Jérusalem-Est : Des militants appellent à la grève et à la désobéissance civile
Des responsables du camp de réfugiés de Shuafat ont affirmé que l'augmentation de l'activité policière faisait partie d'une "politique de harcèlement" suite aux récents attentats
Les militants palestiniens de Jérusalem-Est se sont préparé à une grève générale ce dimanche dans le cadre d’un appel à la désobéissance civile dans quatre zones de la partie orientale de la capitale, ont annoncé samedi des organisateurs.
Cette initiative fait suite à l’intensification de l’activité policière israélienne dans le camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem-Est au cours de la semaine dernière, dans un contexte de fortes tensions consécutives à une série d’attentats terroristes dans la capitale. Lundi, un policier est mort à la suite d’une attaque à l’arme blanche à un checkpoint situé près de l’entrée du camp de réfugiés de Shuafat, quelques heures seulement après qu’un Palestinien de 14 ans, également originaire du camp, a poignardé et légèrement blessé un adolescent israélien dans la Vieille Ville de Jérusalem.
Vendredi dernier, trois Israéliens – dont deux frères âgés de 6 et 8 ans – ont été tués dans un attentat terroriste à la voiture-bélier dans le quartier de Ramot à Jérusalem-Est. Le terroriste a été identifié comme étant un citoyen israélien résident du quartier d’Issawiya à Jérusalem-Est.
En réponse, la police a renforcé sa présence et étendu ses opérations à Jérusalem-Est, en particulier à Shuafat, provoquant la colère des résidents qui ont dénoncé « la politique de harcèlement et d’agression menée par les autorités israéliennes – y compris la police » au cours de la semaine écoulée, selon une déclaration de responsables, citée par les médias israéliens.
Ils ont déclaré que les forces de police menaient des opérations intensives dans le camp de réfugiés, notamment des arrestations, des fouilles au corps, des retards aux points de contrôle et des perturbations du trafic. Des militants du camp de Shuafat ont déclaré à Haaretz que la police se livrait à un « harcèlement vindicatif » des résidents sous la pression du député d’extrême-droite et ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.
Samedi, des responsables d’Issawiya et de Jabel Mukaber, ainsi que de la ville d’Anata en Cisjordanie, près du camp de réfugiés de Shuafat, ont déclaré que les résidents feraient également grève et pratiqueraient la désobéissance civile dans ces zones.
Les responsables ont appelé dans un communiqué de presse les ouvriers palestiniens à ne pas se présenter au travail chez les employeurs israéliens à partir de 2h du matin dimanche, et les résidents à éviter d’utiliser les services publics et de payer leurs factures municipales « en réponse aux crimes perpétrés quotidiennement par le gouvernement d’occupation à l’encontre du peuple palestinien à Jérusalem ».
Ils ont également déclaré que les entrées des routes principales de Shuafat et d’Anata seraient bloquées à la circulation.
« Nous appelons le peuple palestinien dans toutes les régions de la patrie et en particulier dans le district de Jérusalem à faire preuve de solidarité et à soutenir les étapes de la lutte, pour corriger l’injustice subie par les résidents de la région aux points de contrôle oppressifs et racistes », peut-on lire dans la déclaration.
Dans une interview samedi soir, le chef de la police, Kobi Shabtaï, a déclaré que la police opérait contre « les auteurs de crimes et de terrorisme » dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Shabtaï a insisté sur le fait que les opérations ciblaient les suspects de manière « chirurgicale » et que la police n’était pas intéressée par la punition collective.
« Il y a plus que quelques avertissements d’attentats. Ces dernières semaines, nous avons vu une augmentation tangible du nombre d’avertissements. Ce qui nous préoccupe, c’est l’inconnu – les attaquants solitaires. Je ne qualifierais pas la situation actuelle d’Intifada, mais il y a une escalade », a-t-il déclaré.
Pour aider à prévenir les attentats, Shabtaï a déclaré que les citoyens ayant des permis de port d’armes devraient porter leurs armes, concédant qu’il n’était « pas possible d’avoir des policiers à chaque coin de rue en permanence ».
Au début du mois, Ben Gvir avait accéléré le processus de délivrance des permis de port d’arme pour les civils, entraînant une forte augmentation du nombre de permis délivrés par le département des permis de port d’arme du ministère.
Shabtaï a déclaré qu’il était nécessaire d’avoir plus d’armes dans la rue, qui « ont permis, par le passé, de déjouer des attentats ». Il a cependant demandé à ce que le processus d’octroi de permis reste minutieux afin que « les armes ne finissent pas dans de mauvaises mains ».
Dans une partie de l’interview diffusée vendredi, le chef de la police a insisté sur le fait qu’il ne quitterait pas son poste, après qu’un député du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit a averti que Shabtaï serait démis de ses fonctions s’il ne commençait pas à rentrer dans le rang.
Cette déclaration semble marquer une nouvelle escalade dans la lutte pour le pouvoir entre Shabtaï et le leader d’Otzma Yehudit, Ben Gvir, qui a récemment critiqué les policiers de Jérusalem pour ne pas avoir fait usage de la force lors d’une manifestation anti-gouvernement, et a critiqué les officiers pour le déracinement d’arbres plantés illégalement en Cisjordanie.