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La cellule jihadiste de Verviers aurait pu fabriquer une bombe

Le procès de 7 prévenus a commencé lundi à Bruxelles ; 9 autres font défaut, se trouvant probablement en Syrie

L'avocat Sébastien Courtoy s'adresse à la presse au début du procès de la cellule jihadiste de Verviers, au tribunal correctionnel de Bruxelles, le 9 mai 2016. (Crédit : AFP PHOTO / Belga / BENOIT DOPPAGNE / Belgium OUT)
L'avocat Sébastien Courtoy s'adresse à la presse au début du procès de la cellule jihadiste de Verviers, au tribunal correctionnel de Bruxelles, le 9 mai 2016. (Crédit : AFP PHOTO / Belga / BENOIT DOPPAGNE / Belgium OUT)

La cellule jihadiste démantelée début 2015 à Verviers, dans l’est de la Belgique, qui préfigurait les commandos qui ont commis les attentats de Paris et Bruxelles, disposait du matériel nécessaire à la fabrication d’une bombe, a-t-on appris à l’ouverture de son procès à Bruxelles.

Après l’assaut contre une maison de Verviers le 15 janvier 2015, accompagné de violents échanges de tirs, les forces de l’ordre y ont découvert des armes, des munitions et des produits chimiques qui pouvaient servir à la fabrication de 4 kg de TATP, l’explosif artisanal ayant servi à Paris et Bruxelles, a expliqué M. Hendrickx, le président du tribunal correctionnel de Bruxelles.

Le magistrat a détaillé minute par minute l’intervention des policiers, la riposte immédiate à la Kalachnikov des occupants de la maison, la mort de deux d’entre eux et l’interpellation de Marouane El Bali, le seul en vie après l’assaut.

Ce dernier a comparu lundi avec six autres prévenus, dans un Palais de justice sous haute surveillance après les attaques qui ont fait 32 morts à Bruxelles le 22 mars.

Neuf des accusés font en revanche défaut, se trouvant probablement en Syrie.

Arsenal létal

L’enquête avait été lancée à la mi-novembre 2014.

L'avocat Didier De Quevy s'adresse à la presse au début du procès de la cellule jihadiste de Verviers, au tribunal correctionnel de Bruxelles, le 9 mai 2016. (Crédit : AFP PHOTO / Belga / BENOIT DOPPAGNE / Belgium OUT)
L’avocat Didier De Quevy s’adresse à la presse au début du procès de la cellule jihadiste de Verviers, au tribunal correctionnel de Bruxelles, le 9 mai 2016. (Crédit : AFP PHOTO / Belga / BENOIT DOPPAGNE / Belgium OUT)

Les services belges s’inquiétaient du retour de Syrie d’un individu en contact avec les milieux islamistes radicalisés. Les enquêteurs découvrent alors des conversations « inquiétantes », un réseau d’hommes d’une extrême prudence.

« J’ai tout », explique l’un d’eux. « Tout est caché dans un entrepôt », ajoute un autre.

De quoi convaincre les enquêteurs qu’ils préparaient une attaque « imminente » contre les forces de l’ordre.

La police belge, qui avait reçu pour cette opération à risque le soutien du GIGN français, abattra Soufiane Amghar et Khalid Ben Larbi les armes à la main.

Cinq litres d’eau de javel, quinze litres d’acétone et douze litres de peroxyde d’hydrogène, qui permettent de fabriquer du TATP, l’explosif préféré de l’EI, mais aussi une guirlande électrique pouvant être transformée en détonateur, ont été retrouvés dans l’appartement.

Trois fusils d’assaut AK-47, quatre armes de poing, deux à trois cents cartouches et de quoi fabriquer des uniformes de police seront également saisis.

Abaaoud, chef de la cellule

Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats terroristes du 13 novembre à Paris, tenant un drapeau de l'Etat islamique dans cette image non datée d'un magazine publié par le groupe terroriste (Crédit : Capture d'écran)
Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats terroristes du 13 novembre à Paris, tenant un drapeau de l’Etat islamique dans cette image non datée d’un magazine publié par le groupe terroriste (Crédit : Capture d’écran)

Le grand absent de ce procès est Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d’avoir joué un rôle central 10 mois plus tard dans les attentats de Paris (130 morts) et qui a été tué peu après lors d’un assaut policier à Saint-Denis (banlieue parisienne). L’enquête a révélé qu’il dirigeait les hommes de la cellule de Verviers depuis la Turquie puis la Grèce.

En son absence, le principal protagoniste du procès doit être Marouane El Bali, 26 ans, le seul ayant survécu à l’assaut, survenu une semaine après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher à Paris.

Son avocat, Sébastien Courtoy, s’est employé à minimiser son rôle, expliquant aux journalistes qu’El Bali « n’est arrivé dans le groupe que la veille de l’assaut ».

A ses côtés figurent Omar Damache, interpellé à Athènes à l’adresse où les policiers pensaient avoir localisé Abaaoud, Mohamed Arshad (qui avait convoyé depuis la France et l’Allemagne les deux jihadistes tués à Verviers), ainsi que les frères Souhaib et Ismaël El Abdi, interpellés le 16 février 2015 à la frontière franco-italienne.

Souhaib El Abdi a été le premier à être interrogé lundi. « Il conteste [être un dirigeant de la cellule], il a juste été sollicité par une personne pour rédiger des faux documents, ignorant qu’ils allaient servir à une cellule terroriste », a expliqué aux journalistes Xavier Carrette, son avocat.

Sous le feu des questions, le jeune homme a nié s’être radicalisé. « Malheureusement, je suis de Molenbeek », a-t-il dit pour expliquer ses liens avec d’autres prévenus, évoquant la commune bruxelloise d’où sont aussi originaires Abaaoud et les frères Abdeslam, trio au cœur des commandos des attentats de novembre à Paris.

Mais Souhaib El Abdi a peiné à justifier deux voyages en Turquie, disant notamment ne plus se souvenir du nom des hôtels où il affirme avoir séjourné. De même, il n’a pas réussi à expliquer pourquoi il avait à l’époque parcouru 6 000 km en un mois dans une voiture de location.

M. Hendrickx n’a pas précisé les intentions présumées des jihadistes. Selon le patron du GIGN, Hubert Bonneau, « leur idée était d’enlever une haute autorité belge et de la décapiter pour mettre les images sur les réseaux » sociaux.

Le procès doit durer trois semaines.

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