Israël-Hamas : une force moderne contre des groupes terroristes soutenus par l’Iran
La perspective s'accroît d'une incursion d'Israël à Gaza, plaçant les soutiens des deux camps sous tension
Un Etat aux puissantes capacités militaires soutenu par Washington, face à des groupes terroristes appuyés par l’Iran.
Tour d’horizon des forces armées en présence dans un conflit déclenché le 7 octobre par l’attaque sanglante sans précédent commise par le mouvement terroriste islamiste palestinien contre Israël et qui a fait plus de 1 400 Israéliens morts, en majorité des civils, et quelques 220 otages, dont des bébés.
Israël
Selon l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), l’armée israélienne compte 169 500 hommes et femmes auxquels s’ajoutent 400 000 réservistes. Quelque 360 000 d’entre eux ont été mobilisés, selon Israël.
Cette armée s’appuie sur l’une des industries d’armement les plus avancées du monde, avec notamment son système de défense antimissile « Dôme de fer ».
En conflit quasi-permanent depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, elle compte quelque 1 300 chars et autres blindés, artillerie, drones, sous-marins ainsi que 345 avions de chasse, estime l’IISS.
Puissance nucléaire supposée, Israël bénéficie d’un programme de coopération militaire avec Washington qui, en 2021, dépassait les 125 milliards de dollars versés depuis 1948.
L’offensive terrestre, annoncée comme imminente après les attaques du 7 octobre, n’a pas encore été déclenchée.
Hamas
Le mouvement terroriste islamiste palestinien s’appuie sur un arsenal hétéroclite accumulé depuis des années, avec notamment l’appui de l’Iran et de la Syrie.
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Ses armes lourdes viennent d’Iran, de Syrie, de Libye et d’autres pays du Moyen-Orient. Ses fusils d’assaut sont originaires de Chine, des pays de l’Est et des stocks israéliens saisis dans les combats, précise un expert occidental en armement qui requiert l’anonymat et connu sur X (ex-Twitter) sous le pseudonyme Calibre Obscura.
La majeure partie des roquettes employées par le Hamas et ses groupes alliés, notamment le groupe terroriste palestinien du Jihad islamique, sont technologiquement rudimentaires et fabriquées localement. Le Hamas dispose aussi de drones, mines, engins explosifs improvisés, missiles guidés antichar, lance-grenades, obus de mortier.
Aucun chiffre n’est disponible sur leurs volumes. Mais le Hamas, selon des experts, peut tenir le combat longtemps.
Selon l’IISS, les brigades Al-Qassam du Hamas sont constituées de 15 000 à 20 000 combattants. L’Institut israélien pour les études de sécurité (INSS) adopte lui le chiffre de 15 000, mais souligne que des médias arabes parlent de 40 000.
Le Hezbollah
Les affrontements se multiplient à la frontière avec le Liban entre le mouvement terroriste chiite pro-iranien Hezbollah et Israël, tout en restant sporadiques.
« Le Hezbollah peut mobiliser des ressources de l’armée israélienne sans avoir à s’engager complètement », estime le Soufan Center, basé à New York, évoquant la volonté du Hezbollah de la forcer à maintenir des forces sur sa frontière nord.
En 2021, ce groupe revendiquait 100 000 combattants. L’INSS en compte moitié moins.
La plupart d’entre eux « ne sont pas des combattants à temps plein et s’engagent si et quand les commandants du groupe le demandent », explique à l’AFP Elliot Chapman, expert de la région pour la société de renseignement britannique Janes.
Au début de la guerre civile en Syrie, le Hezbollah aurait mobilisé quelque 40 000 hommes, ajoute-t-il.
L’INSS évalue son arsenal à entre 150 000 et 200 000 roquettes et missiles de toutes sortes, dont « des centaines de missiles de précision ». Le groupe a organisé des manœuvres en mai, montrant aussi des systèmes d’armes iraniens, syriens, russes et chinois.
« Stratégiquement, son arsenal de roquettes constitue sa capacité la plus significative pour combattre Israël », précise Elliot Chapman.
Renforcement américain
De part et d’autres, les alliés des deux camps échangent joutes oratoires et gesticulations militaires.
Les Etats-Unis ont annoncé samedi dernier un renforcement de leur dispositif militaire face aux « récentes escalades par l’Iran » et ses alliés.
Un système de défense antimissile à haute altitude (THAAD) et des batteries de missiles sol-air Patriot seront déployés « à travers la région », selon le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.
Des forces militaires « supplémentaires » seront en état de « pré-déploiement », afin d’augmenter « leur capacité à répondre aussi vite que nécessaire ».
Washington avait déjà livré des munitions et déployé en Méditerranée orientale deux porte-avions avec leurs flottes de soutien, dont l’USS Gerald Ford, le plus gros navire de guerre du monde. Environ 2 000 militaires avaient aussi été placés en état d’alerte.
Menaces iraniennes
« La région est comme une poudrière (…). Je voudrais avertir les États-Unis et le régime israélien fantoche que s’ils ne mettent pas immédiatement un terme aux crimes contre l’humanité et au génocide à Gaza, tout est possible à tout moment et la région deviendrait incontrôlable », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Les analystes occidentaux minimisent l’hypothèse d’un engagement direct de l’Iran, mais pointent son incontournable soutien au Hamas, au Hezbollah et aux rebelles Houthis du Yemen, membres de « l’axe de résistance », appellation informelle des groupes terroristes ennemis d’Israël.
« Il semble qu’à ce stade l’Iran n’ait pas intérêt à ce que le Hezbollah s’engage dans une guerre totale », estimait en début de semaine Raz Zimmt, expert de l’Iran à l’INSS.
Mais « une invasion terrestre israélienne (…) pourrait forcer l’Iran à prendre une décision concernant l’ouverture d’un nouveau front actif » via le Hezbollah », ajoutait-il.