Israël lance la privatisation tant attendue de ses services postaux
Dans le cadre de cette privatisation, le gouvernement vendra 100 % de ses services postaux au privé après leur stabilisation financière
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Israël a annoncé, mardi, la vente prochaine de ses services postaux, une semaine après la finalisation par le gouvernement du projet de privatisation de son entreprise publique.
Dans le cadre de cette privatisation, 100 % des parts des services postaux seront cédées au plus offrant.
Ces derniers mois, l’entreprise a fait l’objet d’importantes mesures de réorganisation et redressement, parmi lesquelles une réduction des effectifs, pour la sauver de la faillite.
L’Autorité des Entreprises Publiques a rendu publics, mardi, les détails de la procédure d’appel d’offres, qui sera accompagnée par la banque d’investissement Rothschild & Co. Ces prochaines semaines, une conférence à destination des investisseurs potentiels – israéliens comme étrangers – sera organisée et un bureau d’information sera ouvert.
Les investisseurs, israéliens ou étrangers, devront justifier d’un capital minimum de 500 millions de shekels pour pouvoir faire une offre. D’ici septembre, les candidats potentiels pourront solliciter des renseignements, dans le cadre du processus initial de sélection. La date limite pour la remise des offres est prévue au premier trimestre 2024, après quoi le nom du soumissionnaire retenu sera annoncé.
« La privatisation du service postal est une excellente nouvelle pour l’économie israélienne, le Trésor et la population, qui bénéficiera d’un meilleur service, plus rapide et de meilleure qualité », a déclaré Michal Rosenbaum, directrice de l’Autorité des Entreprises Publiques. « Le service postal est prêt pour la privatisation… Son potentiel est énorme : je m’attends à ce que les investisseurs montrent un grand intérêt. »
Le gouvernement souhaite privatiser ses services postaux depuis 2018 au moins, face à la baisse de leur rentabilité et de leur trésorerie ainsi que de la concurrence accrue d’autres acteurs. Les précédentes tentatives de privatisation tablaient sur une vente partielle des parts de l’entreprise.
En juillet 2022, le gouvernement a décidé de renoncer à son projet de cession de 40 % de l’entreprise via une offre publique à la Bourse de Tel Aviv et choisi de vendre 100 % du capital, dans les 16 mois, à un investisseur privé chargé d’améliorer et moderniser le service.
Fondée en 1948 au moment de la création de l’État d’Israël, la poste israélienne est devenue une entreprise publique en 2006. Elle dessert aujourd’hui 38 millions de clients par an et compte plus de 1 000 points de service dans tout le pays – 398 succursales postales et 640 points de dépôt et collecte – ainsi que 1,4 million d’utilisateurs de ses applications mobiles. Elle possède 278 actifs immobiliers en Israël, évalués à quelque 600 millions de shekels.
Elle fournit également des services bancaires par l’intermédiaire de la Banque postale, qui compte 1 million de clients environ, dont plus de 600 000 ont des comptes de dépôt pour un montant total de 4,7 milliards de shekels. Enfin, elle compte quelque 3 880 employés.
La privatisation totale a vocation à faire évoluer l’entreprise, qui a fait l’objet d’une réforme stratégique après 2015 pour se débarrasser de son image de « courrier postal », comme nombre d’entreprises postales dans le monde entier.
Connue pour la mauvaise qualité de son service, ses longues files d’attente et ses retards dans l’acheminement du courrier, elle a subi ces douze derniers mois un processus de redressement et stabilisation financière de l’ordre d’1,7 milliard de shekels, et établi un projet stratégique et financier pour les années à venir.
Dans le cadre de ce plan de relance, 1 050 emplois à temps plein, soit environ 20 % des effectifs de l’entreprise, seront supprimés. Cette réduction des effectifs devrait permettre de diminuer les dépenses salariales annuelles de près de 243 millions de shekels. L’entreprise publique a également défini des objectifs stratégiques qui présupposent des investissements et l’engagement du futur acquéreur d’en faire la plus grande société de services de commerce électronique d’Israël et le principal fournisseur de solutions financières.
Ces objectifs passent par l’introduction de services automatisés comme le tri automatisé, les kiosques libre-service et le ramassage des colis, les machines de paiement et les services bancaires en ligne, de façon à s’adapter à l’ère numérique.
« Il y a environ un an et demi, la société a reçu un avertissement de continuité d’exploitation en raison d’une dégradation rapide de ses parts de marché et de sa notoriété », explique Mishael Vaknin, président de la Poste israélienne.
« Avec le ministère des Finances, l’Autorité des entreprises publiques, le ministère des Communications, la nouvelle direction de David Laron et le syndicat Histadrout, nous nous sommes accordés sur le principe de la privatisation, au moment où l’entreprise est de nouveau plus rentable, plus efficace, en croissance et dotée d’une stratégie claire. »
Grâce à la mise en œuvre du plan de redressement, la Poste israélienne a généré au premier trimestre 2023 un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements de l’ordre de 67 millions de shekels et 235 millions de projets pour l’année, après des pertes de 36 millions de shekels en 2022. On s’attend à un chiffre d’affaires de 1,7 milliard de shekels cette année, contre 1,53 milliard de shekels l’an dernier.