Israël en guerre - Jour 426

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Kushner: Washington n’acceptera pas l’annexion « pendant un certain temps »

Netanyahu "a donné l'assurance qu'il ne passerait pas à l'acte sans notre consentement", a dit le conseiller de Trump ; le monde "commence à ne plus écouter" les chefs palestiniens

Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

Le conseiller du président américain Donald Trump à la Maison Blanche, Jared Kushner, au cours d'une conférence de presse à Washington, le 13 août 2020. (Crédit : 'AP Photo/Andrew Harnik)
Le conseiller du président américain Donald Trump à la Maison Blanche, Jared Kushner, au cours d'une conférence de presse à Washington, le 13 août 2020. (Crédit : 'AP Photo/Andrew Harnik)

WASHINGTON — Jared Kushner, responsable à la Maison Blanche, a indiqué lundi que le président américain Donald Trump ne permettrait pas à Israël de revenir sur sa promesse de mettre en suspens l’annexion de territoires de la Cisjordanie en échange de la normalisation des liens avec les Emirats arabes unis.

« Le président Trump s’est engagé à réclamer des comptes si nécessaire et Israël a accepté de ne pas prendre d’initiative sans avoir obtenu notre consentement au préalable », a déclaré Kushner lors d’un point-presse. « Nous ne prévoyons pas d’apporter notre approbation à l’annexion pendant un certain temps car aujourd’hui, nous devons tous nous concentrer sur la mise en oeuvre de cet accord de paix ».

Les leaders d’implantation et les législateurs de droite ont lourdement critiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour avoir mis de côté sa proposition d’annexion dans le cadre de l’accord avec les Emirats arabes unis.

Netanyahu a déclaré néanmoins – peu après l’annonce de l’accord historique conclu avec les EAU – qu’il n’avait pas renoncé à ses plans d’annexion pour la Cisjordanie.

« Il n’y a pas de changement à nos plans d’élargissement de la souveraineté en Judée et Samarie, en coordination avec les Etats-Unis », a dit Netanyahu dans la soirée de jeudi. « Je reste engagé à mener à bien ce projet ».

Kushner a souligné, lundi, que Netanyahu avait promis à Washington qu’il n’annexerait pas les territoires de Cisjordanie sans la permission de la Maison Blanche.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le président américain Donald Trump se serrent la main au Musée Israël à Jérusalem, le 23 mai 2017. (AP/Sebastian Scheiner)

« Il nous a donné l’assurance qu’il ne passerait pas à l’acte sans notre consentement et ça nous suffit », a déclaré Kushner. « Nous pensons que cet accord va se maintenir ».

Netanyahu a juré de manière répétée d’annexer toutes les implantations et la vallée du Jourdain dans son intégralité – des territoires alloués à Israël par l’administration Trump dans sa proposition de résolution du conflit israélo-palestinien, qui envisage également, sous conditions, un Etat palestinien dans les territoires restants avec des échanges de terre.

Trump s’est référé à la suspension de la perspective d’annexion à plusieurs reprises lors d’une conférence de presse, la semaine dernière, notamment en disant qu’il « avait été plus qu’enlevé de la table ».

Kushner a dit que les Etats-Unis voulaient que l’Etat juif se consacre à la mise en oeuvre de l’accord sur les EAU et sur la nécessité de forger d’autres pactes de normalisation dans les pays de la région.

« Nous voulons voir autant d’échanges que possible entre Israël et les Emirats arabes unis, et nous voulons vraiment qu’Israël se focalise sur la création de nouvelles relations et de nouvelles alliances », a déclaré l’ancien dirigeant immobilier, à qui Trump a donné la mission de mener à bien les efforts de paix au Moyen-Orient de son administration.

La ville d’Ariel en Cisjordanie, le 1er juillet 2020. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

« Il s’agit de terres qu’Israël, très franchement, contrôle aujourd’hui », a ajouté Kushner, en référence à la Cisjordanie. « Ce sont des Israéliens qui vivent là-bas. Ces terres ne partiront pas… Il n’y a pas d’urgence à y faire appliquer la loi israélienne. Et nous sommes certains que les Israéliens respecteront l’accord. »

L’accord historique conclu entre l’Etat juif et les Emirats arabes unis est le troisième accord de normalisation réalisé avec un pays arabe, après l’Egypte et la Jordanie. Trump a indiqué espérer pouvoir organiser une cérémonie de signature dans environ trois semaines.

Dans les jours qui ont suivi l’annonce de la conclusion du pacte, une annonce qui a fait l’effet l’effet d’une bombe, des rumeurs ont déjà laissé entendre que d’autres Etats arabes pourraient emboîter le pas aux Emirats.

Kushner avait déclaré quelques heures après que le pacte a été rendu public qu’il y avait « une très bonne chance » que d’autres accords puissent être annoncés au cours des 90 prochains jours. Netanyahu, pour sa part, a également prédit que le cercle de paix s’élargirait.

De hauts-responsables israéliens auraient fait savoir, jeudi, que des négociations avancées sur la normalisation des liens étaient en cours avec Bahreïn. Un haut-responsable américain a également déclaré qu’Oman était dans la course, selon un reportage qui a été diffusé par la chaîne publique Kan.

Lundi, Kushner a indiqué qu’Israël avait fait des progrès vers la normalisation des liens avec les autres pays arabes en acceptant le cadre déployé dans la proposition du mois de janvier de l’administration américaine – qui incluait l’établissement d’un Etat palestinien et des échanges de terres.

« Israël a fait une offre très généreuse pour un Etat et pour des échanges de terres et la balle est réellement dans le camp de Palestiniens aujourd’hui », a-t-il affirmé. « Nous nous réjouirons de les accueillir à la table des négociations quand ils se décideront à le faire ».

L’Autorité palestinienne a appelé les Emirats arabes unis, jeudi, à « immédiatement revenir » sur l’accord de normalisation des relations avec Israël, un pacte que l’AP a qualifié de « méprisable ».

Le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, a ordonné une réunion d’urgence en réponse à l’accord, tandis que l’AP a rappelé son ambassadeur aux Emirats arabes unis en signe de protestation.

Kushner a estimé, lundi, qu’il y avait une frustration croissante de la région face à ce qu’il a qualifié de « blocage » des autorités palestiniennes – un blocage qui entraverait l’amélioration de la situation de la population.

« Nous n’allons pas courir après les autorités palestiniennes », a-t-il déclaré. « Leur crédibilité s’effondre à un niveau qui n’a jamais atteint auparavant et même ceux qui veulent aider les Palestiniens, ces gens-là disent qu’il est impossible d’apporter une aide à des personnes qui ne veulent pas s’aider elles-mêmes ».

En des termes particulièrement durs, Kushner a dit que le monde « commençait à ne plus écouter » les responsables palestiniens, qualifiant les réponses de ces derniers de « tellement prévisibles et illogiques ».

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