Krahenbul : la fin du financement américain n’arrêtera pas l’UNRWA
Le secrétaire général de l'agence onusienne a déclaré au Washington Post que la situation reste "critique", mais il espère que d’autres pays donateurs combleront le déficit
Lundi, le chef de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a déclaré qu’il pensait que le financement d’autres pays compenserait la différence d’environ 200 millions après que les Etats-Unis ont retiré leur soutien financier à l’organisation.
Pierre Krahenbuhl, le commissaire général de l’UNRWA, a confié au Washington Post que depuis l’annonce américaine de janvier, mettant en garde contre la fin des contributions américaines à l’agence, aucune « explication solide pour cette décision » ne lui a été fournie.
« Cela m’amène à croire que cette décision a été prise pour des raisons politiques dans le cadre des tensions entre les Etats-Unis et l’Autorité palestinienne. Il n’y a rien que l’UNRWA puisse faire à ce sujet », a-t-il déclaré.
La décision américaine de suspendre son financement de l’UNRWA a laissé un déficit d’environ 446 millions de dollars, a-t-il expliqué, soit la moitié de ce qui a été reçu des donations d’autres pays, y compris le Japon, l’Inde, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unies et l’Union Européenne.
« La situation reste critique, mais j’espère que nous arriverons à trouver une solution pour les 200 millions de dollars restants de dette », a-t-il affirmé.
Le commissaire général de l’UNRWA a également critiqué Washington pour ce qu’il a dit être une fausse accusation sur la prolongation du problème des réfugiés palestiniens à cause de l’agence.
« Nous avons réglé la situation, et c’est tout simplement faux de présenter les choses de cette manière, a-t-il déclaré au Post. Il n’y a qu’une seule chose qui perpétue la situation des réfugiés, y compris celle des réfugiés palestiniens, c’est incroyable incapacité de la communauté internationale à trouver une solution globale et juste au conflit ».
Krahenbuhl a également réfuté à l’accusation selon laquelle l’UNRWA serait responsable du développement de la crise de réfugiés en classant les réfugiés palestiniens d’une manière qui diffère de l’agence-mère au sein l’institution internationale, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies pour (UNHCR), qui s’occupe des enfants et des petits-enfants de réfugiés.
L’UNRWA accorde le statut à tous les descendants des Palestiniens qui ont quitté ou fui Israël à la création de l’état en 1948, faisant ainsi passer le nombre de réfugiés à environ cinq millions de personnes actuellement, alors que le nombre réel de réfugiés du conflit est estimé à quelques dizaines de milliers. Dans les négociations sur les accords de paix, les dirigeants palestiniens ont toujours demandé un « droit du retour » à Israël pour ces millions. Cet afflux, s’il était accepté par Israël, serait la fin d’Israël comme une état majoritairement juif.
Krahenbuhl a détaillé les différences entre l’UNRWA et l’UNHCR dans un entretien avec Foreign Policy le mois dernier. Il a notamment expliqué que l’UNHCR compte parfois aussi les enfants et petits-enfants de réfugiés comme des réfugiés. En effet, l’organisation humanitaire « repose sur la notion d’unité familiale, ce principe d’unité familiale qui consiste à garder les familles unies et ensemble, et il s’agit d’un des paramètres clefs de la gestion des crises des réfugiés ».