Israël remporte le vote du public dans 14 pays de l’Eurovision et dans le « reste du monde »
Ce sont les publics de l'Australie, de la Belgique, de la Finlande, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de Saint-Marin, d'Espagne, de Suède, de Suisse et du Royaume-Uni qui ont accordé le nombre de points le plus élevé à Eden Golan
La Suisse peut bien s’être emparée de la couronne et la Croatie peut avoir, de son côté, remporté – de peu – le vote populaire, mais c’est Israël qui a reçu le plus grand nombre de votes par téléphone, dans le nombre le plus élevé de pays, lors du concours de l’Eurovision, samedi soir. Et notamment de la part « du reste du monde ».
Après de longs mois d’appels lancés en faveur de l’exclusion d’Israël de la compétition, les votants de 14 pays différents – le télévote était accessible dans 37 pays – en plus du groupe du public des nations « non-participantes », ont accordé la note maximale, douze points, à l’État juif. Eden Golan a finalement terminé cinquième des 25 candidats qui sont montés sur la scène de la finale de l’Eurovision, cette année.
En fin de compte, Israël a obtenu les meilleures notes des votants en Australie, en Belgique, en Finlande, en France, en Allemagne, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au Portugal, à Saint-Marin, en Espagne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni – en plus de l’ensemble formant « le reste du monde ». Le pays a aussi obtenu dix points, la seconde meilleure note possible, en Albanie, en Autriche, à Chypre, en Tchéquie, en Moldavie, en Slovénie et même en Irlande, pays considéré par de nombreux observateurs comme l’un des pays les plus défavorables à Israël de toute l’Europe.
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En tout, l’État juif a récolté 323 points grâce aux télévotes du public, arrivant juste derrière la Croatie (avec 337 points) et avant l’Ukraine (avec 307 points).
La performance d’Israël, c’est notable, a été beaucoup moins bonne auprès du jury – chaque pays présente ainsi les résultats des votes d’un groupe de professionnels de la musique. Le pays a obtenu seulement 52 points, arrivant ainsi à la douzième place, ce qui a amené certains Israéliens à dénoncer un camouflet d’ordre politique. Et pourtant, Israël termine tout de même avec un plus grand nombre de points attribués par le jury que le Royaume-Uni, la Grèce, la Lettonie, Chypre, la Lituanie, la Serbie, l’Espagne, l’Autriche, la Géorgie, la Slovénie, la Norvège, la Finlande et l’Estonie.
This is quite the difference. Israel got 12 points from the public in 15 countries (incl. the rest of the world), was second in the televote. But almost no juries awarded them any points. The difference is 271 points, by far the largest in the final. #Eurovision2024 #Eurovision pic.twitter.com/zr8qZWvMwE
— Kimmo Grönlund (@KimGron) May 12, 2024
Il y a souvent des écarts entre les choix qui peuvent être faits par le jury et ceux du public, ce qui a entraîné des débats entre fans, au fil des années, sur une éventuelle abolition du vote professionnel. Le télévote n’est utilisé à grande échelle que depuis 1998, lorsque les avancées technologiques avaient enfin permis de les décompter rapidement et le vote par internet n’a fait son apparition que plus tard. Cette année, par exemple, le Royaume-Uni est arrivé à la 13e place dans le vote du jury et il a obtenu zéro vote via le système de télévote, le laissant à la 18e place du classement.
Concernant le vote israélien, le public et le jury ont accordé la meilleure note, douze points, au Luxembourg qui, cette année, était représenté par Tali, née en Israël – l’une des rares candidates à avoir accepté de se montrer aux côtés de Golan en public. Les Israéliens ont donné dix points à l’Ukraine ; huit points à l’Allemagne ; six points à l’Arménie ; cinq points à la Croatie ; quatre points à la Georgie ; trois points à l’Autriche ; deux points à la France et un point à Chypre.
Lors des demi-finales, où seul le télévote est utilisé pour déterminer l’avancée des candidats en finale du concours, Israël a reçu la majorité des points dans l’ensemble, jeudi dans la soirée, devançant légèrement les Pays-Bas – l’un des favoris des fans qui a ensuite été disqualifié après que Joost Klein, le candidat, s’est retrouvé impliqué dans une altercation avec une cadreuse de l’émission, altercation au cours de laquelle des menaces ont été proférées.
Le succès phénoménal remporté par Israël dans ces télévotes a été une surprise plutôt désagréable pour tous les activistes qui ont tenté, pendant des mois, d’exclure le pays de la compétition – en vain. Pendant le vote du jury, la représentante d’Israël, Maya Alkulumbre, a été huée par certains membres du public, et certains ont également laissé échapper des sifflets à chaque fois qu’un pays accordait des points à Israël.
Comment ce pays, devenu un paria pour un si grand nombre en raison de la guerre en cours à Gaza contre les terroristes palestiniens du Hamas, a-t-il fini par être si populaire ? Il n’y a pas de réel moyen d’analyser les motivations de millions de votants – et l’UER (European Broadcasting Union) ne révèle jamais précisément le nombre de personnes qui ont voté. Toutefois, quelques tendances se démarquent clairement.
La plus manifeste, c’est que les voix qui se font entendre avec le plus de force sur internet ne représentent pas nécessairement la majorité dans son ensemble, ou la majorité de ceux qui décideront de voter dans le cadre d’un concours de chant. Des mois et des mois d’hystérie frénétique, sur les réseaux sociaux et sur les forums Reddit, ne se traduisent pas nécessairement en votes dans la vie réelle.
Et ce sont les mêmes, sur internet, qui ont, bien sûr, évoqué un complot sioniste mondial pour expliquer les résultats des télévotes. La réalité, c’est qu’il y a eu – c’est évident – une mobilisation calculée, organisée des soutiens d’Israël qui ont voté pour Golan dans un contexte de menaces et de haine intenses, et que cela a entraîné la participation de personnes qui, le cas échéant, n’auraient ni regardé, ni voté dans le cadre de l’Eurovision.
C’est aussi beaucoup plus facile de voter pour un pays que contre – si les activistes anti-israéliens ne se sont pas rassemblés autour d’un candidat en particulier et s’ils ont boycotté le vote de manière plus générale, il est clair que leurs sentiments n’ont pas été pris en compte et qu’ils ne se sont pas reflétés dans les résultats.
Golan et Israël ont aussi, ironie de l’histoire, été dynamisés par le boycott – toute l’attention et la couverture médiatique de la controverse ont donné à la jeune chanteuse une meilleure exposition que cela peut être le cas habituellement. Certains votants ont aussi voulu, très certainement, réagir contre le traitement de paria qui a été réservé à la jeune femme de 20 ans par certains fans, par certains bloggeurs de l’Eurovision et également par certains concurrents.
Et rien de cela ne doit faire oublier le fait que certains votes n’ont eu aucune connotation politique et qu’ils se sont basés sur la musique. Difficile de nier le fait que Golan a une véritable puissance vocale et que ses apparitions sur scène sont presque identiques à ses enregistrements en studio. « Hurricane » était également l’une des rares ballades sentimentales de la soirée, perdue dans un océan de sons pop entraînants et de chansons issues de la folk music.
Golan a atterri en Israël dimanche matin, quelques heures seulement après la fin du concours, et elle a fait part de sa gratitude à l’égard de tous ses soutiens.
« Merci au pays tout entier et merci à ceux qui sont restés avec moi, j’ai ressenti l’intensité de votre amour et de votre soutien – vous n’imaginez pas combien cela m’a aidée, combien cela m’a donné de la force », a-t-elle déclaré peu après être sortie de l’avion.
« J’ai représenté le pays et j’ai été la voix de tous ceux qui doivent rentrer à la maison dès maintenant », a-t-elle ajouté, faisant référence aux otages qui se trouvent encore entre les mains des factions terroristes de la bande de Gaza. Elle a remercié tout particulièrement « les services qui ont assuré notre sécurité » pendant les semaines passées par la délégation à Malmo avait le concours, dans un contexte de menace élevée.
Golan est restée largement enfermée dans sa chambre d’hôtel pendant les semaines qui ont précédé le spectacle, renonçant largement à assister aux événements qui étaient organisés dans le cadre du concours, à l’exception des répétitions en direct et autres performances sur scène – en raison de la menace qui planait à la fois sur la jeune femme et sur sa délégation.
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