Knesset : Tempête durant la séance sur les activistes de droits civiques en Cisjordanie
Zvi Sukkot accuse les pro-palestiniens de "violences graves"; selon Gilad Kariv, l'audition est un "écran de fumée" pour masquer la violence des résidents d’implantations
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

À la demande de groupes de droite favorables au mouvement pro-implantations, une sous-commission de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset a tenu une audition mardi sur des allégations de harcèlement du personnel des services de sécurité par des militants des droits civiques et des activistes pro-palestiniens en Cisjordanie.
Les députés de l’opposition ont dénoncé l’audition comme un effort pour « réduire au silence » les activistes qui luttent contre la violence des résidents d’implantations. La députée Merav Michaeli, cheffe du parti Avoda, a accusé le président de la sous-commission sur la Cisjordanie, le député Zvi Sukkot du parti ultra-nationaliste HaTzionout HaDatit, de chercher à « présenter une réalité erronée et fallacieuse » dans laquelle les activistes opposés à la violence des résidents d’implantations seraient le problème, et non les résidents d’implantations extrémistes.
Au cours de l’audience, des organisations de droite et favorables au mouvement pro-implantations, ainsi que des députés de la coalition, ont affirmé que des militants des droits civiques et des activistes pro-palestiniens, qu’ils ont qualifiés « d’anarchistes », menaient une campagne coordonnée pour attiser les tensions en Cisjordanie et dénigrer le mouvement pro-implantations.
Pour étayer ces affirmations, un haut commandant de police du district de Judée et Samarie a déclaré au cours de l’audition qu’environ 50 % des plaintes concernant les violences commises par des résidents d’implantations s’avéraient fallacieuses.
Mais Michaeli et le député Gilad Kariv (Avoda) ont accusé Sukkot d’utiliser les auditions de la commission pour créer « un écran de fumée » destiné à masquer la violence extrémiste des résidents d’implantations contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Les esprits se sont échauffés au cours de l’audition, les députés de la coalition et de l’opposition se hurlant dessus et échangeant des insultes. Kariv a finalement été expulsé de la séance par le président de la sous-commission.

La deuxième heure de l’audience a été fermée au public et à la presse.
La violence et le harcèlement persistants et continus perpétrés par des résidents d’implantations extrémistes à l’encontre de civils palestiniens en Cisjordanie ont conduit des organisations israéliennes et des associations d’activistes à se rendre sur le territoire au cours des dernières années pour documenter ces attaques.
Cela conduit souvent à des affrontements entre les activistes et les résidents d’implantations, ainsi qu’à des confrontations entre activistes et forces de sécurité israéliennes.
Si de graves violences commises par des résidents d’implantations extrémistes à l’encontre d’activistes et de Palestiniens aient été documentées à de multiples reprises, dont des passages à tabac et des fusillades, peu d’images, voire aucune, de violences commises par des militants des droits civiques ont été diffusées.
Lors de l’audition de la commission mardi, le commandant de police de l’unité centrale du district de Judée et Samarie, Avishaï Muallem, a déclaré qu’il y avait eu 191 plaintes pour violences commises par des résidents d’implantations dans la région des collines du sud de Hébron en Cisjordanie en 2023, dont 50 % se sont révélées fausses.
Il a ajouté que 70 autres plaintes de ce type concernaient des incidents dans la région de la vallée du Jourdain, précisant que la moitié de ces plaintes étaient également fausses.
Les députés de la coalition ont réagi aux chiffres de Muallem, affirmant que les fausses plaintes démontraient une tentative malveillante de la part des militants des droits civiques de salir le mouvement des résidents d’implantations.
Les activistes pro-palestiniens « sont agressifs envers les soldats de Tsahal, envers les résidents d’implantations, ils endommagent des biens, ils noircissent le nom d’Israël dans le monde, ils s’engagent dans la diabolisation et la délégitimation d’Israël et nuisent à notre image », a déclaré la députée d’extrême-droite Limor Son Har Melech (Otzma Yehudit).

Mais Eran Nissan, PDG de l’organisation d’activisme progressiste Mehazkim, qui a également pris la parole lors de l’audience, a exprimé son scepticisme, affirmant que si la police avait déterminé que les plaintes contre les résidents d’implantations étaient fausses, des actes d’accusation auraient été déposés contre ceux qui les avaient déposées.
Muallem a déclaré au Times of Israel qu’aucun activiste pro-palestinien des droits civiques n’avait été inculpé en 2023, alors que 16 inculpations ont été prononcées contre des Israéliens pour des « crimes nationalistes » en Cisjordanie.
Aucun chiffre n’a été présenté à la commission pour les violations présumées de la loi par les militants des droits civiques et les activistes pro-palestiniens.
« On a beaucoup parlé inutilement dans le passé de la ‘violence des résidents d’implantations’, mais personne ici, jusqu’à présent, ne s’est occupé de ceux qui commettent réellement des violences graves en Judée et en Samarie – les militants de gauche, anarchistes et extrémistes qui harcèlent les soldats de Tsahal et les résidents d’implantations héroïques », a déclaré Sukkot à l’ouverture de l’audition.
Il serait impossible pour Israël de gagner la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza « sans se battre contre ceux qui font tout ce qu’ils peuvent pour interférer avec notre guerre juste », a argué Sukkot, qui a été arrêté à au moins quatre reprises pour des activités radicales présumées avant de devenir membre de la Knesset.
Au cours de l’audition, l’organisation Documenting and Monitoring Unauthorized Activities (DMU), qui avait demandé cette audition, a projeté une présentation contenant des vidéos d’activistes pro-palestiniens harcelant et agressant verbalement des soldats entre autres personnes.
Le directeur de la DMU, Amit Barak, s’est concentré en particulier sur les groupes de campagne étrangers, tels que le Mouvement international de solidarité pro-palestinien, qui envoient des activistes en Cisjordanie.
Au cours de son intervention, Muallem a également donné les chiffres de la police concernant les violences commises par les résidents d’implantations en Cisjordanie depuis le 7 octobre, indiquant qu’il y avait eu 270 attaques de ce type depuis le début de la guerre, contre 527 au cours de la même période en 2022.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a enregistré des niveaux de violence bien plus élevés de la part des résidents d’implantations, faisant état de 221 attaques dans les 23 jours qui ont suivi le 7 octobre, de 103 attaques en novembre et de 89 en décembre.
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