Katz interdit à l’avocate militaire générale d’assister à un événement juridique majeur
Le ministre de la Défense invoque le "contenu politique" d'une conférence de l'IBA pour justifier l'exclusion d'Yifat Tomer-Yerushalmi ; selon Tsahal, il est important de justifier publiquement les opérations militaires

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a interdit dimanche à l’avocate générale de l’armée israélienne de participer à une conférence annuelle organisée par l’Association du barreau israélien (IBA), invoquant la crainte que cet événement ne serve de tribune à des « propos polémiques et politiques ».
Tsahal a rejeté cette décision, affirmant que le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, avait personnellement approuvé la participation de l’avocate militaire générale, le major-général Yifat Tomer-Yerushalmi, et soulignant l’importance pour l’armée de défendre publiquement la légalité de ses activités militaires.
Katz est resté sur ses positions malgré la pression de Tsahal, réaffirmant sa décision d’empêcher Tomer-Yerushalmi de participer.
« La décision en la matière relève de ma responsabilité en tant que ministre de la Défense, et c’est pourquoi j’ai pris cette décision », a-t-il déclaré, affirmant par ailleurs avoir informé Zamir de sa décision avant de l’annoncer publiquement.
Plus tôt dimanche, Katz avait affirmé qu’il n’y avait « pas de place pour les officiers de l’armée israélienne sur les scènes où s’expriment des opinions polémiques et politiques ».
« En cette période difficile et complexe marquée par des débats et des différends politiques, il convient que Tsahal se distancie autant que possible des controverses publiques », avait-il indiqué dans son annonce de l’interdiction.

Il a conseillé à Tomer-Yerushalmi de « consacrer son temps à remplir son rôle au sein de l’armée israélienne, notamment en menant à bien les enquêtes sur les questions pour lesquelles le peuple attend des réponses, et en aidant les commandants et les soldats de Tsahal à réfuter les mensonges véhiculés en Israël et à l’étranger concernant le comportement des soldats pendant la guerre à Gaza ».
Parmi les participants à la conférence figurent le président de la Cour suprême Isaac Amit, la procureure générale Gali Baharav-Miara et le procureur d’État Amit Aisman.
Dans un communiqué, l’armée a confirmé que Zamir avait approuvé la participation de Tomer-Yerushalmi à la conférence il y a plusieurs jours, soulignant l’importance d’expliquer publiquement les efforts déployés par Tsahal pour respecter le droit international pendant la guerre en cours.
Selon l’armée, Tomer-Yerushalmi devait discuter de la manière dont les cadres juridiques permettent à Tsahal de lutter contre le groupe terroriste palestinien du Hamas tout en restant dans les limites du droit international.
L’armée a ajouté que le bureau de l’avocate militaire générale a soutenu les commandants tout au long de la guerre afin de les aider à atteindre leurs objectifs opérationnels dans le respect de la loi.
Le président de l’IBA, Amit Becher, a critiqué Katz, affirmant qu’il « est membre d’un gouvernement qui s’est engagé dans un boycott systématique de l’ensemble du système juridique et dans le démantèlement des institutions de l’État ».
Il a accusé Katz d’avoir mis en scène un coup médiatique pour se faire de la publicité au sein du Likud, dont il est membre.
« Je suggère que le ministre de la Défense s’occupe de la sécurité, de la libération des otages, de l’égalité dans le fardeau [du service militaire] et des réservistes, et non des annonces de relations publiques pour ses besoins dans le cadre des [éventuelles] primaires », a écrit Becher sur le réseau social X.

Lors de la conférence de l’IBA de 2024, Tomer-Yerushalmi a révélé qu’environ 70 enquêtes avaient été ouvertes à l’encontre de soldats de Tsahal pour des faits commis dans la bande de Gaza au cours de la guerre.
L’un des cas évoqués par Tomer-Yerushalmi concernait des allégations d’abus et de torture commis à l’encontre de détenus palestiniens dans la base militaire de Sde Teiman, dans le désert du Néguev. En février, cinq soldats avaient été inculpés dans le cadre de cette affaire.
Becher, le président de l’IBA, s’était opposé au gouvernement au sujet de sa vaste et largement controversée refonte du système judiciaire qui avait provoqué des mois de manifestations de masse dès son annonce en janvier 2023.
En janvier, la coalition a adopté une loi qui permet au ministre de la Justice et à la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset de déterminer, en partie, comment l’Association du barreau israélien peut utiliser ses fonds. Becher avait été expulsé d’une réunion de la commission de la Knesset consacrée à ce projet de loi en novembre après s’être disputé avec un député de la coalition.
Baharav-Miara, la procureure générale, a ouvertement critiqué certains aspects de la refonte judiciaire. Le gouvernement cherche par ailleurs à la limoger, affirmant qu’elle ne coopère pas suffisamment avec ses politiques. La coalition boycotte également le président de la Cour suprême Amit, dont elle s’était opposée à la nomination.
Katz et Zamir se sont affrontés plus tôt cette année au sujet d’une enquête sur un officier supérieur réserviste soupçonné d’avoir commis de « graves » violations de la sécurité. Le ministre de la Défense avait donné des instructions à Zamir par le biais d’un communiqué de presse, que le chef d’état-major a jugé inappropriées. Les deux hommes se sont ensuite rencontrés, après quoi Katz a déclaré qu’ils « travaillaient ensemble en pleine coopération pour la sécurité d’Israël, comme cela a toujours été le cas et comme cela le sera toujours ».
Katz s’est également opposé publiquement à maintes reprises au prédécesseur de Zamir, le lieutenant-général Herzl Halevi, ainsi qu’à d’autres officiers supérieurs, notamment le porte-parole sortant de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, et le chef du Directorat des Renseignements militaires, le général de division Shlomi Binder.