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La famille Badinter ne souhaite pas la présence du RN et de LFI à l’hommage national

Marine Le Pen s'est résignée à ne pas participer à l'hommage national qui sera rendu mercredi midi place Vendôme à Paris ; La France insoumise sera représentée par deux députés

Robert Badinter à une cérémonie de la Cour de Cassation, en janvier 2018. (Crédit : Francois Mori/AP/Pool)
Robert Badinter à une cérémonie de la Cour de Cassation, en janvier 2018. (Crédit : Francois Mori/AP/Pool)

La famille de Robert Badinter ne souhaite pas la présence du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI) à l’hommage national rendu mercredi à l’ex-ministre de la Justice, une demande que respectera le parti d’extrême-droite mais pas celui de la gauche radicale.

L’Elysée a fait connaître aux intéressés ce souhait exprimé par la philosophe Elisabeth Badinter, la veuve du père de l’abolition de la peine de mort, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.

Tout en soulignant que l’on peut saluer la mémoire d’un « adversaire politique » par « courtoisie républicaine », Marine Le Pen s’est résignée à ne pas participer à l’hommage national qui doit être rendu mercredi à midi place Vendôme à Paris, devant le ministère de la Justice.

« On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaité. Je ne vais pas polémiquer », a expliqué mardi la leader d’extrême-droite, juste après une minute de silence observée par tous les députés à l’Assemblée nationale. Les deux vice-présidents RN de l’Assemblée, Hélène Laporte et Sébastien Chenu, vont suivre la même ligne.

Les responsables parlementaires, quel que soit leur parti, sont invités aux hommages nationaux conformément au protocole.

À ce titre, LFI a de son côté annoncé qu’elle comptait bien y envoyer ses députés Caroline Fiat, vice-présidente de l’Assemblée nationale, et Éric Coquerel, président de la commission des Finances. « Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés », a indiqué le groupe parlementaire des Insoumis.

« Un hommage national dont sont exclus une partie des Français n’est plus un hommage national. La République est une et indivisible », avait écrit un peu plus tôt sur X Jean-Luc Mélenchon, qui a siégé aux côtés de Robert Badinter au Sénat dans les années 1990 et 2000.

N’étant ni parlementaire ni officiellement chef de parti, Mélenchon n’est pas invité à l’hommage de mercredi.

« Il n’avait pas prévu d’y aller, ça ne change rien pour lui », a précisé son entourage à l’AFP.

Depuis la mort de Robert Badinter, les Insoumis ont multiplié les hommages à l’ex-garde des Sceaux.

Illustration : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. (Crédit : Capture d’écran)

Le député Alexis Corbière, qui fut longtemps un proche de Mélenchon, notamment au Parti socialiste (PS), a regretté la décision d’Elisabeth Badinter de ne pas convier LFI à l’hommage à son mari.

« Mettre l’extrême-droite et LFI sur un même plan n’est pas conforme au principal des grands combats de Robert Badinter. En 1981, Le Pen était pour la peine de mort alors que les Insoumis sont les héritiers du long combat abolitionniste », a-t-il écrit sur X.

Les responsables parlementaires, quel que soit leur parti, sont invités aux hommages nationaux conformément au protocole. Celui pour Robert Badinter aura lieu mercredi à 11h30, place Vendôme à Paris, devant le ministère de la Justice.

La semaine dernière, Fiat et Coquerel étaient déjà de la délégation LFI qui s’est rendue à l’hommage aux victimes françaises des attaques perpétrées par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, malgré les demandes de plusieurs familles de victimes que la présence de LFI soit « interdite ».

Fiat et Coquerel étaient à cette occasion accompagnés de Manuel Bompard (député et coordinateur national du parti) et Mathilde Panot (cheffe des députés LFI), dont la présence n’a pas été annoncée à l’hommage à Robert Badinter.

Ce week-end, les responsables insoumis avaient multiplié les éloges à l’endroit du défunt avocat, Mélenchon publiant encore lundi une tribune dans L’Obs pour saluer une figure qui « s’en tenait en permanence à l’altitude de l’idéal ». Mardi, il a regretté un hommage national « dont sont exclus une partie des Français ».

À l’inverse, l’extrême-droite s’en était tenue au service minimum dans ses hommages à la mémoire de Robert Badinter, figure longtemps honnie pour avoir aboli la peine de mort et symbolisé le combat humaniste à travers ses infatigables luttes pour la réinsertion des prisonniers.

Marine Le Pen s’était fendue d’un message de condoléances tout en retenue, vendredi, rappelant « qu’on pouvait ne pas partager tous les combats » de l’ancien garde des Sceaux.

« Islamo-gauchisme » 

Une sobriété contrastant avec l’acuité, voire la violence, des combats politiques, voire personnels, entre l’ex-ministre de François Mitterrand et l’extrême-droite pendant des dizaines d’années.

« Badinter assassin, Badinter démission, Badinter en prison », hurlait encore Jean-Marie Le Pen en 1985 lors d’une manifestation organisée par le Front national à Paris.

En 2017, lorsque Marine Le Pen avait pour la première fois accédé au second tour de la présidentielle, Robert Badinter lui avait reproché de « tourner le dos à l’avenir ».

Elisabeth Badinter lors de l’événement « Toujours Charlie ! », aux Folies Bergères, à Paris, le 6 janvier 2018. (Crédit : Capture d’écran Facebook)

Elisabeth Badinter avait elle lancé « un appel à faire barrage à l’extrême-droite » cinq ans plus tard, lors de la réédition du ballotage entre la candidate d’extrême-droite et Emmanuel Macron.

Mais la colère de l’ex-président du Conseil constitutionnel s’était également portée contre Mélenchon, qui n’avait pas clairement appelé à voter contre la fille de Jean-Marie Le Pen en 2017.

« S’abstenir aujourd’hui, c’est favoriser l’élection de Mme Le Pen. Si c’est un choix tactique, c’est une erreur politique. Si c’est l’expression d’une conviction, c’est plus grave encore », avait-il fustigé.

La méfiance a constamment crû ces dernières années, singulièrement chez Elisabeth Badinter, à mesure que les Insoumis ont été accusés de s’éloigner de la doxa de la gauche universaliste dont elle se réclame.

En octobre, la philosophe co-signait une tribune appelant à « ne pas laisser s’installer dans notre pays un islamo-gauchisme conquérant qui pave la voie à un islamismo-fascisme qui assume l’action violente et le terrorisme ».

Elle pointait ensuite mi-novembre, dans un entretien à L’Express, la responsabilité « énorme » de LFI dans la montée de l’antisémitisme en France, à travers une « façon de considérer les Français arabo-musulmans comme les victimes par avance de notre société », une stratégie « honteuse ».

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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