Kouchner soutient le référendum d’indépendance du Kurdistan irakien
“Tout le monde profite des Kurdes, mais on ne veut pas qu'ils soient indépendants. Quand même, c'est d'un cynisme invraisemblable”, s'est insurgé l'ex-chef de la diplomatie française
Bernard Kouchner, ancien membre du PS et ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, a apporté dimanche son soutien au référendum d’indépendance du Kurdistan irakien, prévu le 25 septembre et auquel s’opposent les Etats-Unis.
« Tout le monde profite des Kurdes, mais on ne veut pas qu’ils soient indépendants. Quand même, c’est d’un cynisme invraisemblable », s’est insurgé l’ancien French doctor au micro de « Internationales » (TV5 Monde/RFI/Le Monde).
« C’est le plus grand peuple sans état », a souligné Bernard Kouchner, se revendiquant comme « le plus vieux soutien des Kurdes. »
« Voter n’est pas un crime », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant qu’un éventuel processus d’indépendance ne serait « pas simple ». « Les différences entre eux, et parfois les affrontements, sont réels, mais ce n’est pas aux Américains de décider, ni aux Français. »
Le référendum, qui concerne quelque 5,5 millions de Kurdes irakiens, inquiète les pays voisins, comme la Turquie ou l’Iran, qui redoutent qu’il encourage les velléités séparatistes de leurs minorités kurdes.
La Maison Blanche a appelé à l’abandon de cette consultation, estimant qu’elle serait une entrave à la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
« Il n’y a pas de bon moment pour choisir l’indépendance, il n’y a jamais de bon moment et tout le monde refuse d’avancer, a plaidé Kouchner. Pour le moment les Kurdes, en tout cas les Kurdes d’Irak et les Kurdes de Syrie se battent contre Daech, contre l’EI. »
L’ONU a proposé d’aboutir d’ici trois ans à un accord entre le Kurdistan irakien et le gouvernement fédéral à Bagdad sur le statut de la région autonome, en échange du report du référendum sur son indépendance.
« Laissons-les décider pour eux-mêmes, a exhorté Kouchner. Je ne dis pas que c’est tout rose […], mais dans cet endroit de haine, de meurtres, de batailles perpétuelles, je pense, j’espère, je ne suis pas sûr, je pense que les Kurdes vont constituer un espoir. »