Jérusalem : Un camp de protestation dispersé devant la résidence de Netanyahu
Des tentes, clôtures ou affiches auraient été saisies dimanche matin ; Pour la mairie, ce qui avait commencé comme un événement temporaire autorisé est devenu un "avant-poste"
La municipalité de Jérusalem a procédé à la dispersion d’un site de protestation qui avait été établi aux abords de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu, confisquant tous les équipements formant ce campement lors d’une opération survenue en début de matinée.
Les protestataires, qui réclament le départ de Netanyahu du pouvoir, ont affirmé que différents matériels – notamment des tentes, des matelas, deux pergolas et des panneaux – avaient été saisis sans présentation préalable d’un jugement judiciaire.
Pour sa part, la mairie a déclaré dans un communiqué que le site, qui avait été mis en place après un rassemblement organisé il y a des semaines et qui avait été autorisé, avait pris la forme d’un « avant-poste » permanent qui créait des perturbations dans la vie des résidents locaux.
Selon les manifestants présents lors de l’opération, aucune mise en garde préalable n’avait été émise avant l’arrivée d’une vingtaine d’employés municipaux, à cinq heures et demi du matin. L’équipe a commencé à démanteler le site situé à l’intersection de la rue Aza et de la rue Balfour, où siège la résidence du Premier ministre. Ce secteur, dont les trottoirs sont relativement larges, est un lieu de rassemblement populaire pour les manifestations.
Les protestataires ont partagé des vidéos de l’opération sur les réseaux sociaux.
מגיע רכב נושא תווית של עיריית ירושלים
לוקחים ציוד כולל ציוד אישי בלי צו
לא משאירים דו"ח תפיסה
איך קוראים לזה בדין הפלילי תזכירו לי??? pic.twitter.com/v81jp5TL5e— Gonen Ben Itzhak גונן בן יצחק (@GONENB1) July 12, 2020
Le leader du mouvement de protestation, Amir Haskel, ancien général au sein de l’aviation militaire qui avait été arrêté, le mois dernier, au cours d’un rassemblement, a précisé aux médias que les employés municipaux n’avaient présenté aucune ordonnance judiciaire.
« La réponse à ce qui est arrivé aujourd’hui est une convergence de masse vers Balfour, en y restant notamment au cours de la nuit prochaine », a-t-il commenté, des propos repris par le site Walla.
Haskel, qui n’était pas présent physiquement lorsque l’endroit a été évacué, a déclaré à Ynet que les manifestants allaient se regrouper et qu’ils étaient actuellement en train de demander la permission de la municipalité de remettre le campement en place.
Simcha Latman, qui participait au mouvement de protestation et qui dormait lorsque l’équipe d’employés municipaux est arrivée, a confié à Ynet que « nous sommes en colère ».
« Si vous voulez agir contre nous, alors dites-le nous à l’avance. Mais ce n’est pas juste de nous sauter dessus en force à cinq heures du matin », s’est insurgé Latman.
Latman a ajouté que les manifestants avaient d’ores et déjà recommencé à placer de nouveaux panneaux sur le site.
La municipalité de Jérusalem, pour sa part, a indiqué dans un communiqué qu’une manifestation initiale, qui avait été approuvée pour quelques semaines, avait semblé vouloir devenir permanente.
« La patience qui a été montrée pendant un certain nombre de semaines a entraîné, à notre grand regret, des éléments de présence permanente en l’absence de toute approbation municipale ou policière », a-t-elle précisé.
Le communiqué a ainsi cité « une cuisine, un groupe électrogène, des tentes, des clôtures et toutes sortes de matériels qui ont créé dans les faits un avant-poste permanent situé au milieu de la rue, au cœur d’un quartier résidentiel ».
« Et tout cela a généré de nombreuses perturbations qui ont nécessité une action d’évacuation proportionnée de ces éléments permanents », a continué le communiqué.
Selon la municipalité, les résidents et les hôtels du secteur s’étaient plaints du camp de protestation, comme cela avait été le cas aussi de la police qui avait estimé qu’il dérangeait la tranquillité du quartier.
L’arrestation de Haskel, aux côtés de deux autres personnes, à la fin du mois de juin, avait transformé l’ancien militaire en symbole du mouvement de protestation anti-Netanyahu. Des manifestations ont eu lieu de manière régulière dans tout le pays, avec des opposants brandissant des panneaux évoquant « le ministre du crime » et réclamant la démission du chef de gouvernement.
Tandis que certains avaient été arrêtés pour avoir bloqué le trafic routier pendant le rassemblement, Haskel ne se trouvait pas avec eux – mais la police avait fait savoir qu’il était responsable de ces troubles en tant qu’organisateur de l’événement.
Netanyahu est actuellement traduit devant la justice pour son implication dans une série de scandales de corruption. Il aurait reçu des cadeaux luxueux de la part d’amis milliardaires et aurait négocié des faveurs avec des magnats des médias en termes de régulation en échange d’une couverture plus favorable de ses actions et de celles de sa famille.
Les manifestants estiment que dans ce contexte, il lui est impossible de rester Premier ministre.
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