Israël en guerre - Jour 342

Rechercher

Judaïsme français : les femmes se font leur place, à petits pas

"La femme est-elle un Homme comme les autres ? Perspectives juives", est le thème d'une rencontre qui a pour but de promouvoir toutes les voix des femmes dans le judaïsme français

  • Iris Ferreira, rabbin, pose pour une photo dans la synagogue de l'Union juive libérale de Strasbourg, dans l'Est de la France, le 23 septembre 2021. (Crédit :   Frederick FLORIN / AFP)
    Iris Ferreira, rabbin, pose pour une photo dans la synagogue de l'Union juive libérale de Strasbourg, dans l'Est de la France, le 23 septembre 2021. (Crédit : Frederick FLORIN / AFP)
  • Iris Ferreira, femme rabbin, pose pour une photo dans la synagogue de l'Union juive libérale de Strasbourg, ville située dans l'Est de la France, le 23 septembre 2021. (Crédit :   Frederick FLORIN / AFP)
    Iris Ferreira, femme rabbin, pose pour une photo dans la synagogue de l'Union juive libérale de Strasbourg, ville située dans l'Est de la France, le 23 septembre 2021. (Crédit : Frederick FLORIN / AFP)
  • Emile et Myriam Ackermann. (Crédit : Margot Davier)
    Emile et Myriam Ackermann. (Crédit : Margot Davier)
  • Delphine Horvilleur. (Crédit : Claude Truong-Ngoc / CC BY-SA 4.0)
    Delphine Horvilleur. (Crédit : Claude Truong-Ngoc / CC BY-SA 4.0)
  • De gauche à droite : la rabbin française Pauline Bebe, la rabbin américaine Tamara Cohn Eskenazi, et l'enseignante française Rosine Cohen et la psychanalyste française Joelle Bernheim à Troyes, lors du premier congrès de femmes rabbin, le 17 juin 2019. (Crédit : BERTRAND GUAY / AFP)
    De gauche à droite : la rabbin française Pauline Bebe, la rabbin américaine Tamara Cohn Eskenazi, et l'enseignante française Rosine Cohen et la psychanalyste française Joelle Bernheim à Troyes, lors du premier congrès de femmes rabbin, le 17 juin 2019. (Crédit : BERTRAND GUAY / AFP)

Les femmes se font-elles davantage entendre dans le judaïsme français ces dernières années ? Des « avancées » sont notables, mais les acquis restent à préserver, analysent plusieurs femmes ou élèves rabbins qui participent à une rencontre à Rouen dimanche et lundi.

« La femme est-elle un Homme comme les autres ? Perspectives juives », tel est le thème de ce rendez-vous, organisé par Les filles de Rachi, une association qui a pour but de promouvoir toutes les voix des femmes dans le judaïsme français.

Une dizaine de femmes, rabbins en exercice ou en formation, des enseignantes et deux rabbins hommes, de courants différents, vont travailler en ateliers, sur la Bible hébraïque, le Talmud, le Midrash (commentaire rabbinique de la Bible). Une bonne soixantaine de personnes y sont inscrits.

En 2019, un premier « congrès » mondial s’était tenu à Troyes, dans la Maison de Rachi, grand commentateur de textes du judaïsme au XIe siècle et père de trois filles élevées comme des sages. Venues des Etats-Unis, d’Israël, de France, les intervenantes y avaient discuté du « leadership » des femmes.

Une première édition qui « a certainement renforcé l’idée que les femmes devaient s’impliquer davantage dans la prise de responsabilités: l’accès à l’étude des textes sacrés, l’enseignement, davantage de fonctions dans la vie de la communauté, le rabbinat », affirme à l’AFP Pauline Bebe. Cette première femme à devenir rabbin, tendance libérale, en 1990, en France, animera un atelier dimanche.

De gauche à droite : la rabbin française Pauline Bebe, la rabbin américaine Tamara Cohn Eskenazi, et l’enseignante française Rosine Cohen et la psychanalyste française Joelle Bernheim à Troyes, lors du premier congrès de femmes rabbin, le 17 juin 2019. (Crédit : BERTRAND GUAY / AFP)

« C’est inédit ! »

Pour les orthodoxes, confier le rabbinat à une femme n’est pas conforme à la loi juive. En revanche, la tendance libérale (progressiste) et le courant Massorti (que l’on peut situer entre les libéraux et les orthodoxes) l’autorisent.

« Maintenant, les femmes rabbins font partie du paysage juif français », ajoute Pauline Bebe.

Delphine Horvilleur, rabbin libérale depuis 14 ans, constate « beaucoup d’avancées ces dernières années ». « Il y a une forme d’acceptation, dans bien des milieux juifs, d’une place plus importante des femmes: à la fois la voix des femmes, le corps des femmes, l’érudition des femmes ».

La France compte désormais cinq femmes rabbins -libérales-, dont la dernière, Iris Ferreira, a été ordonnée à l’été 2021. Une école rabbinique libérale a ouvert ses portes à Paris en 2019, seul lieu possible d’études pour femmes dans l’Hexagone. Elle forme actuellement quatre étudiantes.

Le rabbin Delphine Horvilleur. (Crédit : autorisation de MJLF)

Une Française massortie devrait être ordonnée d’ici fin 2022.

Surtout, fait nouveau, dans le courant orthodoxe « moderne », quatre autres suivent des études rabbiniques auprès d’un séminaire new-yorkais orthodoxe qui autorise l’ordination des femmes. Quatre, « c’est inédit ! », souligne l’une d’elles, Myriam Ackermann-Sommer, présente à Rouen également.

Elle-même, en attendant son ordination l’an prochain, multiplie les initiatives : elle a mis sur pied un institut de théologie intitulé « Kol-Elles » s’adressant aux « femmes qui veulent prendre part à la vie de leur synagogue », ou commente chaque jour le Talmud sur podcast.

La Maison sublime

« Dans le judaïsme orthodoxe », il n’y a pour les femmes « que les places que les hommes leur assignent », juge Hannah Ruimy, du même séminaire. Toutefois, pour cette fille de rabbin qui enseigne le Talmud, « il ne faut pas se poser la question »: « la place, il faut se la faire » soi-même, lance-t-elle.

Selon Laura Hobson-Faure, professeure d’histoire contemporaine à Paris-I, à la chaire des mondes juifs contemporains, la « nouveauté » vient de ces femmes. Elles « proposent une relecture des pratiques orthodoxes, tout en les protégeant ».

Des avancées qui peuvent cependant paraître timides. Le Consistoire – créé par Napoléon en 1808 pour structurer le judaïsme français – , dit compter quelque 300 rabbins (hommes, donc) dans l’ensemble de ses communautés.

« Parmi les juifs français qui adhèrent à une synagogue, le courant consistorial est majoritaire », rappelle Laura Hobson-Faure. « Et depuis le milieu des années 1980, ce courant est plus orthodoxe ».

Plus généralement, Delphine Horvilleur met en garde: « le droit des femmes peut toujours reculer », dans la religion comme dans la société. Attention à la « montée de voix conservatrices » qui accompagnent les avancées, dit-elle.

La Maison Sublime, à Rouen, à 130 kilomètres de Paris, abritait une yeshiva au 12e siècle. (Crédit : capture d’écran YouTube via JTA)

Les intervenantes ont hâte de se retrouver dimanche, à Rouen. Cerise sur le gâteau : les travaux se tiendront près de la Maison sublime, qui fut peut-être une école rabbinique au XIIe siècle. Considérée comme le plus vieux monument juif de France, elle vient tout juste de rouvrir après restauration.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.