Israël en guerre - Jour 465

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Analyse

La guerre Israël-Hamas accentue la fragmentation du monde

Par ailleurs le conflit en Ukraine "montre l'étendue de cette fracture dans la majorité des pays du sud et particulièrement en Afrique et dans le monde arabe et musulman", note un chercheur

Un homme brandit un drapeau palestinien lors d'une manifestation à Sao Paulo, au Brésil, le 10 octobre 2023. (Crédit : Miguel SCHINCARIOL / AFP)
Un homme brandit un drapeau palestinien lors d'une manifestation à Sao Paulo, au Brésil, le 10 octobre 2023. (Crédit : Miguel SCHINCARIOL / AFP)

La guerre en Israël et les réactions qu’elle suscite révèle un monde toujours plus fragmenté où la voix des pays occidentaux devient minoritaire, une tendance qui s’accentue depuis le conflit en Ukraine.

Dès samedi, les pays occidentaux ont condamné avec la plus grande fermeté les attaques sanglantes du Hamas contre Israël et sa population, rappelant que « rien ne justifiait le terrorisme ».

Si des pays non occidentaux comme l’Argentine ou l’Inde sont solidaires d’Israël, de nombreux autres se sont contentés d’appeler à la désescalade à l’instar de l’Arabie saoudite, la Chine, l’Egypte, le Maroc, la Russie ou la Turquie.

L’Algérie, l’Iran, le Soudan ou la Tunisie ont, eux, ouvertement exprimé leur soutien au Hamas, groupe terroriste palestinien qui contrôle la bande de Gaza.

Et vendredi, les rues arabes donnaient de la voix en soutien aux Palestiniens, avec des manifestations de milliers de personnes au Moyen-Orient, notamment en Jordanie et au Bahreïn.

Plus d’un an et demi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une partie des pays du sud refuse toujours de suivre l’injonction occidentale de soutenir l’Ukraine.

« Les deux séquences se croisent dans les récits des États du Sud », note Hosni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée, basé à Genève. La guerre en Israël « accentue davantage une fracture déjà visible en Ukraine ».

Ce conflit « montre l’étendue de cette fracture dans la majorité des pays du sud et particulièrement en Afrique et dans le monde arabe et musulman », souligne-t-il.

Dans ce monde fragmenté, tous les yeux sont désormais tournés vers le sort de la population palestinienne.

La question est délicate en particulier pour les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël alors que leur opinion a toujours exprimé un soutien indéfectible aux Palestiniens.

Aujourd’hui, les pays arabes « ont peur de la réaction de leur propre population », estime François Heisbourg, de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), à Londres.

Pour Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po Paris, la mobilisation de l’opinion est probablement « l’inconnue majeure ».

Des manifestants tunisiens brandissent des drapeaux palestiniens et tunisiens lors d’une manifestation anti-Israël, à Tunis, le 12 octobre 2023. (Crédit : FETHI BELAID / AFP)

« Certains gouvernements arabes estiment que le soutien à la Palestine a un coût trop élevé mais leur opinion est attachée et s’identifie même à la cause palestinienne », dit-il. « C’est un moyen pour la population d’exprimer ses propres frustrations dans des régimes autoritaires, corrompus, qui fonctionnement mal », poursuit-il, rappelant l’omniprésence des drapeaux palestiniens pendant le printemps arabe, les défilés algériens ou pendant la Coupe du monde de football.

Selon lui, pour des pays comme le Maroc, la Jordanie ou l’Egypte, la mobilisation de l’opinion est même « une épée de Damoclès ».

« La Palestine a aussi été très longtemps l’emblème des pays non alignés », rappelle le professeur.

Or, note-t-il, « on passe du non alignement des pays du Sud à un moment où le Sud global cherche à jouer un rôle d’équilibre dans les relations internationales » et avec « un centre de gravité de ceux qui cherchent à réintroduire la Palestine dans le jeu de la négociation ».

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui préside le Conseil de sécurité de l’ONU a, dès mercredi, lancé un appel à protéger les « enfants palestiniens et israéliens » pris au piège de la guerre.

Outre la cause palestinienne, la cartographie des réactions à la guerre en Israël est aussi « amenée à évoluer à mesure que l’on découvre l’ampleur du bilan humain et avec la crise des otages », souligne François Heisbourg. Aussi parce que la réplique d’Israël à Gaza « va se traduire par une très grande violence » et une « géopolitique du dilemme » entre le démantèlement du Hamas et la gestion des otages.

Contrairement à la guerre en Ukraine, beaucoup de ressortissants étrangers sont en effet parmi les victimes du conflit. Avec quelque 150 hommes, femmes et enfants détenus aux mains du Hamas de plusieurs nationalités. En tout, 36 nationalités ont été touchées.

Les événements en cours dans le monde se déroulent « sous l’œil et le regard du monde qui ne voit pas les choses comme nous », Occidentaux, a souligné jeudi l’ancien ministre des Affaires étrangères français Dominique de Villepin sur France Inter, appelant notamment à « bien prendre en compte » ces réactions. La réaction

Hosni Abidi rappelle, lui, qu’un certain nombre de pays ont justifié leur neutralité en Ukraine par le deux poids deux mesures : condamner l’invasion mais « s’abstenir de le faire face à la colonisation dans les Territoires palestiniens ». « Ce fossé est grave. Il est en train de décrédibiliser le récit des démocraties occidentales », met-il en garde.

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