Kisch renonce au contrôle du conseil d’administration de la Bibliothèque nationale
Le ministre de l'Éducation nommera un membre du conseil d'administration et un membre de la commission d'audit ; le gouvernement aurait cédé à la pression des principaux donateurs
Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch a annoncé lundi en fin de journée qu’il avait conclu un accord avec la Bibliothèque nationale qui mettrait fin aux efforts du gouvernement pour nommer le conseil d’administration de l’institution, une décision qui a suscité des craintes généralisées pour l’indépendance de la bibliothèque.
Annonçant l’accord sur Twitter, Kisch a déclaré que le règlement négocié lui permettrait de nommer quatre personnes au conseil de la bibliothèque, ainsi qu’une personne au conseil d’administration et une autre à la commission d’audit de la bibliothèque.
En vertu de la loi actuelle, Kisch pouvait déjà nommer les quatre membres du conseil.
« C’est une nouvelle ère pour la Bibliothèque nationale », a déclaré Kisch dans son message sur Twitter, ajoutant qu’il s’attendait à une « coopération fructueuse » à l’avenir.
« En cette période de tension publique, il est important que des accords soient conclus, donnant ainsi l’exemple de ce qui peut être fait lorsqu’il y a un dialogue », a déclaré Kisch, cité par le site d’information Ynet, en référence à l’agitation publique actuelle déclenchée par les projets de réforme du système judiciaire du gouvernement Netanyahu.
« Nous nous félicitons de l’accord conclu avec le ministre de l’Éducation et pensons que cet accord renforcera la compréhension du fait que la bibliothèque est un patrimoine national et un bien culturel appartenant à l’État d’Israël et au peuple juif », a déclaré la Bibliothèque nationale dans un communiqué.
Alors que Kisch a cherché à présenter l’accord comme le résultat d’un dialogue, le journal Haaretz a rapporté que le gouvernement avait renoncé à ses projets face aux menaces des principaux donateurs de mettre fin à leur soutien.
Selon Haaretz, les donateurs de la bibliothèque ont menacé de retirer leur soutien financier de 80 millions de shekels, un montant suffisant pour soutenir la bibliothèque pendant des années.
Dans un tweet, le journaliste de Haaretz Michael Hauser Tov a identifié l’un des principaux donateurs comme étant Sir Ronald Cohen, le fondateur du groupe de capital-risque Apax Partners, qui a été qualifié de « père de l’investissement social ».
« Ronald Cohen a dit à Bibi qu’il retirerait son argent, et il s’est rendu », a écrit sur Twitter Hauser Tov, en utilisant le surnom de Netanyahu.
La législation initialement proposée par Kisch aurait permis au gouvernement de déterminer la composition du conseil d’administration de la bibliothèque, dans le but d’évincer le recteur, l’ancien procureur Shaï Nitzan, qui a joué un rôle clé dans la décision d’inculper Netanyahu pour corruption, pour laquelle il est actuellement en procès.
Le cabinet a approuvé le projet initial de Kisch malgré l’opposition de la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui a déclaré que le projet n’avait pas été soumis aux procédures professionnelles et judiciaires nécessaires. Mais le projet de loi a été interrompu après que le conseiller juridique du Trésor, Asi Messing, a notifié au ministère de l’Éducation que, avec le soutien de la procureure générale, il ne serait pas soumis à la Knesset.
Les opposants de la loi ont fait valoir que le fait d’accorder au gouvernement le contrôle du conseil d’administration de la bibliothèque introduirait la politique dans ce qui devrait être une institution apolitique.
Le recteur de la Bibliothèque nationale, Nitzan, a été fortement impliqué dans la préparation des poursuites pour corruption intentées contre le Premier ministre. Il avait fait l’objet de critiques de la part de Netanyahu et de ses alliés tout au long de l’enquête sur le Premier ministre dans le cadre de trois enquêtes, et plus particulièrement depuis le dépôt des chefs d’accusation – corruption, abus de confiance et fraude – contre lui.
Nitzan a depuis été dépeint, sans preuve, par les alliés du Premier ministre comme un activiste de gauche déterminé à démettre Netanyahu de ses fonctions par des moyens illégitimes.
La Bibliothèque Nationale d’Israël a été fondée en 1892 en tant que centre mondial de préservation des trésors spirituels du peuple juif. En 2007, la Knesset a promulgué la loi sur la Bibliothèque Nationale, lui conférant un statut indépendant par la loi, afin de documenter la création culturelle dans l’État d’Israël et de permettre au grand public d’accéder gratuitement aux collections uniques qu’elle abrite. Auparavant, la bibliothèque était la propriété exclusive de l’université hébraïque.
Le matériel universitaire de la bibliothèque comprend les écrits d’Isaac Newton, les archives des travaux de Shaï Agnon, la copie originale de l’hymne israélien Hatikva écrite par Naftali Herz Imber, la Haggadah de Rothschild, considérée comme la plus ancienne Haggadah de Pessah au monde, les écrits de Rambam et plus encore.
L’actuelle Bibliothèque nationale d’Israël est située sur le campus de l’université hébraïque de Givat Ram. Une nouvelle bibliothèque, en cours de construction, qui couvrira 45 000 mètres carrés, avec six étages en surface et quatre en sous-sol, est située en face de la Knesset.