Israël : il n’y a « aucune liberté » dans la Turquie d’Erdogan
La déclaration du ministère des Affaires étrangères israélien survient en réponse à la condamnation du ministère turc des Affaires étrangères des frappes visant le Hezbollah

Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné samedi les frappes aériennes israéliennes menées la veille au Liban, affirmant qu’elles témoignaient du « mépris flagrant d’Israël pour le droit international et de la menace permanente qu’il fait peser sur la sécurité et la stabilité de la région ».
En réponse, le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan de « réprimer violemment ses propres citoyens et de procéder à des arrestations massives d’opposants politiques ».
« Dans la Turquie d’Erdogan, il n’y a ni justice, ni loi, ni liberté », a déclaré Israël, ajoutant qu’Israël continuerait à se défendre et à défendre ses citoyens.
Suite aux deux projectiles tirés depuis le Liban vers le territoire israélien vendredi, l’armée de l’air israélienne a frappé quinze cibles du Hezbollah, notamment un bâtiment à Beyrouth qui, selon Tsahal, était utilisé par le groupe terroriste chiite libanais comme site de stockage de drones.
Quant à la réponse du ministère israélien, elle faisait référence à l’arrestation mi-mars du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, principal opposant à Erdogan.
Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Istanbul, à l’appel du CHP, le parti d’opposition du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour dénoncer l’arrestation de l’édile, malgré la répression qui continue de s’abattre sur les protestataires.

La foule s’est retrouvée à la mi-journée sous un ciel bleu sur la rive asiatique de la métropole « pour poursuivre la marche vers le pouvoir », selon l’appel du chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, qui a avancé le chiffre de 2,2 millions de manifestants.
L’arrestation de M. Imamoglu le 19 mars a déclenché une vague de protestations inédite en plus d’une décennie à travers la Turquie, mobilisant des dizaines de milliers de manifestants chaque soir dans les rues, jusqu’à lundi soir.
Depuis, le parti a cessé de convoquer la foule devant la municipalité. Mais dans un entretien au quotidien français Le Monde, daté de samedi, Özgür Özel, devenu le porte-voix de l’opposition, annonce la tenue de rassemblements réguliers à venir, tous les mercredis à Istanbul, les samedis dans une ville différente.
« Si nous ne repoussons pas cette tentative de coup d’Etat, il en sera fini des urnes », prévient-il.
Le CHP s’apprêtait à investir M. Imamoglu comme son candidat pour la prochaine présidentielle prévue en 2028 quand il a été arrêté et envoyé en prison cinq jours plus tard.
En ce début du long week-end de l’Aïd el Fitr, célébré dimanche pour marquer la fin du ramadan, cet afflux a valeur de test pour l’opposition.

Si les jeunes et les étudiants surtout ont tenté de poursuivre la mobilisation, la répression qui continue avec des arrestations, chez eux à l’aube, de manifestants, journalistes, avocats pourrait rebuter les plus déterminés.
Rien qu’à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 incarcérés, selon l’avocat Ferhat Güzel, pour qui « ce nombre est probablement beaucoup plus élevé ».
Selon les derniers chiffres officiels, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées dont 260 avaient été incarcérées.
Vendredi soir, le journaliste suédois Joakim Medin, interpellé jeudi à sa descente d’avion, a été placé en détention à Istanbul, selon le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson.
Selon les médias turcs le reporter est accusé d’avoir « insulté le président » turc et d’être « membre d’une organisation terroriste armée », ce que M. Gustavsson a catégoriquement exclu.