Jérusalem : L’évolution du Paisley, des palais persans aux symboles psychédéliques
L'exposition "Paisley, un motif princier", organisée au Musée d'art islamique de Jérusalem, retrace l'histoire de ce motif phare de l’élégance masculine
- Un ensemble d'épingles en or en forme de "buteh", le terme persan pour cachemire, à "Paisley, un motif princier", une nouvelle exposition au Musée d'art islamique de Jérusalem. (Crédit : Autorisation de Shai Ben Efraim)
- La couverture de l'album "Paisley Park" de Prince, à "Paisley, un motif princier", une nouvelle exposition au Musée d'art islamique de Jérusalem. (Crédit : Autorisation de Shai Ben Efraim)
- Le papier peint de Patrick Moriarty, inspiré de Paisley Park, exposé à "Paisley, un motif princier", une nouvelle exposition au Musée d'art islamique de Jérusalem. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)
Le Paisley, ce motif en forme de goutte d’eau qui a tout décoré, des rouleaux de la Torah aux bandanas, est mis à l’honneur dans l’exposition « Paisley, un motif princier », présentée au Musée d’art islamique de Jérusalem.
Cette exposition axée sur le design, ouverte au public depuis le mois de mai, tisse un lien entre le passé et le présent en suivant l’évolution du motif paisley, ou cachemire, depuis ses origines en Iran, en Turquie, en Europe et dans le reste du monde.
Appelé à l’origine boteh, le mot persan qui signifie bouquet de fleurs, le paisley était également lié au cyprès dans la tradition folklorique zoroastrienne, l’ancienne religion pré-islamique de l’Iran.
« Il était considéré comme l’arbre de la vie », a déclaré Idit Sharoni, conservatrice en cheffe du musée, décrivant le cyprès comme un arbre à feuilles persistantes et à longue durée de vie, populaire dans la littérature et l’art persans.
Sharoni, Naama Brosh et Adi Yair ont toutes trois organisé l’exposition.
« Paisley, un motif princier » met en lumière des exemples de ces premiers motifs paisley persans dans des tapisseries, des châles et des tissus, dont beaucoup proviennent de la collection permanente de la fondatrice du musée, Vera Bryce Salomons. Les châles ont été conservés dans la chambre forte du musée depuis 40 ans et sont exposés pour la première fois.

Le motif cachemire a voyagé de l’Iran vers la Turquie et a été intégré aux communautés juives du monde islamique, où il a été gravé et dessiné sur des objets d’art et en lien avec le judaïsme, notamment des verres à kiddoush en argent, des kippot et des robes en brocart, ainsi que des contrats de mariage, un turban de rabbin et la doublure intérieure ornée d’un rouleau de la Torah, tous présentés dans l’exposition.
« Le motif cachemire qui orne le rouleau de la Torah n’est pas un hasard », a déclaré Sharoni. « Les Juifs le considéraient comme spécial et sacré. »
Le motif s’est finalement répandu en Europe, où il est devenu populaire dans le domaine du textile et du dessin, notamment grâce à des personnalités à la pointe de la mode comme l’impératrice Joséphine, première épouse de l’empereur Napoléon Bonaparte, qui l’intégrait souvent à sa garde-robe.
C’est dans la forêt de Paisley, une ville de tisserands en Écosse, que la forme en goutte d’eau a commencé à être tissée sur les tissus du quotidien, devenant ainsi le motif cachemire actuel. Puis, des décennies plus tard, dans les années 1960 et 1970, le motif cachemire est devenu le symbole du rock psychédélique.
Le conservatrice Adi Yair, créatrice de mode et tisserande, apporte ces éléments de l’histoire du paisley à l’exposition. Au travers de l’art et de la mode contemporains, elle présente le motif sur des tissus et des œuvres d’art.

Elle expose l’image paisley dans des photographies et des peintures israéliennes, dont un tapis calligraphié qui atteste du langage secret utilisé par les Juifs iraniens et qui imite les tapis décorés de paisley autrefois tissés en Iran.
Il y a aussi une section « rock’n roll », avec un papier peint motif cachemire « violet vibrant » conçu par le Britannique Patrick Moriarty en hommage à l’album « Paisley Park » de Prince.
Cette partie de l’exposition montre que le paisley est prédominant dans l’industrie musicale. Les Beatles ont rapporté avec eux le paisley en Grande-Bretagne après un séjour en Inde, tandis que d’autres rockeurs, dont Jimi Hendrix, l’Israélien Arik Einstein et, plus tard, Prince, ont contribué à faire du motif paisley un symbole de la culture pop.
La dernière partie de l’exposition est consacrée au motif cachemire en tant qu’imprimé bohème classique, dans la mode en général et sur le bandana décoré de motif cachemire en particulier. Il a d’abord été un symbole des ouvriers, puis le drapeau des défavorisés, avant d’être repris par le rappeur Snoop Dogg et le collectif de rap Wu-Tang Clan.

Les tenues ornées de motif cachemire des créatrices israéliennes Hana Laszlo et Dorit Bar Or, ainsi que de la créatrice irano-britannique Paria Farzaneh entre autres, montrent que le motif a été exploité sur toutes sortes de textiles et de dessins au cours des dernières décennies.
« Si vous demandez à quelqu’un ce qu’est le motif cachemire, dit Sharoni, il ne pourra probablement pas vous le décrire. »
« Mais si vous leur montrez, ils le reconnaîtront immédiatement. »
« Paisley, un motif princier », ouvert au public au Musée d’art islamique de Jérusalem jusqu’en avril 2023.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.

Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel