Israël en guerre - Jour 535

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Katz ordonne à Halevi de « coopérer pleinement » à l’enquête sur le 7 octobre

Tsahal dit coopérer avec le contrôleur de l'État et rappelle que les problèmes ne se règlent pas dans les médias ; le porte-parole du ministre de la Défense a menacé celui de l'armée

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Défense Israël Katz (à droite) rencontre le chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi (à gauche), et les membres du Forum de l'état-major général au ministère de la Défense, le 11 novembre 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)
Le ministre de la Défense Israël Katz (à droite) rencontre le chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi (à gauche), et les membres du Forum de l'état-major général au ministère de la Défense, le 11 novembre 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

Sur un fond de tensions croissantes entre les deux hommes, le ministre de la Défense Israel Katz a fait savoir, mercredi, qu’il avait demandé au chef d’État-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, de « coopérer pleinement » à l’enquête du contrôleur de l’État sur le pogrom du Hamas du 7 octobre 2023.

Ce rappel fait suite aux accusations portées lundi contre l’armée par le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, qui a fait état de manœuvres « d’intimidation » envers les officiers supérieurs témoins de son enquête sur les défaillances antérieures et concomitantes au pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre, signes selon lui d’un refus de l’armée de coopérer pleinement.

L’enquête d’Englman n’est pas à proprement parler une commission d’enquête d’État de haut niveau, à laquelle s’oppose catégoriquement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et la plupart de ses ministres.

« Il est impensable que l’armée israélienne donne le sentiment de craindre l’examen public ou la transparence, particulièrement au regard des graves événements qui se sont déroulés le 7 octobre, alors que le chef d’État-major était aux commandes de l’armée israélienne », a déclaré Katz dans un communiqué publié par son cabinet.

Il a ajouté avoir donné l’ordre à Halevi de laisser le contrôleur de l’État « avoir accès à tout élément nécessaire et de coopérer pleinement » à son enquête.

Dans son courrier très critique et sévère à Halevi, Englman explique que des hauts gradés de Tsahal ont, entre autres, clandestinement enregistré les entretiens menés par ses services et dit aux officiers comment répondre aux questions, selon lui dans le but de ne pas permettre l’expression de la vérité.

Le contrôleur de l’État Matanyahu Englman, s’exprimant lors de la conférence sur la justice de l’Association du barreau israélien, à Tel Aviv, le 3 septembre 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

C’est en décembre dernier qu’Englman a annoncé l’ouverture d’une vaste enquête sur les « multiples défaillances » et portant notamment sur ceux « personnellement responsables » des « défaillances à tout niveau – politique, militaire ou civil ». L’armée israélienne, rétive envers cette enquête, a été contrainte par la Cour Suprême d’y apporter son plein et entier concours.

L’enquête du contrôleur sur les événements du 7 octobre est pour l’heure la seule et unique enquête globale de niveau étatique sur le pogrom qui a coûté la vie à 1 200 personnes, massacrées par des terroristes du Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens dans le sud d’Israël, et fait 251 otages.

Les détracteurs du gouvernement, à commencer par l’opposition et des organisations de surveillance du gouvernement, se sont dits inquiets que l’enquête d’Englman, dépourvu de toute formation juridique et nommé par un précédent gouvernement Netanyahu, fasse en sorte de dédouaner l’échelon politique de ses responsabilités sur le pogrom du 7 octobre.

Englman nie catégoriquement être animé de telles intentions et assure que son enquête porte sur tous les aspects des défaillances, sans parti pris.

Netanyahu et son gouvernement se sont longtemps opposés à la création d’une commission d’enquête d’État, au motif qu’une pareille enquête ne pourrait être que politiquement biaisée et critique envers eux dans la mesure où ses membres sont désignés par le président de la Cour Suprême – selon eux une institution de gauche. Par ailleurs, ils estiment que l’enquête devrait attendre la fin de la guerre.

Des Palestiniens se tiennent à côté d’un char en feu après avoir franchi la frontière avec Israël dans le sud de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Yousef Mohammed/Flash90)

L’armée israélienne mène ses propres enquêtes sur ses manquements antérieurs et concomitants au pogrom du 7 octobre, à commencer par son évaluation sur le Hamas et la situation à Gaza, les questions de renseignement, le processus de prise de décision avant l’attaque et les combats après l’invasion.

Le communiqué publié mercredi par le cabinet de Katz dit par ailleurs que le ministre de la Défense « rappelle au chef d’État-major de terminer les enquêtes [internes] de l’armée avant la fin du mois et de lui présenter les conclusions déjà établies plus rapidement afin qu’il puisse les examiner et évaluer leur impact sur les nominations prévues au sein de l’armée israélienne ».

Retarder la nomination des généraux

Katz a dit à Halevi qu’il ne donnerait pas son accord à la promotion d’officiers au grade de major général et s’opposerait à l’affectation de major-généraux à de nouveaux postes, ce jusqu’à la clôture des enquêtes et la remise de leurs conclusions.

Dans sa dernière déclaration, le cabinet de Katz a indiqué qu’en « raison de retards pris dans la remise des conclusions d’enquêtes parfois importantes et portant spécifiquement sur les événements de la nuit du 6 au 7 octobre, il lui serait même difficile d’approuver des nominations d’un moindre niveau ».

« Par conséquent, il est décidé de n’approuver à ce stade que les nominations jusqu’au grade de colonel », a précisé le cabinet de Katz.

Le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, parle à des officiers à Jabalia, dans le nord de Gaza, le 7 janvier 2025. (Armée israélienne)

Fin décembre, la réunion au cours de laquelle Halevi devait acter la nomination d’une soixantaine de colonels et brigadiers généraux a été reportée en raison de désaccords avec Katz. Le ministre de la Défense avait en effet déjà refusé d’approuver la promotion de deux officiers supérieurs.

Katz aurait par ailleurs l’intention de convoquer Halevi pour évoquer la question, ajoute le communiqué.

L’armée israélienne a réagi aux propos de Katz en affirmant dans un communiqué que les problèmes ne se réglaient pas dans les médias et en a ajouté conduire en ce moment-même des enquêtes internes « pour améliorer la défense du pays et de ses concitoyens ».

Les enquêtes progressent à un rythme calqué sur les activités de l’armée, a déclaré Tsahal, ajoutant que « les commandants des champs de bataille sont aussi ceux qui mènent ces enquêtes ». Elle a laissé entendre que le fait de les distraire avec la question des enquêtes pendant les combats pourrait coûter des vies.

« L’armée israélienne coopère pleinement avec le contrôleur de l’État, même s’il est vrai que pareil audit n’a jamais été mené en temps de guerre », a précisé l’armée, ajoutant qu’actuellement 18 enquêtes sont menées par le contrôleur de l’État au sein de l’armée israélienne.

Le ministre de la Défense Israël Katz avec des officiers à la frontière nord, le 3 décembre 2024. (Crédit : Elad Malka/Ministère de la Défense)

L’armée israélienne a fait valoir que ses « enquêtes de qualité » sont « une base essentielle » à l’enquête du contrôleur de l’État, et qu’elles lui seront remises dès qu’elles seront terminées.

Elle a expliqué privilégier la « qualité des enquêtes » plutôt que la précipitation, tout en assurant qu’elle « ferait tout pour les terminer de manière professionnelle le plus vite possible ».

S’agissant des nominations, l’armée a expliqué mettre en œuvre un processus « sérieux et professionnel » et que toute implication dans les événements du 7 octobre 2023 était « examinée en détail et, en cas de manque de clarté, les décisions seraient reportées ».

« L’armée israélienne respecte un processus de nomination professionnelle pour ceux qui se battent sans discontinuer depuis un an et trois mois », a annoncé Tsahal.

« Les problèmes devraient se régler dans le cadre d’un dialogue entre le ministre de la Défense et le chef d’État-major et non dans les médias », a-t-il précisé.

Les menaces de Hagari

Suite aux déclarations de l’armée, le porte-parole de Katz a, à demi-mot, proféré une menace à l’encontre de son homologue de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari.

Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, s’adresse aux médias le 4 décembre 2024. (Capture d’écran vidéo)

« Le porte-parole de Tsahal, qui a présenté des excuses il y a peu après avoir outrepassé ses droits et attaqué l’échelon politique, a récidivé en l’attaquant à nouveau et en donnant des leçons de morale aux politiciens », a déclaré Adir Dahan, et ce alors même que la déclaration de l’armée israélienne en réponse à Katz a été personnellement approuvée par Halevi.

« Cette fois, les excuses ne suffiront pas », a ajouté le porte-parole de Katz.

Le mois dernier, Hagari avait présenté des excuses après avoir critiqué le projet de loi du gouvernement destiné à mettre à l’abri de toute poursuite les hautes autorités de la Défense remettant sans autorisation des renseignements classifiés au Premier ministre ou au ministre de la Défense. Il avait en effet tenu ces propos lors d’une conférence de presse, sans l’aval du chef de Tsahal, ce qui lui avait valu une réprimande de la part de Halevi.

Jeremy Sharon a contribué à cet article.

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