La députée Meretz dit avoir « perdu confiance » dans les chefs de la coalition
Ghaida Rinawie Zoabi a indiqué qu'elle ne se soumettra pas aux pressions réclamant sa démission ; la coalition devra également faire face à des menaces de la part de la droite

La députée Meretz rebelle Ghaida Rinawie Zoabi a déclaré samedi qu’elle avait complètement « perdu confiance » dans les dirigeants de la coalition et qu’elle n’avait aucunement l’intention de sauver le gouvernement en difficulté.
Devant les caméras de la Douzième chaîne, Rinawie Zoabi a déclaré qu’elle résistait aux pressions appelant à sa démission de la Knesset après qu’elle et un autre législateur de la coalition ont voté en soutenant le rejet d’un projet de loi pourtant déterminant pour l’alliance au pouvoir, déstabilisant davantage un gouvernement déjà chancelant.
Rinawie Zoabi et Mazen Ghanaim, qui est l’un des parlementaires du parti Raam, subissent des pressions les sommant de démissionner après un vote contre une mesure visant à renouveler l’application de la loi israélienne aux résidents d’implantation de Cisjordanie – ils se sont alignés, au cours de ce vote, aux côtés de l’opposition. Les trois autres membres de la Knesset du parti islamiste Raam se sont abstenus, tout comme la députée rebelle Yamina Idit Silman du parti du Premier ministre Naftali Bennett, et le projet de loi n’a finalement pas été adopté lors de ce scrutin de lundi, avec un bilan final de 58 voix « contre » et de 52 voix « pour ».
Rinawie Zoabi a déclaré qu’elle ne saurait être tenue pour responsable de la chute imminente de la coalition, attribuant la crise qui traverse l’alliance au pouvoir aux législateurs de droite.
« Les politiciens juifs de la coalition veulent juste nous utiliser comme des outils, nous, les députés arabes ; ce sont Silman et Shaked qui démantèlent la coalition », a-t-elle affirmé.
Rinawie Zoabi avait annoncé qu’elle quittait la coalition le mois dernier avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard – mais depuis lors, elle continue à défier la ligne du parti.
Elle a déclaré que sa seule demande à Yair Lapid avait été de ne pas avoir à voter sur des lois difficiles pour les Palestiniens – et pour sa conscience. « Je suis revenue dans la coalition alors que j’étais dans une position difficile par rapport à la communauté arabe – ils ne voulaient pas que je revienne. »
Zoabi a affirmé que les ministres avaient brisé le statu quo au sein de la coalition lorsqu’ils ont appuyé certains projets de loi de droite, pointant du doigt la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked et le député Yamina Nir Orbach. Elle a affirmé que Saar avait mis en garde les législateurs de gauche de la coalition contre un éventuel vote défavorable au projet de loi dit de Cisjordanie, les menaçant « de conséquences ».
« Je me trouve dans une situation où je n’ai pas confiance en certains des chefs de parti au sein de la coalition », a-t-elle déclaré. « J’ai essayé à plusieurs reprises d’aller dans leur sens mais je n’ai rien obtenu en retour. »

Selon la Douzième chaîne, elle aurait dit à ses collaborateurs qu’elle ne démissionnerait pas et qu’elle « sanctionnerait le gouvernement ». Elle a démenti cette affirmation.
Mais elle a déclaré qu’elle voterait contre la loi une seconde fois même si cela impliquait la chute du gouvernement et l’échec du Meretz à franchir le seuil de représentation électorale à la Knesset lors d’un prochain scrutin, comme le prévoient les sondages.
Toutefois, la chaîne Kan a déclaré qu’elle avait en fait dressé une liste de demandes que la coalition devra satisfaire pour obtenir sa démission.
Parmi les demandes qu’elle aurait formulées figurent un plan gouvernemental axé sur le développement de Nazareth, le transfert des fonds promis pour la construction d’un hôpital public dans la ville, des responsabilités accrues pour les autorités municipales arabes locales et une augmentation de la représentation arabe dans le secteur public.
Samedi soir, plusieurs partisans du Meretz ont manifesté devant son domicile dans la ville de Nof Hagalil, dans le nord du pays, l’appelant à quitter la Knesset.
Dans une déclaration, les manifestants ont déclaré que la conduite de Rinawie Zoabi avait les moyens de faire tomber la coalition « et de conduire à un gouvernement des ténèbres dirigé par [Itamar] Ben Gvir, [Bezalel] Smotrich et [Benjamin] Netanyahu », en référence à deux députés d’extrême droite et à l’ancien Premier ministre.
Rinawie Zoabi a fait remarquer qu’aucun des manifestants n’était Arabe, s’agissant pourtant de ses principaux électeurs.
Un membre important de la coalition a également déclaré à la Treizième chaîne que Rinawie Zoabi et Ghanaim « seraient directement responsables du gouvernement Netanyahu-Ben Gvir-Smotrich ».
Avant la manifestation, Kan a rapporté que les partis Meretz et Raam avaient dit à Bennett qu’ils avaient perdu le contrôle de Rinawie Zoabi et Ghanaim, qui ont rejeté les appels à la démission et ont promis de voter contre le projet de loi s’il était à nouveau soumis au vote.
Malgré cela, l’attention de la coalition en difficulté s’est également portée sur le député Yamina Nir Orbach, qui a menacé de quitter la coalition à moins qu’on ne lui montre qu’elle a une possibilité de survie.
Orbach devait rencontrer une nouvelle fois Bennett dimanche, le Premier ministre ayant l’intention de lui demander d’être patient et de lui accorder un peu plus de temps.

Les responsables du Likud ont déclaré à la Douzième chaîne qu’ils commençaient à s’impatienter des atermoiements d’Orbach et qu’ils souhaitaient qu’il quitte le gouvernement immédiatement.
« Orbach a coupé le contact, on dirait qu’il joue avec nous », a déclaré le responsable. « Il est en train de devenir comme Ayelet Shaked – personne n’accueillera ces deux-là au Likud. »
Le député Yamina a publiquement démenti les informations persistantes laissant entendre qu’il négocierait avec Netanyahu son potentiel ralliement au Likud pour former un gouvernement alternatif. Mais des sources proches de Orbach ont déclaré aux médias israéliens qu’il étudiait cette possibilité.
Le député de droite est considéré comme un potentiel rebelle depuis quelques mois, et plus exactement depuis la défection de Silman ; il a lancé plusieurs ultimatums pour conserver son soutien au gouvernement.
Vendredi, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a averti les différents rebelles de la coalition que « ceux qui mettent en danger ce gouvernement depuis l’intérieur doivent savoir qu’ils en paieront le prix ».
Après avoir perdu sa majorité à la Knesset en avril suite à la démission de Silman, le gouvernement n’a cessé de passer d’une crise à l’autre.
Samedi, Lapid s’en est pris avec vivacité à Netanyahu dans un post Facebook après que ce dernier a partagé un article affirmant que dans le cadre de ses efforts pour faire revenir Rinawie Zoabi au bercail, Lapid avait accepté de repeupler deux villages arabes détruits en 1948.
Démentant les mises en cause du leader de l’opposition en évoquant des « mensonges éhontés », Lapid a ajouté « qu’il faut se pincer pour croire que cet homme a été un jour Premier ministre ».