Israël en guerre - Jour 468

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Analyse

La guerre « cérébrale » entre Israël et le Hamas, et ses risques

Israël a procédé de manière réfléchie dans ce conflit. Mais le Hamas, heureux de ses sanglantes réalisations, ne souhaite pas forcément s’arrêter en chemin

Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Un tank israélien dans le sud d'Israël - 18 juillet 2014 (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)
Un tank israélien dans le sud d'Israël - 18 juillet 2014 (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

L’armée israélienne mène une guerre au service d’un cessez-le-feu. Celle-ci est, à l’image de ses dirigeants, très cérébrale. Mais les objectifs de la guerre vont-ils être
atteints ?

La raison, au début, était la suivante : si les frappes aériennes ne suffisent pas, comme la dernière fois, Israël devra faire face à la menace de tunnels et donc déterrer les canaux stratégiques creusés par le Hamas. Comme l’organisation voit son travail démoli, comme les stocks de roquettes s’épuisent, et alors que les troupes se rapprochent du cœur de Gaza, le Hamas va attendre jusqu’à ce que les conditions de faire de bonnes « relations publiques » soient mûres et va, comme à son habitude « célébrer sa victoire ».

Il nous faut comprendre les risques de chaque nouvelle escalade, et cependant, l’armée israélienne et le gouvernement ont construit une porte de sortie à chaque étape de l’opération.

Première étape : la campagne aérienne. L’idée était la suivante : le bombardement sera terrible. Il peut ne pas permettre de tuer beaucoup de chefs, et certainement pas les principaux, et il ne pourra pas faire face à la menace des tunnels. Mais il réduira les stocks de roquettes du Hamas et, quand cette période terrible prendra fin, elle laissera une marque sur le paysage et sur la psyché des gens qui ne seront plus prêts à permettre de nouveau à leurs dirigeants de mener un tel combat.

L’armée pense à la doctrine Dahiyah (quartier chiite de Beyrouth) en raison de la proximité du Hezbollah à Beyrouth qui a été pilonnée [et rapidement reconstruite avec l’argent iranien] pendant [et directement après] la seconde guerre du Liban en 2006. Depuis lors et grâce à cela, le Hezbollah a été en grande partie dissuadé d’agir le long de la frontière du Liban.

Un pilote de F-16 et commandant de l’escadron qui a effectué de nombreuses sorties au-dessus de Gaza lors de ce conflit a déclaré dans un entretien téléphonique, au cours de la phase aérienne de la guerre, qu’il n’enviait pas les dirigeants du Hamas sortant de leurs bunkers et devant expliquer à leur peuple ce qui se produisait.

En novembre 2012 cela pouvait suffire. La vue de milliers de soldats amassés à la frontière, ainsi que les lourdes pertes infligées déjà, avec d’autres considérations géopolitiques régionales, avaient amené le Hamas à la table des négociations après huit jours de violence.

Cette fois, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a laissé entendre dimanche qu’Israël accepterait une proposition de cessez-le-feu égyptien, estimant sans doute que le Hamas n’utiliserait probablement pas cette porte de sortie.

Deuxième étape : les tunnels. Ces passages souterrains à travers la frontière et en Israël sont une menace stratégique. Chacun porte en lui le potentiel d’une méga-attaque. Israël a passé les cinq derniers jours, depuis que la phase terrestre a commencé, à essayer d’éradiquer cette menace. Le ministre de la Défense Moshe Yaalon a déclaré dimanche que « la part du lion » des tunnels transfrontaliers serait détectée et détruite dans les deux à trois jours à venir.

C’est-à-dire, une autre porte de sortie se présente dans un avenir pas trop lointain.

Si le Hamas décide de l’utiliser, et qu’un accord est atteint – un accord qui permette de garder les terroristes, qui rende impossible de creuser des tunnels vers Israël, qui offre des carottes sous la forme d’aides civiles, qui permette un meilleur accès à l’Egypte par Rafah et l’augmentation du flux de marchandises, aux côtés d’un accord de cessez-le-feu – alors l’action sur le terrain, malgré la perte de 25 soldats israéliens (au moment où cet article est écrit), aura été un succès.

Bien sûr, il y aura des questions posées. Par exemple sur la pertinence de l’envoi de troupes dans la bataille dans un tank M-113, qui a été conçu dans les années 1960 et a déjà fait ses débuts avec l’armée israélienne pendant la guerre de Kippour. Même la page M-113 de Wikipedia nous fait savoir qu’ « aujourd’hui, ce tank est considéré comme ayant une protection insuffisante : sa coque est en aluminium… »

Quand la poussière sera retombée sur Chajaya [quartier de Gaza City en grande partie détruit], Israël devra également s’assurer que le nombre de victimes civiles est en ligne avec ses valeurs, d’une part, et que l’approche dans le bastion du Hamas n’a pas été trop télégraphiée, trop évidente pour leurs agents lourdement armés.

Mais que faire si le Hamas est heureux de ses réalisations sanglantes, et qu’il n’y a pas de porte de sortie ? Que faire s’il estime qu’Israël n’a finalement pas l’intention de renverser son régime et que, comme l’écrivent Udi Dekel et Shlomo Brom [deux dirigeants de l’Institut pour les Etudes de Sécurité Nationale], « le seul avantage que le Hamas a sur Israël, c’est la patience et l’endurance » ?

Dans ce cas, ce qui semble encore peu probable, Israël avancera plus profondément dans la bande de Gaza, un peu plus fatigué, et devra mettre de côté l’approche cérébrale.

Comme l’a dit l’ancien conseiller général et de la sécurité nationale Uzi Dayan au début de ce conflit, lorsque l’on préconise de placer deux divisions dans la bande de Gaza au départ, « je ne dicte pas qui remplacera le Hamas et je m’en fiche. Cela n’a pas une importance stratégique ». Au lieu de cela, confie-t-il à un groupe de journalistes dans une chambre forte à Sderot, « ce qui est important, c’est que le Hamas sache que celui qui veut provoquer Israël en paiera le prix fort ».

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