrer plus tard le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron.
La semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré qu’Israël avait « exceptionnellement bien résisté à la pandémie de COVID-19 » grâce à une campagne de vaccination rapide et efficace et à une économie qui se redresse rapidement, mais que le pays faisait toujours face à des problèmes significatifs en 2022, comme la flambée des prix des logements, et les difficultés d’accession à la propriété.
Le rapport du FMI a également indiqué que les efforts d’Israël pour réduire les obstacles au commerce international seraient « essentiels pour promouvoir une allocation efficace des ressources, des investissements et de l’innovation », et aider à stimuler la concurrence et à réduire les coûts.